Donc, ce dimanche 24 avril, vingt-quatre heures après la fin de Pessah, beaucoup dont je suis ont poussé à 20h un ouf de soulagement. Mais un ouf qui, les heures passant, ne correspond à rien d’autre, en ce qui me concerne, qu’un refus poli mais ferme de voir Marine Le Pen à l’Elysée et ses matous à La Lanterne…
Certes, Emmanuel Macron a gagné et a été réélu pour un quinquennat, ce que ni Nicolas Sarkozy, ni François Hollande – qui ne s’était même pas représenté – n’avaient pu réaliser. Mais l’on serait tenté de dire que surtout il n’a pas perdu…
Oui, Emmanuel Macron remporte le scrutin avec plus de 17 points d’écart – alors que les sondages promettaient jusqu’au bout un écart beaucoup plus ténu – mais avec un RN qui franchit les 41% et surtout une somme des non-exprimés – entre abstentions, votes blancs et nuls – qui atteint des sommets !
Dans la ville où je vote par exemple, l’abstention en 2017 était de 22%… elle fût de 38% cette fois ! Et les votes blancs et nuls se sont élevés à 9%, alors qu’ils n’étaient que de 3% en 2017 – trois fois plus ! Tous ces gens n’ont pas eu peur, comme je l’ai eu – pour toutes les raisons évoquées dans de précédents articles, de voir notre démocratie française basculer dans l’inconnu.
A fortiori les 41,46% de Français qui ont voté pour Madame Le Pen au second tour, après avoir voté principalement pour elle ou pour Eric Zemmour au premier, mais aussi pour près d’un électeur sur cinq de Jean-Luc Mélenchon !
Si l’on prend en compte tous les non-votes pour lui et pour son opposante, Emmanuel Macron n’obtient que 38,52% des suffrages lors du second tour, pire score depuis Georges Pompidou en 1969 (mais dans un contexte, alors sans suspense, qui n’avait absolument rien à voir à celui d’aujourd’hui).
Comment expliquer cette situation ? Sans tenir compte vraiment du jeu de rôle habituel des opposants à EM sur les plateaux TV – d’extrême-gauche, d’extrême-droite et même de LR et du PS – il faut bien admettre que cette réélection, même avec 17 points d’écart, ne signifie pas adhésion massive et sans appel de la population.
Le constat me semble clair : une bonne partie du pays est malheureux ou en colère après le premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Surtout que l’avènement d’un président jeune et fringant en 2017, promettant de gouverner autrement après avoir « dégagé » les vieux barbons et les ronds de cuir de la politique de droite comme de gauche, semblait exaltant.
Las, on a vite compris que, jeune, Emmanuel Macron ne l’était pas vraiment dans sa tête ni dans sa manière très verticale, très jupitérienne, d’exercer le pouvoir. Ce, d’autant que la crise des gilets jaunes, pas anticipée et pas bien comprise sur le fond, suivie d’une crise sanitaire sans précédent depuis des décennies a donné à voir une politique souvent peu cohérente, parfois trop coercitive, d’autres fois trop lâche, en tous cas jamais bien expliquée ni portée par des acteurs légitimes.
Elle a multiplié les mécontentements et même – soyons clair – a accru les haines contre un président dont le comportement, maintes fois analysé, pouvait être jugé monarchique et donnant à beaucoup l’impression de se moquer au fond de l’opinion profonde du « peuple ».
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : des votes d’adhésion pour Emmanuel Macron il y en a eu hier, émanant principalement des cols blancs et des CSP+ et des gens qui n’ont pas eu, plus largement, à souffrir outre-mesure de la politique menée depuis cinq ans.
Cependant, il me semble évident que ce qui aura fait la différence ce sont les votes de peur ou de refus de l’arrivée de Marine Le Pen au pouvoir. Il n’est qu’à voir le retournement spectaculaire du vote des Français en Israël, entre le 1er et le second tour… C’est ce qui permet à Eric Zemmour d’affirmer que les Le Pen, après huit échecs successifs, sont le principal boulet du vote « nationaliste » dans ce pays – mais oubliant de dire que lui-même est rejeté dans l’hexagone, entre autres pour ce qu’il est et qu’il rêverait de ne pas être, juif.
A contrario, dans les 41,6% de votes exprimés pour Marine Le Pen il n’y a pas que des convaincus d’un grand soir « nationaliste » prônant le retour à des valeurs refoulées depuis la fin de la seconde guerre mondiale et les trente glorieuses.
Comment ne pas voir par exemple que le vote massif des Antilles (surtout la Guadeloupe) et de la Corse, avec une abstention record au passage, n’est pas celui d’une adhésion aux idées du RN, mais bien une colère massive contre EM et au-delà contre la centralisation exacerbée de la France ?
Une centralisation des décisions à Paris qui, à la faveur de la pandémie pour les Antilles – beaucoup de morts, plus de confinement, le refus de la vaccination et le licenciement des infirmiers, médecins et pompiers non-vaccinés, etc., de l’assassinat d’Yvan Colonna pour la Corse, est le pêché majeur de tous les gouvernements de Paris depuis plus de 60 ans, malgré les timides efforts de décentralisation menés, avant tout par des gouvernants de gauche, au cours des 30 dernières années.
Ce qui inquiète, à l’issue d’une élection qui n’est donc pas triomphale sans être malgré tout une élection par défaut, ce sont les fractures béantes et ouvertes qu’elle donne à voir. Le pays, déjà fracturé sous Sarkozy puis sous Hollande, est désormais poly-fracturé, entre blocs politiques inconciliables qui ont rendu obsolète la classique opposition droite/gauche, incompréhensions et rejets entre la France « d’en haut » et la France « d’en bas » – comme on dit depuis Raffarin, tandis qu’une France « moyenne » est appelée à servir de juge de paix, ce qu’elle fait de plus en plus mal, en trainant de plus en plus les pieds, chauffée à blanc et détournée des réalités par une extrême-gauche Mélenchoniste qui ne cesse de jouer avec le feu…
Ce qui m’inquiète aussi c’est l’addition des sujets qui se présentent au Président réélu, tous importants, tous majeurs même – pouvoir d’achat, insécurité, péril écologique, éducation, retraites, guerre aux portes de l’UE, … Comment les prendre en compte tous ? Comment faire en sorte de changer radicalement la manière de les aborder en créant les conditions objectives pour réduire les colères et les haines, si toutefois c’est possible ?
Vous l’avez donc compris, si vous avez eu le courage et la gentillesse de me lire jusqu’ici : hier, avant 20h, j’étais inquiet de voir Marine Le Pen l’emporter – je n’avais pas mal au ventre qu’à cause des matsots encore pas tout à fait digérées, malgré le passage au pain -, aujourd’hui je suis encore inquiet, mais pour d’autres raisons…
D’autant que la perspective d’un « troisième tour » à la faveur des législatives, avec Mélenchon qui n’a pas raccroché malgré ses promesses – comme Marine Le Pen du reste – et qui va continuer à exacerber les haines en flattant certaines communautés au détriment d’autres, me fait dire que si on a pu la semaine dernière, comme nos ancêtres, traverser la mer à pieds secs, nous ne sommes pas sortis de l’auberge… L’an prochain à Jérusalem ?
© Gérard Kleczewski
Gérard Kleczewski est Citoyen et Journaliste
M. le journaliste et citoyen, si la France en est là, et si vous avez mal à la tête après avoir eu mal au ventre, vous et tous vos clones en êtes les principaux responsables ; après avoir diabolisé et continué de la faire les gens qui défendent la nation, le bas peuple, les citoyens qui galèrent et qui soufrent, vous vous étonnez de ce résultat ; mais c’est vous le responsable. Tant que vous n’aurez pas le courage d’arracher vos vêtements désuets de mondialistes et d’européistes, vous ne pourrez vous sentir mieux.
Quant au reste, non, Zemmour ne rêve pas de ne pas être Juif ! Là aussi vous ne comprenez rien ; il a été l’un des premiers hommes politiques, si ce n’est le 1er à l’afficher, à le revendiquer même dès ces premiers meetings politiques ; mais de cela vous ne voulez l’entendre ; finalement vous faites partie de cette caste des Juifs de cour, ou de ceux qui ne rêvent que de l’être, mais n’oubliez pas que vous êtes ultra minoritaire dans notre groupe humain, et qu’il ne suffit pas de manger des matsots pendant 8 jours pour avoir la prétention de se croire juif !
A bon entendeur…..