Ayant été frappée, cette semaine, par une sorte de main divine m’empêchant d’accéder à mon compte Facebook, je me suis trouvée fort désarçonnée sans que la bise fut venue apaiser mon tourment.
Avais-je été piratée ou hameçonnée ?
La différence peut sembler minime mais , néanmoins, elle est.
Un piratage peut sembler plus simple : on entre en force à l’aide de méthodes brutales pour usurper l’identité. Le hameçonnage est, quant à lui, plus pervers. Un lien est envoyé et, en le suivant, le pirate sans bandeau pénètre dans les ordinateurs, tablettes et parfois même sur l’espace bancaire.
C’est un viol. On est pillés à l’insu de notre plein gré comme disait un coureur cycliste (Virenque pour ne pas le nommer).
Alors désarçonnés, à notre tour, nous usons de tous les moyens pour récupérer nos données, les protéger et nous rassurer.
Grâce, à l’aide de tours dignes d’un mauvais prestidigitateur, nous parvenons à rentrer dans les réseaux des merveilles aux noms enchanteurs : YouTube, Tik Tok, Instagram, Twitter pour les plus connus.
Que de trésors découverts sur cette plate-forme où tout est léger, doux, policé, où le débat est ouvert, où tous se respectent .
Où l’on se confie en toute innocence comme dans l’intimité d’un boudoir. Non pas le gâteau qui est une des bases d’une génoise. Mais le lieu d’écoute où la philosophie est la bienveillance.
Philosophons, philosophons. Il n’y a que sade vrai n’est-ce pas ?
Et, comme le divin marquis, Donatien, Alphonse, François continuons allègrement à accepter vices et vertus.
Il faut, en effet, être masochiste pour s’exprimer sur les réseaux ou sans émotions ni vapeurs de jeunes filles qui ne sont plus en fleurs depuis tant de temps qu’on a oublié, ce délicieux passé où elles furent courtiser.
N’est-ce pas cela les réseaux : une cour où l’on se sent aimé plus on a de “like”, plus on se sent importants et compris, où les dramas font recette, où l’on se réjouit, en son fort intérieur, du malheur des autres.
Créateurs de contenus, un peu de tenue, diantre, vous influencez votre communauté sans égard.
Derrière l’écran, il y a des êtres humains qui ne sont pas tous aptes à recevoir des informations qui banales pour certains peuvent être toxiques pour d’autres.
Mais, si la vraie question était un problème plus profond ?
Tout le monde passe son temps, téléphone en mains comme si ce dernier était une extension de ses doigts. Cette addiction (c’en est une pour la majorité – dont je fais partie) ne nous prive-t-elle pas de toute éducation et de courtoisie ?
Quelle est l’essence de cette dépendance ? Que cache-t-elle comme secret au plus profond de nous ?
Pour que nous soyons perdus, voire paniqués, lorsque nous égarons notre portable ou victimes d’un pirate nommé Crochet ?
Serions-nous des éternels Peter Pan ?
Ces moyens de communication qui sont entrés en force dans notre intimité sont-ils le substitut du doudou de l’enfance ?
N’est-ce pas d’une réelle auto critique dont nous avons besoin ?
Ou sommes-nous devenus nos propres corsaires, prêts à tout, comme le disait Warhol “pour avoir quinze minutes de célébrité mondiale ?”
La réponse est en chacun de nous.
© Felicia-France Doumayrenc
Felicia-France Doumayrenc est autrice, critique littéraire, éditrice et peintre.
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