La Page de Charles Rojzman. Pourquoi les classes populaires françaises votent Marine Le Pen et rejettent à la fois la gauche des luttes sociales et le bloc élitaire européiste représenté par Emmanuel Macron ?

Pourquoi les classes populaires françaises votent Marine Le Pen et rejettent à la fois la gauche des luttes sociales et le bloc élitaire européiste représenté par Emmanuel Macron  ?

L’exaspération gagne toute cette partie de la population française qui ne se reconnaît pas dans des dirigeants européistes soumis aux exigences de commissions qui n’ont pas reçu l’assentiment d’un peuple théoriquement souverain. Le temps semble venu pour une révolte d’ampleur contre des bureaucraties et des technocraties indifférentes au sort des plus pauvres pour qui elles ne voient comme projet qu’une assistance qui se réduit d’ailleurs en peau de chagrin et une surveillance généralisée. La gauche de Jaurès et de Léon Blum avait représenté cette révolte et porté haut le drapeau des luttes sociales.

Mais aujourd’hui que se passe-t-il?  Pourquoi la gauche continue-t-elle de s’enfoncer dans les limbes de l’oubli, rejoignant ainsi un Parti communiste exsangue et dépassé? Pourquoi la gauche se fait-elle avaler par l’islamo-gauchisme qui va chercher ses électeurs chez les musulmans et les intermittents du spectacle alors qu’en même temps la droite culturellement de gauche,  pour ne pas se faire dévorer toute crue par le rassemblement national,  se fait lentement avaler et digérer par le boa LaRem, appelé par certains le bloc élitaire de la nouvelle bourgeoisie. La France populaire se droitise? Non, elle s’extrême-droitise, au sens qu’on veut donner aujourd’hui à ce terme.

Pour quelles raisons la réalité est aujourd’hui de droite, extrêmement ? L’heure n’est plus à l’utopie d’un monde réconcilié dans lequel les pauvres cessent d’être pauvres grâce au combat pour une société égalitaire d’une élite de révolutionnaires ou de démocrates sociaux. Pourquoi? Pour quelle raison, malgré des conquêtes sociales indiscutables, l’histoire donne-t-elle plus souvent raison à des « réactionnaires conservateurs » de droite qu’à des « progressistes » de gauche ?

La gauche et ses produits idéologiques dérivés ne s’intéressent pas aux faits mais à des récits mythiques, à des fantasmagories. Du coup, cette gauche se trompe très souvent dans ses appréciations de la réalité des mouvements politiques.

La gauche est millénariste, toujours en attente d’un grand soir de l’émancipation humaine mais elle est incapable de voir l’universalité des luttes de pouvoir.  La réalité, aujourd’hui,  est au rapport de forces, au choc des empires et des civilisations, à des interventions militaires, à la prévalence de la sécurité sur la liberté. Comme l’écrivait Nietzsche Nietzsche dans Par-delà bien et mal, : «Le temps de la petite politique est terminé: le siècle prochain déjà apportera la lutte pour la domination de la terre – l’obligation d’une grande politique.»  Le danger vient aujourd’hui de puissances adverses, extérieures et intérieures,  et  l’heure est aux décisions fermes et brutales, parce que la grande masse populaire ne supporte plus sa fragilité, l’amincissement progressif de sa peau sociale. 

L’heure et venue aussi du dévoilement des mensonges et de l’abaissement des masques : la révolution bolivarienne, les palestiniens et leurs dirigeants milliardaires , les chinois communistes capitalistes, les indépendances autrefois glorieuses d’une Afrique un temps socialiste devenue quémandeuse en proie à la corruption et à la colonisation chinoise… Le monde rêvé de la gauche s’écroule partout pour laisser la place à la dureté des rapports de force. En France l’intifada des banlieues dévoile une réalité sombre, celle des trafics, des délinquances et de l’islamisation, bien loin de l’image rêvée d’une chance pour la France. Les peuples demandent du châtiment et non de la bienveillance. L’espoir ne se mesure plus à l’utopie mais au degré de protection et de sécurité. Et c’est la dure réalité qui l’exige.

© Charles Rojzman

Charles Rojzman est Essayiste et Fondateur d’une approche et d’une école de psychologie politique clinique, « la Thérapie sociale », exercée en France et dans de nombreux pays en prévention ou en réconciliation de violences individuelles et collectives.

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1 Comment

  1. Les classes populaires souffrent le plus de la politique de droite néolibérale et de l’hypercriminalite. Insécurité économique et insécurité physique. Ce sont toujours les classes populaires qui ont sauvé l’honneur de la France à chaque fois que celle-ci était trahie par les collabos au pouvoir. Histoire cyclique. (Ou en forme de spirale.)

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