Daniel Sarfati. « Drive my car » au cinéma

Quand ils ont ont fini de faire l’amour, Oto lui raconte une histoire.
Une histoire étrange, où une femme s’introduit chez celui qu’elle aime, en son absence, explorant son intimité et en laissant à chaque fois une trace, un témoignage de son passage.
Lui, Yüsuke, les yeux mi-clos l’écoute, et contemple les courbes de son corps au dessus de lui.
La suite de l’histoire sera pour la fois d’après.
Il faut laisser revenir le désir pour refaire l’amour et reprendre un récit.
Mais un récit peut brusquement s’interrompre comme une vie peut cesser.

La fin de l’histoire, Yüsuke ne la connaîtra pas.
Ou plutôt il la connaîtra, plus tard, de la bouche d’un autre homme.

« Drive my car » est un film somptueux qui s’étire sur près de 3 heures, comme un road-movie, à bord d’une SAAB rouge.
L’un des derniers plans du film est cette SAAB rouge, les roues enfoncées dans la neige bleutée de l’île d’Hokkaidõ. Comme une estampe d’Hiroshige.
Un film sur le désir, la jalousie, la culpabilité et la mort qui ne cicatrise aucune plaie.
Yüsuke est metteur en scène et doit monter « Oncle Vania ». On suit les répétitions et en japonais , les répliques de Tchekov paraissent incongrues, mais après tout, pour un Russe, Tchekov doit paraître incongru en français…
Ce qui compte, c’est l’histoire, l’envie que le récit se poursuive, le désir de faire à nouveau l’amour.

© Daniel Sarfati

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