Céline Pina. Le burkini est un outil au service d’une idéologie qui refuse l’égalité aux femmes

«Le voile comme le burqini ne sont pas des accessoires de mode mais des outils au service d’une idéologie qui refuse l’égalité aux femmes», Céline Pina. Volodymyr / stock.adobe.com

Le conseil municipal de Grenoble va délibérer le 16 mai, en vue d’autoriser le burkini dans les piscines municipales. L’essayiste dénonce une stratégie électoraliste qui favorise la propagation d’une idéologie sexiste.


La burqa de bain est le nouvel outil de conquête de l’espace public des islamistes. Rebaptisée «burkini», en référence au bikini, elle vise à imposer les standards de la pudeur islamiste au cœur des lieux de baignade et de loisirs occidentaux. Cette offensive est en train de réussir et le 16 mai, Grenoble devrait autoriser le port du burqini dans les piscines municipales.

Il faut dire que les militants d’Alliance citoyenne , qui ont mené ce combat, ont bien choisi leur cible.  Eric Piolle, le maire de Grenoble est comme beaucoup d’élus EELV un adepte de l’islamogauchisme. Pas par adhésion idéologique mais par intérêt clientéliste. En effet, sacrifier l’égalité des femmes pour des bénéfices purement électoralistes, n’est pas forcément un mauvais calcul. Les bons résultats électoraux de Jean-Luc Mélenchon, chantre du communautarisme, le prouvent. Celui-ci est arrivé en tête à Grenoble avec 38,94% des suffrages grâce à un discours reprenant la propagande des islamistes autour d’une soi-disant persécution des musulmans et une vulgate anticapitaliste révolutionnaire.

Si l’action de l’état est légitime, c’est que celle-ci est fondée sur des principes et des idéaux, un contrat spirituel qui lie les citoyens entre eux, limite le pouvoir et fonde son action.Céline Pina

Le maire de Grenoble reprend donc à son compte l’argumentaire et les ficelles rhétoriques des frères musulmans: parler de liberté pour imposer le sexisme. C’est ainsi que les militantes associatives à l’origine de cette revendication s’étaient baptisées elles-mêmes les «Rosa Parks musulmanes» pour faire croire qu’elles menaient un combat pour l’égalité, quand leur vision de cette égalité se borne à essayer d’imposer le voile et ses avatars dans les piscines ou sur les terrains de football. Pour noyer le poisson, Éric Piolle se présente en militant libertaire, voire en chantre de la laïcité. Dans une lettre ouverte adressée au Président de la République, l’homme se vante d’être «le maire d’une des cinq communes reconnues comme Compagnon de la Libération». Du haut d’un combat qu’il n’a pas mené et dont il se réclame pour mieux le trahir, il développe dans cette missive tous les arguments des islamistes. C’est ainsi que l’homme présente l’État comme neutre. Dans l’absolu. Ce qui est faux. Si l’action de l’état est légitime, c’est que celle-ci est fondée sur des principes et des idéaux, un contrat spirituel qui lie les citoyens entre eux, limite le pouvoir et fonde son action.

Plus pernicieux, l’élu écologiste écrit « Partout où les femmes sont contraintes de se couvrir, il faut lutter ; partout où les femmes sont contraintes de se découvrir, il le faut aussi. Le patriarcat, ce n’est pas le vêtement, c’est l’injonction ». On est ici une fois de plus dans la négation du fait qu’un signe politico-religieux n’est pas un vêtement. Essayez donc de porter le voile un jour et de l’enlever un autre, de porter le burqini un jour et le bikini le lendemain et vous ferez vite la différence entre un vêtement, qui n’est porteur d’aucun message et un symbole dont la signification est univoque et qui dit l’infériorité de la femme et son impureté. Le voile comme le burqini ne sont pas des accessoires de mode mais des outils au service d’une idéologie qui refuse l’égalité aux femmes. Et cela nul ne l’ignore à gauche. Celle-ci s’est souvent fourvoyée dans l’appui aux islamistes. Partout où ceux-ci sont puissants, les droits des femmes reculent ou disparaissent, mais curieusement une certaine gauche feint de ne pas le remarquer.

Parce que cette reddition en rase campagne face à des revendications en lien avec l’activisme des Frères musulmans n’est pas d’une grande discrétion, Éric Piolle explique également qu’il sera permis de venir seins nus dans les piscines grenobloises. Sauf que le burqini n’étant pas un simple accessoire de mode mais la référence à une adhésion idéologique et à une culture religieuse très forte, on souhaite bien du plaisir à celles qui oseront tomber le haut. Cela promet quelques conflits fort instructifs. Mais surtout, aucune association ne revendique cette autorisation. Celle-ci vise simplement à faire croire qu’Éric Piolle combat tous les interdits, quand dans les faits il soigne une seule clientèle.

Céder à une idéologie qui fait du refus de l’infériorité de la femme une norme sociale et lui impose de cacher son corps sous prétexte de son impureté est une atteinte grave aux droits humains.Céline Pina

Il a trouvé cependant du répondant en la personne du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez. Celui-ci a pris une position aussi claire que courageuse et ne s’est pas seulement payé de mots. Il a annoncé que la Région couperait toute subvention à la ville de Grenoble, expliquant que «pas un centime des Auvergnats Rhônalpins ne financera votre soumission à l’islamisme». Il a argumenté en expliquant que «le burkini est un signe de soumission de la femme qui consiste à dire que la femme et un objet de tentation et qu’elle doit se couvrir. Pas les hommes. Qu’un maire de la République, en France, aille à ce point de communautarisme, de compromission avec l’islam politique est pour moi un acte très grave.» Il fait ici ce que l’on attend d’un politique qui réagisse en homme d’état. Il témoigne du souci d’incarner ce que doit être la République, autrement dit la garante des bases de notre contrat social et de ce pilier qu’est l’égalité entre êtres humains au-delà du sexe, de la race, du statut social, des croyances ou de la philosophie. Céder à une idéologie qui fait de l’infériorité de la femme une norme sociale et lui impose de cacher son corps sous prétexte de son impureté est une atteinte grave aux droits humains. Qu’un représentant du peuple ait le courage de le rappeler sans ambages, en assumant le risque politique et juridique que cela implique, est rassurant en cette période où pour un plat de lentille électoral, tant de personnalités politiques en oublient que leur premier rôle est de protéger ce qui fait de nous un peuple: cette égalité dans le regard que nous portons les uns sur les autres et notre capacité à nous accorder sur un cadre commun pour orchestrer nos conflits.

Ce cadre est tissé de ces idéaux qui font que nous ne sommes pas que des groupes d’Hommes partageant incidemment le même territoire, mais une communauté nationale qui s’est forgé une vision commune de l’homme et de la société politique qui lui permet de décider de son destin. D’avoir des hommes politiques capables de le rappeler, dans une période où le «en même temps» induit une faiblesse coupable dans la réponse à des provocations subversives au sens premier du terme, c’est-à-dire destinée à affaiblir le contrat social en renversant les valeurs de l’ordre établi, réconforte alors même qu’il est probable qu’en réalité nous soyons obligés d’avaler la couleuvre du burkini pour satisfaire les ambitions d’un roitelet. Qu’un responsable politique ait eu le courage de le rappeler et d’y répondre par un acte sera probablement notre seule consolation.

© Céline Pina

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/celine-pina-le-burkini-est-un-outil-au-service-d-une-ideologie-qui-refuse-l-egalite-aux-femmes-20220504

Ancienne élue locale, Céline Pina est essayiste et militante. Elle est la fondatrice de «Viv(r)e la République», elle a également publié Silence coupable (Kero, 2016) et Ces biens essentiels (Bouquins, 2021).

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1 Comment

  1. Le burkini sert à distinguer les bonnes musulmanes des mauvaises. Ces dernières, avec le burkuni, pourront recevoir une pression complémentaire afin de les transformer en « bonnes » musulmanes.

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