Qu’est-ce que nous avons fait pour en arriver là ?
Qu’est-ce que nous avons raté, quel est ce rendez-vous manqué.
Date ou « date » ?
Le mot anglais signifie bien évidemment la date mais aussi un rendez-vous et plus familièrement un rencard.
D’où provient ce point de rupture ?
Sommes-nous, soudain, devenus aveugles ou aveuglés par des chimères sans doute attirantes.
Parce que la politique peut ressembler à une histoire d’amour.
On se rencontre, on se séduit, on s’engage, on se passionne, se projette et boum nous tombe dessus le désamour.
Parce qu’amour toujours, la princesse sauvée, le prince rassuré, cela n’existe pas. Stop avec nos âmes de midinette, on tombe amoureux, c’est pour la vie et un beau jour c’est aussi pour la vie, mais entre temps, on a changé de prénom.
Huguette devient Hugues, le RPR : l’UMP puis LR, le FN, le RN, les Verts, EELV.
Demandez le programme. Circulez, il y a tout à voir.
Tout à entendre.
Tellement à voir et à entendre que les antennes sont brouillées, saturées.
A new date (un nouveau rendez-vous), où on hésite à se rendre, échaudé par les erreurs passées.
La tentation de Venise s’empare de nous. Le doute colle à la peau.
À quoi bon ?
Mais, justement ! Il ne faut jamais baisser les bras.
Faisons-en un mantra. Je vous conseille une cloche tibétaine pour améliorer votre concentration.
On l’a tant aimé cette politique que nous ne reconnaissons plus.
Et cette campagne, compliquée en raison des événements internationaux, est une des pires (voire la pire) que nous avons vécue.
Et pourtant, comme c’est dans les vieux pots qu’on fait les bonnes soupes, j’en ai vu ! (J’attends : « Mais non Félie, tu n’es pas vieille » etc.)
Ben si, j’suis une vioque et j’insiste : l’heure est grave.
On est à un point de bascule. La communication politique qui passe par les réseaux est contre productive. Il suffit de lire les commentaires.
Je me souviens (vous voyez que je suis un débris ) de la campagne de Philippe Seguin pour la mairie de Paris qui était d’une cruauté sans pareille et Les Guignols de l’info avaient été particulièrement ignobles.
Le respect du candidat avait déjà disparu mais heureusement Twitter et FB n’existaient pas.
Nez en moins et pieds en plus, je me demande si le nouveau type de communication n’est pas en train de faire disparaître le mot dialectique de notre vocabulaire.
On remplace dialectique par slogan, pensée par endoctrinement, vote par idolâtrie, absention par mépris et le tour est joué.
So date ? On y va parce que voter c’est être libre, voter c’est faire mentir la peur, voter c’est s’engager les deux pieds bien accrochés au réel.
Parce que l’espoir n’est pas une stratégie, pas plus que l’abstention.
L’avons-nous compris ?
© Felicia-France Doumayrenc
Felicia-France Doumayrenc est autrice, critique littéraire, éditrice et peintre.
Ravie de découvrir ces apartés de Felie stimulants et bien écrits. Très enlevés, en somme, et bien reçus. J’espère que cela va perdurer. Un rendez-vous hebdomadaire ? Merci 🙏