Tribune Juive

André Markowicz. Lendemains d’élections

Chronique pendant l’Ukraine
25 avril, matin.

Quand j’ai vu, sur FB, en fin d’après-midi, que La Libre Belgique annonçait Marine Le Pen en tête en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane avec des 60 et des 70%, je me suis dit que ça allait encore plus mal que je ne croyais. Parce que, c’est clair, le fait que Macron soit réelu n’est pas, pour moi, un signe que tout va bien. Mais bon, il y a déjà quelque chose de bien, c’est qu’elle n’est pas passée.

Il y avait quelque chose comme d’inenvisageable à ce qu’elle se retrouve à l’Elysée, évidemment. Et néanmoins, quoi, elle a quand même pris quasiment 20 % d’un tour à l’autre. Et il faut bien admettre que ces 20% ne venaient pas que de Zemmour, — ni de la droite dite « classique ». Non, ils venaient, pour une part, sans doute, d’abstentionnistes (nous verrons bien les détails), mais, pour une part aussi, et pour une part importante, de gens qui avaient voté Mélenchon : c’est le cas aux Antilles et en Guyane où c’est lui, Mélenchon, qui était en tête, et c’est aussi le cas, à l’évidence, en métropole. Ça veut dire que la lente montée  de la haine se poursuit, comme une espèce de phénomène naturel d’érosion, ou le réchauffement climatique, ou je ne sais pas quoi, que c’est une montée constante —et, cette montée-là, sa seule essence, c’est la haine. La haine de quoi ? La haine de la politique — droitière— de Macron ? Si ce n’était que ça….

41% de gens qui pensent qu’il est possible de voter Le Pen en France. Marion Maréchal pourrait vraiment être élue en 2027, dans ces conditions.

L’idée que Marine Le Pen puisse diriger la France, surtout maintenant, avec la guerre en Ukraine, me remplissait de honte. Cette honte-là n’est plus d’actualité pour le moment, et, déjà de cela, je suis heureux. Poutine n’aura pas une alliée à l’Elysée. Mais qu’on y pense, encore une fois : les soutiens de Poutine, ici, en France, qui traitent le régime ukrainien de régime nazi, alors que l’extrême-droite, au Parlement ukrainien, n’occupe pas un seul siège… et nous. Et pas que nous, n’est-ce pas, rien qu’en Europe…

C’était comme danser au-dessus d’un volcan

Pour le reste, nous verrons bien. — Je ne veux pas, aujourd’hui, faire une chronique sur la politique intérieure. Mais, vous savez, je regardais sur mon ordinateur, je voyais les ministres danser (moyen bien, disons ça comme ça) sur une musique de DJ, de boîte de nuit, et je me disais que c’était un spectacle tragique, ça aussi. Pour une fois, j’ai pensé que j’étais d’accord avec un écolo quand je ne sais plus quel invité, écolo, a dit que c’était comme danser au-dessus d’un volcan. Oui. Et, très heureusement, le discours de Macron était plus grave…

Mais où étaient passés les enfants avec lesquels on l’avait vu avancer ?…. Quelle image, là encore, peu rassurante : les enfants — ce symbolisme populiste si facile — et leur disparition quand il monte, seul, sur l’estrade. Et cette marseillaise chantée par cette chanteuse magnifique, — j’apprends son nom : Farah El Dibany — mais chantée tellement bien que personne, j’ai l’impression, n’a pu la suivre.

Mais quoi, l’avenir est au futur, n’est-ce pas. Et aussi, pour beaucoup, au passé.

En Ukraine, la guerre dure depuis deux mois, jour pour jour.

© André Markowicz

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