Attention: le billet ci-dessous concerne un système de pouvoir, un mode de gouvernement fruit d’une évolution de plusieurs décennies, et non un personnage en particulier.
Il est des circonstances exceptionnelles, dans l’histoire, où l’intuition d’un homme ou d’une femme bouleverse le cours du destin. Elles sont connues: la rencontre de Jeanne et du Dauphin, le 18 Brumaire qui met un terme au chaos révolutionnaire, ou l’Appel du 18 juin. Les héros n’ont d’ailleurs aucun intérêt à s’éterniser – ou s’institutionaliser – car la durée leur est généralement défavorable et ternit la mémoire de leur exploit.
Pour le reste, le bien d’une communauté nationale est toujours, toujours le fruit d’un dialogue entre plusieurs visions ou sagesses. Les grands Capétiens qui ont fait la France ne décidaient rien seuls. Les choix décisifs pour le pays s’effectuaient à l’issue d’interminables débats au Conseil du roi, entouré des plus grands esprits d’une époque. Toute bonne décision est le fruit d’une délibération prenant en compte un cadre historique, institutionnel, les mentalités dominantes, le respect des principes collectifs et des traditions nationales ou diplomatiques, la volonté de préserver l’unité.
La République parlementaire avait de gigantesques défauts, notamment l’instabilité gouvernementale: encore que celle-ci était largement de surface et couvrait la permanence d’hommes d’Etat qui revenaient d’un ministère à l’autre. Avec ses faiblesses, elle se prêtait – mieux qu’aujourd’hui – à l’impératif de dialogue et de concertation d’où sont sorties de grandes politiques, par exemple le développement des libertés sous la IIIe République ou les conditions des Trente glorieuses sous la IVe.
La France, au fil des décennies depuis l’instauration de la Ve République, a fait naufrage dans l’autocratie. Le processus est de long terme: l’actuel occupant de l’Elysée n’en est pas l’inventeur, même s’il en est le produit et désormais l’incarnation paroxystique. Cela signifie qu’elle remet son destin, non pas à la délibération d’une équipe consciente des nécessités de l’intérêt général, mais aux seuls soubresauts psychologiques d’un individu. Publicités
La faute suprême est de penser que le parcours politique de ce dernier qui l’a porté à la fonction suprême est la garantie d’une intelligence supérieure qui lui servira de boussole pour guider le pays. Non, l’intelligence, celle qui permet de percevoir les enjeux historiques d’une époque et les décisions optimales qui s’en dégagent, n’a strictement aucun rapport. Sa réussite elle est plutôt le fruit d’une exceptionnelle mégalomanie et de la désinhibition, c’est-à-dire l’ambition maladive de s’asseoir sur le trône et l’absence de surmoi (ou de conscience) qui libère de tout scrupule à tuer le père, à trahir ses amis et à ériger le mensonge, les manipulations et l’hypocrisie en système de pouvoir.
L’autocratie à la française est un mode de pouvoir qui substitue, comme critère essentiel des choix à accomplir, la vanité d’un individu au sens de l’intérêt général. Elle débouche sur des politiques qui exaltent l’apparence, la surface des choses, la mise en valeur de l’image du chef, au détriment de l’avenir collectif: d’où l’augmentation vertigineuse de la dette publique, l’effondrement scolaire ou industriel du pays, l’indifférence aux phénomènes de désintégration qui se manifestent par l’explosion des violences. L’autocrate ne s’intéresse pas (ou peu) au long terme, mais au coup d’éclat qui fait parler de lui, le montre en provocateur audacieux, le met en valeur, sublime sa personne, quel qu’en soit l’incohérence ou les effets délétères. Son objectif essentiel est la « trace » qu’il laissera.
Ce mode d’exercice du pouvoir – l’autocratie – s’appuie sur le culte de la personnalité, l’exaltation médiatique et obsessionnelle d’un visage. Il favorise la courtisanerie, l’obséquiosité d’un cercle d’hommes et de femmes prêts à se prosterner pour bénéficier de la lumière qui en émane. Elle se fonde sur une logique de servitude volontaire, consiste à attiser, manipuler les émotions collectives, notamment la peur, pour les convertir en allégeance au sauveur ou protecteur national. Le mythe du sauveur – comme celui du « bouc émissaire »- est de toutes les formes de propagande, la plus fertile.
La question centrale n’est pas la Constitution de 1958. Son application à la lettre (article 5, 20, 21), ne conduit pas forcément à l’autocratie. Elle tient plutôt à l’état de la société, son narcissisme croissant (« l’ère du vide » de Lipovetski 1983), sa dépolitisation et sa surmédiatisation, son déclin intellectuel qui la pousse à l’exaltation obtuse plutôt qu’à l’esprit critique, à un certaine certaine tradition française sensible au plumage du paon … Toujours est-il que de décennie en décennie, la sublimation d’un individu l’emporte sur les choix d’intérêt général et de long terme. Publicités
Il ne fait (à mes yeux) aucun doute que ce mode de gouvernement fondé sur la vanité au détriment du bien commun contribue fortement au déclin de la France sur le long terme: désindustrialisation accélérée, effondrement scolaire, désœuvrement généralisé, ou chômage de masse, fragmentation de la société et violence, appauvrissement, explosion de la dette collective, désorganisation et déclin des grands services publics.
Comment en sort-on? La meilleure solution est d’en sortir par la voie démocratique. Dans trois semaines, les Français ont une occasion inespérée de lancer un message puissant contre la dérive autocratique de leur système politique en refusant d’élire « une majorité présidentielle absolue ». En soi, cela ne réglera pas tous les problèmes évidemment. Mais le refus d’une majorité absolue marquerait un coup d’arrêt et le début d’une prise de conscience. Aucun risque d’aggraver l’impuissance publique: elle est déjà totale, masquée par une débauche d’exubérance narcissique.
Cependant, rien ne permet de parier que cette prise de conscience est en voie de se produire. Il peut tout autant ne rien se passer du tout pendant de longues années, la poursuite d’un grand naufrage dans un monde d’exaltation vaniteuse, de mensonges et de courtisanerie, tandis que le déclin se poursuit inexorablement. Mais en l’absence de solution démocratique, un soulèvement populaire est tôt ou tard à redouter: il suffit parfois de peu de chose, une étincelle dans le baril de poudre.
Maxime Tandonnet
Je ne partage pas du tout cette analyse. Le système actuel n’est pas « autocratique », c’est même tout le contraire puisqu’il y a très peu de verticalité et qu’il n’y a plus de figure d’autorité et de valeurs partagées. C’est un système « gestionnaire » qui essaie de satisfaire toutes les demandes, les plus variées et les plus contradictoires, et du coup accentue la frustration.
Il faut faire la part de ce qui provient d’une dérive générale du monde « moderne » liée en grande part aux nouveaux modes de vie et de communication (égotisme, vitesse, impulsivité…) et l’impuissance ou l’incompétence de ceux qui gouvernent. Car je suis persuadée que quel que soit le gouvernement, les problèmes de fond que vous énumérez, qui sont structurels (et ne date pas d’hier), ne pourront pas se régler sans prendre le temps d’une réflexion vraiment approfondie sur les impasses de cette « modernité » au-delà de toutes les opinions ou partis politiques.
Très bonne analyse : le macronisme a d’ailleurs dès 2017 exprimé son mépris des collectivités territoriales ainsi que des intellectuels (comme Belkacem avant lui). Le macronisme est en train de créer une sorte de parti unique détenant un ministère de la vérité (service public BFM TFI LCI le monde l’obs etc visant à museler toute opposition républicaine afin de promouvoir son idéologie de déconstruction (économique, sociale, politique, culturelle etc) criminelle. Le but de Macron est fondé sur le mensonge le cynisme voire la haine : nommer ministre un individu aussi haineux et fanatique que Ndiaye serait déjà en soi une raison suffisante pour renverser ce pouvoir illégitime qui d’ailleurs n’hésite pas à exercer des pressions sur les journalistes trop critiques à son égard. Voir a ce sujet la vidéo de Tatiana Ventose. Il faut espérer des manifestations d’une importance sans précédent qui permettraient de renverser ce nid de frelons. L’option du bulletin de vote étant devenue obsolète c’est désormais le seul moyen qui nous reste.
« nommer ministre un individu aussi haineux et fanatique que Ndiaye » … 🙂
Il vaut mieux en rire car nous avons le droit à une kyrielle d’internautes qui viennent hurler leur rage contre ce brave homme qui doit s’atteler à une tâche pas simple, et s’en serve de prétexte pour appeler à « renverser ce pouvoir illégitime », qu’ils n’ont pu renverser par les urnes.
Quant à Tatiana Ventose, la référence de ces messieurs-dames, il faut savoir que c’est une jeune blogueuse issue du parti de gauche et de Nuit debout qui a retourné sa veste en appelant à voter MLP. Une adepte du grand écart, pourvu qu’on est l’ivresse des grands soirs …
Il me semble que la spécialiste du grand écart c’est vous. Tatiyana Ventose a (courageusement) appelé à voter MLP pour faire barrage à plus extrémiste et plus dangereux qu’elle. Et les faits montrent bien chaque jour un peu plus l’extrêmisme du
macronisme qui se révèle aussi dangereux et extrémiste que Mélenchon (la casse sociale en plus donc pire). Ceyx ou celles qui ont voté Macron auront des comptes à rendre au reste de la société et aux générations futures.Le fait que vous souteniez un ministre ouvertement raciste et dont les « recherches » s’apparentent au mieux à du revisionnisme historique voire pire vous discrédite d’emblée totalement.
« Un ministre ouvertement raciste et dont les « recherches » s’apparentent au mieux à du révisionnisme historique voire pire » : prouvez-le et bon courage ! 🙂
C’est plutôt vous qui vous discréditez par vos propos outranciers et finalement comique car si on vous suit bien, étant donné que le « macronisme » (sic) serait aussi extrémiste et dangereux que le « mélanchonisme », il n’y aurait que l’extrême droite qui serait modérée, douce comme un agneau et aussi innocente qu’un lapin de 3 semaines.
Vos propos prêtent franchement à rire.
Article Tribune juive https://www.tribunejuive.info/2022/02/16/louisville-un-militant-de-blm-accuse-de-tentative-de-meurtre-sur-un-candidat-juif-a-la-mairie/
Commentaire de Nirih posté le 16 février 2022 à 14 heures 39 « BLM ? Un autre nom pour des crapules et des meurtriers racistes »
Or 3 mois plus tard la même nous dit que l’indigénisme (qui est exactement la même idéologie que BLM) n’est pas un problème et que pap Ndiaye, l’un des promoteurs de BLM en France, est un brave type…
Décidément, après avoir accusé notre pauvre ministre d’être « ouvertement raciste », « révisionniste », « indigéniste », puis maintenant « promoteur de BLM en France » le voila presque indirectement accusé d’être l’auteur d’une tentative de meurtre …
Vous allez finir par le rendre de plus en plus sympathique avec vos outrances ! 🙂
Sauf que vous ne savez même pas ce qu’est l’extrême droite (ni l’extrême gauche) donc vos invectives…
Mes « invectives » ???!!!!
Je vous suggère de constituer le club de défense de la pauvre et gentille extrême-droite menacée par la trèèès méssante Nirih …
Ben oui, vous voyez, je ne confonds pas avec l’autre bord l’échiquier politique, tout aussi caricatural.
« Ceyx ou celles qui ont voté Macron auront des comptes à rendre au reste de la société et aux générations futures. »
Et compte tenu du fait qu’ils représentent 58,55 % des votants, vous comptez faire quoi et comment avec vos troupes ? Leur couper la tête, les rouler dans le goudron et les plumes, instaurer de grandes purges, les envoyer au goulag comme votre idole du moment ?
La France est pour ces gouvernants comme un grand casino où ils jouent, tentant des « coups » risqués, voire hasardeux. Si par chance ça fonctionne, ils en tireront gloire, cela flattera leur vanité, si ce n’est pas le cas, aucune importance pour eux, c’est le peuple, ces « gens qui ne sont rien », ces « sans dents », qui paiera – cher – de toutes façons.