Amos Oz se défendait d’écrire des livres « sur Israël ». Sa plume hébraïque a touché l’universel, et l’écrivain né à Jérusalem en 1939 est pour cette raison traduit dans des dizaines de langues. Pourtant, il incarne bel et bien Israël, son histoire, ses tourments, ses cauchemars et ses miracles. C’est à travers l’intégrale de cette saga que l’on voyage grâce à la publication de ses œuvres complètes en collection Quarto-Gallimard.
La traversée nous emmène de son admirable autobiographie, qui est aussi la biographie de son pays, Une histoire d’amour et de ténèbres au dernier roman, Judas, réflexion sur la trahison et le salut par l’amour au cœur d’une Jérusalem hivernale. Nouvelles, conférences, articles, témoignages de ses amis écrivains et traducteurs jalonnent le chemin. Des photos nous restituent le regard, le sourire, la beauté de celui dont même ses opposants se sentirent orphelins à sa mort, le 28 décembre 2018. Car Amos Oz traversait tous les espaces et toutes les dimensions.
« Un défenseur de la paix »
Homme des mots qui ont assuré la survie du peuple juif, il fut un homme en armes pendant la guerre des Six Jours avant de co-fonder le mouvement « La paix maintenant » qui demandait deux États pour les deux peuples en conflit sur la même terre. « Mais je ne suis pas un pacifiste, je suis un défenseur de la paix, rappelait-il en 2018 dans sa dernière conférence. Si l’État d’Israël, le peuple juif, n’avait pas été armé d’un bon gourdin bien solide, aucun d’entre nous ne serait ici à l’heure qu’il est. Nous serions morts et enterrés ou aurions été expulsés par la force… »
À chaque mot, à chaque ligne, Amos Oz incarne le paradoxe juif et israélien. Patriote de toute son âme, il refuse l’enfermement et dialogue jusqu’au bout avec le philosophe palestinien Sari Nusseibeh, lui-même pourchassé par les islamistes. Athée, il explore toutes les fibres de l’exaltation religieuse et du savoir talmudique, voire du messianisme kabbalistique. Sauvé d’une enfance tragique – le suicide de sa mère – par son adolescence puis sa jeunesse au kibboutz, il se fait le chroniqueur drolatique de ces villages révolutionnaires qui reproduisaient le conformisme de n’importe quelle communauté.
En 1988, il est devenu l’écrivain le plus populaire d’Israël. En 1991, il souffle à Fima, héros de son roman La troisième sphère un diagnostic sur les ultraorthodoxes qui ont pris en otage la grande espérance des pionniers de l’aube d’Israël : « Crois-moi, il y a plus de judaïsme authentique dans le petit orteil de Brenner [Yossef Haim Brenner, écrivain pionnier assassiné en 1921 à Tel-Aviv par des émeutiers arabes] que chez ces fossiles à caftan et ces psychopathes à kippa brodée. Ils crachent tous sur le pays, les uns parce que le Messie n’est pas encore arrivé, les autres parce qu’il frappe à la porte… »
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