Les apartés de Félie. Cannes à sucre ou à pêche Melba ?

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Est-ce que ça pleure un hippocampe ? Cet animal curieux dont on ne sait jamais l’exacte trajectoire. Quelle est l’avancée ? Droite ? Gauche ? Centre ou centrée, voire décentrée ou décentralisée. Le regard se pose puis s’échappe. Hypnotique pourtant ce dernier. Et hypnotisant de corps flottants floutés.

Se sent-on floué d’être dans cette interrogation qui frôle l’ignorance ou n’est-ce pas une pirouette de liberté ultime ? Avant de s’échapper et de prendre le pouvoir. J’peux pas j’ai analyse de l’hippocampe.

Et la mémoire qui déraille dans le dernier train qu’on aimerait rater mais qui n’attend que nous. Ça frappe le rappel. Ça secoue dans les tréfonds abyssaux. Ça fait rosir l’âme et les joues, mouiller les yeux, crever le mental.

C’est quoi le sexe des anges ? Ceux de la baie des anges ? Où la blondeur péroxydée de Jeanne petite sœur de Norma Jean sauve le labyrinthe des paumés accrochés aux tables de black jack qui attirent la pitié. Faites vos jeux ! Rien ne va plus.

Les souvenirs se font la malle. La parole se balbutie. Misez tout sur le rouge. Le noir vous attend dans le lit des évocations. Les pires ou les meilleurs. Vous avez le choix. Un dernier pour la soif de l’espoir perdu.

Buvez pour la dégringolade.

La dernière descente.

Plus de montée des marches sous les flashs, Cannes c’est fini. Plein feu sur Vertigo. C’est le bal des réminiscences. Des Remy ni sens communs ou interdits. Le docteur Monatte a saisi le corbeau du boulevard du crépuscule. C’est le festival des oubliés de la dernière danse. Plus de dolce vita, sous le soleil de Satan, l’hippocampe joue le monde du silence.
Les tenues de soirée sont planquées sous le comptoir de la grande bouffe.
Bouleversifiante cette aussi longue absence programmée pour être la dernière mais non la moindre.
Rideau !

Est-ce que ça pleure un hippocampe ?
Ouvrez les parapluies de la Croisette des pas perdus. Préparez vos mouchoirs.
Oui, ça pleure. Sans paroles ni musiques.
C’est la solitude de l’obsolescence annoncée, du bruit silencieux, de la fureur douce. De l’oxymore qui plonge dans un dernier tango.
Les larmes de l’hippocampe sont l’élégance des profondeurs.
La pirouette de l’agonie, la plongée sans artifices ni artificiers et encore moins artificielle.
L’ultime mise à nue de l’indécente décence.
Ça chavire le palpitant, ces pleurs-là.
Ça remue dans les entrailles.
Parce que je vous le dis en confidence, pupille dans pupille. Les hippocampes de la Baie d’Along attendent, de nage ferme près d’une semelle jetée d’un paquebot de croisière, les cendres du jardin de vos dernières délices.

Vous n’y serez point seuls. Vous savez, c’est contagieux l’oubli.

© Felicia-France Doumayrenc

Felicia-France Doumayrenc est autrice, critique littéraire, éditrice et peintre.

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