Un an et demi après la signature des accords d’Abraham qui ont normalisé leurs relations, Israël et les Emirats arabes unis ont signé un accord de libre-échange. Il portera sur 95 % des produits déjà échangés entre les deux partenaires.
Un accord de libre-échange entre les Emirats arabes unis et Israël a été rendu public le 1er avril dernier. Dans les tuyaux depuis novembre dernier, accéléré en décembre avec la visite historique de Naftali Benett à Abu Dhabi, il prévoit d’abolir les droits de douane sur près de 95 % des produits échangés entre les deux nouveaux partenaires, notamment dans l’agriculture, les cosmétiques et les médicaments. D’après les chiffres officiels israéliens, les échanges se chiffraient déjà à 900 millions de dollars en 2021.
Six mois et quatre rounds de négociations ont suffi à sceller l’accord, ce qui constitue un record de rapidité : la norme pour la mise en place de ce genre de coopération se compte plutôt en années d’ordinaire. « Cela montre que nous sommes, de part et d’autre, enthousiastes à l’idée de promouvoir les relations bilatérales sur tous les fronts, en particulier sur le plan économique », d’après une source diplomatique israélienne, contactée depuis Dubaï.
Fonds d’investissement de 10 milliards
Le ministre d’Etat émirati au Commerce extérieur, Thani al-Zeyoudi, a quant à lui évoqué dans un tweet un « accord clé qui viendra consolider des relations commerciales prometteuses », tandis que l’économie mondiale lutte pour sortir de la crise du Covid. Résilience et opportunité sont les maîtres mots de ce changement de paradigme majeur, opéré il y a un an et demi par la normalisation des relations entre Israël et un groupe de pays arabes avec les Emirats en éclaireur. Les deux pays ont d’ailleurs lancé le chantier d’un fonds d’investissement conjoint qui sera doté de 10 milliards de dollars.
Reste aux deux parlements respectifs à ratifier le texte. En dépit d’une situation politique intérieure de nouveau chaotique à la Knesset depuis le 6 avril et la perte de sa majorité pour la coalition Benett. Dans les cercles proches du gouvernement, on attend de l’opposition emmenée par Benjamin Netanyahu qu’elle observe la même discipline que lors de la ratification des accords dits “d’Abraham”, lorsque celle-ci était aux manettes.
Le dossier palestinien contourné
La rencontre en Egypte de Naftali Bennett et du prince héritier d’Abu Dhabi Mohammad ben Zayed, les 21 et 22 mars, a constitué un moment clé des négociations. Elle dessine un nouvel arc régional allant au-delà des seules relations Israël-Emirats. Les pays arabes qui les dénoncent ont l’air de plus en plus isolés, Autorité palestinienne en tête.
Mais c’est précisément une critique adressée à Israël : le fait de contourner le dossier palestinien pour en ajourner le règlement, en s’adressant à la partie du monde arabe ayant en commun la lutte contre l’influence iranienne. Une accusation balayée par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes de défense à Jérusalem début avril : « On a pensé que la route pour Abu Dhabi passait par Ramallah, puis que la route pour Ramallah passait par Abu Dhabi », observe le diplomate. « Aujourd’hui nous comprenons qu’il s’agit peut-être de deux chemins différents. »
Montée en puissance de la coopération militaire entre Israël et les pays du Golfe
© Laura-Maï Gaveriaux (Correspondante à Dubaï)
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