Bon
Samedi
Je ne veux pas plomber l’ambiance, mais je trouve les comptines parfois porteuses d’une inénarrable violence.
Noa adore “Les trois jeunes tambours”, qui est une longue litanie de trocs divers et variés dans un âpre marchandage qui finit par échouer.
Bon
La princesse – qui ne doute de rien – réclame la rose entr’aperçue entre les dents du jeune tambour.
Qui voit là un début d’intéressants pourparlers.
Tu veux ma rose, altesse sérénissime ?
Qu’à cela ne tienne.
Donne-moi ton cœur en échange.
Son cœur?
Ou son bien le plus précieux de jeune fille ?
On entre en tout cas dans le domaine de l’affect et de la sensualité pour une malheureuse fleur mâchouillée…
Va demander à Papa, répond-elle, sous le joug tutélaire d’un homme qui est à la fois le roi et le père, c’est-à-dire qu’il cumule tous les pouvoirs.
Oui?? Demande le souverain.
De quoi donc est-il ici question?
Le petit tambour ne se démonte pas.
Malgré l’asymétrie de l’enjeu, il y va franco.
Sire, articule -t -il avec aplomb, donnez-moi votre fille.
Voilà.
Ni “S’il vous plaîté, ni “Je vous prie”. Rien.
Juste l’impératif.
“Donnez-moi”.
Le roi passe outre à ce manquement au protocole et attaque bille en tête.
Oh!!
Tu n’es pas assez riche!!!
Et voilà la fille devenue l’objet de rudes palabres.
Pas question d’amour ou de troussage , le roi se conduit comme un vulgaire comptable.
Ha ha! Ricane le tambour.
Tu crois ça, majesté de mes deux !!
Et là, bim!
Listing non exhaustif de la fortune du manant!
Trois vaisseaux! Lance-t-il avec arrogance !
L’un chargé d’or
L’autre de pierreries
Et le troisième pour promener ma mie!!!
Ajoute-t-il avec fierté!!
Mazette, dit le roi en grattant sa barbe fleurie…
Mais qui est donc ton père ?
C’est le roi d’Angleterre
Et ma mère est la reine de Hongrie!!!!!
Ahhhh
Le plus beau pédigrée de ce qui allait devenir l’Europe avant le Brexit.
Info?
Intox?
L’histoire ne le dit pas.
Et le roi, faisant des mines et des courbettes :
Joli tambour, tu auras donc ma fille, roucoule-t-il obséquieusement…
Mais le tambour, à qui la vénalité du roi donne envie de vomir, l’envoie tondre le gazon de son château, malencontreusement délaissé par un jardinier indélicat…
Enfin il ne le dit pas aussi clairement , mais c’est ce que ça signifie puisqu’il refuse le deal.
La princesse pour du pognon!
Eh! Mon sire! Tu rigoles !
En fait on ne sait pas s’il refuse le marché pour des raisons vertueuses ou parce que toutes ses allégations ne sont rien que des bateaux …
Enfin, je veux dire du pipeau…
Dans mon pays, y’en a de plus jolies…
Et il se casse…
Et voilà ce qu’écoute avec jubilation Noa, plongée sans bouée dans les flots délétères d’un monde régi par le sexe, le fric et le mensonge…
Enfin, elle va bientôt intégrer le CP de l’école de la République qui se chargera de la faire rêver sur la pureté de l’humanité …
Du reste, ces marchandages échoués me font penser à d’autres marchandages, apparemment réussis ceux-là puisqu’un accord a été signé…
Désobéissance à l’Europe, zébrures sévères sur la laïcité, islamo-gauchisme revendiqué, antisémitisme en bandoulière, le nouveau coryphée de la gauche jubile…
En fait, de kaiser il est devenu maquereau, puisque ses nouvelles recrues sont des putes.
Régner sur un aréopage de ribaudes assoiffées d’argent et de pouvoir, même si ce sont des êtres masculins, en dit long sur le monde de la politique dont la droite et la gauche ont été sèchement pulvérisées…
Alors Mélenchon qui a trouvé grâce chez les jeunes qui se cherchaient une révolution et chez les Musulmans qui se sont trouvés un porte- parole sonore, compte avec l’extase d’une mère maquerelle triomphante les ralliements des écolos socialos qui vont se prendre une déculottée rimant élégamment avec le froc baissé de leur nouvelle tenue…
Macron rigole…
On est loin des Trois Jeunes Tambours…
Que cette journée signe le best-seller vendu en pharmacie ces derniers jours: du Vogalène, un puissant anti- nauséeux…
Dernier week-end de vacances…
Je vous embrasse
© Michèle Chabelski
Chère Madame,
Vous m’avez tour à tour fait exploser de rire et glacée d’effroi. Certes, cette comptine, dans ma lointaine jeunesse, m’a toujours laissé une impression de mauvais goût dans la bouche. Quant à votre extension au plan génial trouvé par la gauche pour sauver ses basques ( et le reste) de la noyade, j’en partage entièrement l’analyse.
Toutefois, si je me reporte au temps de mes vingt ans, avec tout l’enthousiasme qui me portait et sans l’expérience de l’évolution des individus qui nous occupent, je crois que j’y aurais cru, tout comme les jeunes y croient en ce moment.
J’espère que la prochaine comptine ne sera pas: « Il était un petit navire »…
Bien à vous