
La reporter couvrait des affrontements dans le secteur de Jénine lorsque, selon des témoins, le ministère de la santé palestinien et son employeur, elle aurait été touchée mortellement par un tir de l’armée israélienne, un autre journaliste, Ali al-Samoudi, ayant été blessé.
Avec un empressement désormais coutumier, l’AFP, sans attendre que l’enquête immédiatement diligentée aboutisse, communique à ses ouailles : Israël a tué la journaliste d’Al Jazeera.
L’empressement, voire la joie mauvaise, à désigner le coupable du drame est devenu banal : dans une unanimité stupéfiante, alors qu’ils avaient tous écrit 3 lignes sur la série d’attentats perpétrés au sein de l’Etat hébreu, ils sont tous là ce matin, empressés, et vous fournissent, quel que soit le Titre, la même soupe : celle de l’AFP, de laquelle nous savons tous les sentiments à l’endroit d’Israël. La journaliste Shireen Abu Akleh, une des personnalités les plus connues de la chaîne de télévision panarabe Al-Jazira, a été tuée, mercredi 11 mai au matin, par un tir de l’armée israélienne alors qu’elle couvrait des affrontements armés en Cisjordanie occupée, selon des témoins, des responsables palestiniens et son employeur, titrent Le Monde, Le ministère palestinien de la santé, la chaîne Al-Jazira, France Info se vêtant de l’habit déontologique et écrivant : Les circonstances de la mort de Shireen Abu Akleh restent encore à éclaircir mais la chaîne qatarie estime que c’est d’évidence un meurtre en violation des lois et des normes internationales.
Une enquête ? La chose va être ardue : Shireen Abu Akleh est déjà enterrée. Sans autopsie.
Pas d’enquête ? Les media ne semblent guère offusqués : ils suivent leur gourou. L’AFP.
A TJ, lorsqu’immédiatement nous sommes allés vers nos journalistes sur place, ils nous tous répondu : on attend l’enquête.
Sur le net, on accuse tout de go Israël d’avoir exécuté une journaliste d’une balle en plein visage.
Le collègue de Shireen, Ali Al-Samoudi, blessé lors de ces affrontements, a accusé l’armée israélienne d’avoir ouvert le feu sur les journalistes vêtus du Gilet Presse : Nous étions en chemin pour couvrir l’opération de l’armée lorsqu’ils ont ouvert le feu sur nous. (…) Une balle m’a atteint. La seconde balle a touché Shireen.
Via un communiqué, Al-Jazira, évoquant un crime odieux visant à empêcher les médias de faire leur travail, affirme que Shireen Abu Akleh a été tuée de sang-froid par les forces israéliennes et appelle la communauté internationale à tenir pour responsables les forces d’occupation israéliennes pour avoir intentionnellement ciblé et tué Shireen. La vice-ministre des Affaires étrangères du Qatar a déclaré que Shireen Abu Akleh avait été tuée par les forces israéliennes d’une balle au visage alors qu’elle portait une veste ‘presse’ et un casque : Ce terrorisme d’Etat israélien doit cesser, a tweeté Lolwah Al Khater.
Tsahal, qui évoque via un communiqué une opération destinée à appréhender des personnes soupçonnées de terrorisme, déclare : Des dizaines d’hommes armés palestiniens ont ouvert le feu et lancé des objets explosifs en direction des forces israéliennes, menaçant leur vie. Les soldats ont répliqué. Des personnes ont été atteintes. L’armée mène une enquête sur ces événements et envisage la possibilité que les journalistes aient été atteints par des hommes armés palestiniens, l’armée ne ciblant évidemment pas les journalistes.
Les responsables politiques ? Alors que Yair Lapid demande une enquête conjointe sur la triste mort de Shireen Abu Akleh et que Naftali Bennett évoque la forte probabilité, selon les informations réunies, que la journaliste ait été tuée par des tirs palestiniens et non israéliens, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a embrayé sur la responsabilité entière du gouvernement israélien, rejoignant Ghazi Hamad, cadre du Hamas, qui accuse lui aussi les forces israéliennes d’avoir intentionnellement tué la journaliste.
Le Monde n’oublie pas de faire pleurer Margot, rappelant la destruction par Israël de la tour Jalaa où étaient situés les bureaux de la chaîne qatarie dans la bande de Gaza, et les 260 palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants et des enfants, dus à la guerre de 11 jours entre le Hamas et l’Etat hébreu.
Libé ? Libé insiste sur le fait que Shireen Abu Akleh a été tuée alors qu’elle faisait son métier.
Des vidéos, dont une prise par le Ali al-Samudi, seront examinées.
Nous ne savons pas QUI a tué notre collègue. Nous sommes fortement touchés par le drame et rendrons hommage à Shireen. Nous informerons nos lecteurs au fur et à mesure mais aujourd’hui, alors que l’heure est au recueillement, nous repensons … à « l’affaire Al Dura ».
Sarah Cattan