Le 17 mars dernier, le président de la République – désormais en campagne – présentait son programme présidentiel pour les cinq prochaines années s’il venait à être réélu en avril. C’est dans ce cadre-là qu’ont été formulées des propositions portant notamment sur l’immigration. Le président-candidat s’est engagé à rendre plus restrictives les conditions de délivrance de cartes de séjour annuelles, à favoriser le renvoi effectif dans leur pays des demandeurs d’asile déboutés ou bien l’expulsion des étrangers coupables de troubles à l’ordre public.
l’Observatoire de l’immigration et de la démographie a dressé le bilan de cinq années de présidence Macron en matière d’immigration. Malgré la survenance de la crise sanitaire, dont l’une des conséquences a pourtant été la limitation des mouvements de population à travers la planète, le quinquennat Macron fait office de quinquennat record : il n’y a jamais eu autant d’immigration sur la période récente que sous Emmanuel Macron.
Les dernières données fournies par le Ministère de l’Intérieur et son département de la statistique, des études et de la documentation (DSED), montrent en effet que la délivrance des premiers titres de séjour (dont les motifs sont familiaux, économiques, étudiants, humanitaires ou autres) a atteint un niveau inégalé sous la présidence Macron : 255 675 titres de séjour ont été accordés à des immigrés non européens (i.e. hors EEE) en moyenne chaque année entre 2017 et 2021 contre une moyenne de 217 463 titres durant la période 2012-2017 et 188 820 durant la période 2007-2012. Cela représente 1 278 374 nouveaux premiers titres de séjour attribués sous la présidence Macron. La lecture des données année par année témoigne d’une évolution forte et rapide : alors qu’en 2007, environ 171 000 premiers titres de séjour étaient délivrés à des immigrés non européens/extérieurs à l’espace économique européen (EEE), ce nombre devrait atteindre 271 000 en 2021 selon l’estimation du Ministère de l’Intérieur.
Beaucoup d’arrivées donc… mais peu de départs
Surpris par l’ampleur du phénomène – ou feignant de l’être, certains commentateurs avancent que s’il arrive beaucoup d’immigrés, ceux-ci repartent ensuite. C’est faux : les chiffres montrent le contraire. Marianne avait d’ailleurs souligné dans le quatrième numéro de sa série « Ces débats que les politiques devraient avoir » consacré à l’immigration que la réalité est tout autre en consacrant un article à « ces immigrés qui remplacent les Français qui émigrent ».
Que l’on regarde la décomposition du solde migratoire (le solde migratoire en lui-même n’a aucun intérêt car il mélange des flux de différentes natures et donc dissout toute possibilité d’analyse) ou les données fournies par Eurostat, on observe que si un nombre croissant d’immigrés rentrent sur le territoire, ceux qui le quittent sont pour la grande majorité… des Français ! En 2019, selon les données Eurostat, parmi les 300 000 personnes ayant quitté la France, 90 % sont des nationaux français, 5 % des ressortissants de l’UE et 5 % des étrangers de pays tiers. En tenant compte du retour de Français sur notre territoire la même année (131 000), c’est l’équivalent de la ville de Brest qui a quitté le territoire en 2019. Et cette dynamique existe depuis au moins une décennie.
Taux d’éloignement très faibles…et en baisse
Alors que le nombre de demandes d’asile poursuit une hausse structurelle depuis la fin des années 2000, le nombre de demandes a atteint le niveau record de 177 822 demandes en 2019, avant de légèrement diminuer en 2020 en raison notamment de la survenance de la crise sanitaire, pour ensuite reprendre sa dynamique haussière avec 134 485 demandes pour l’année 2021 (données provisoires). L’objectif de « maîtrise de l’immigration » porté par la loi Asile et immigration du 10 septembre 2018 est donc largement manqué. Le droit d’asile semble par ailleurs être devenu une fabrique à séjours irréguliers tant les déboutés de l’asile restent en pratique en France…
On sait que 600 000 à 700 000 clandestins vivraient en France selon une récente déclaration du Ministre de l’Intérieur. La croissance du nombre de clandestins est limitée par la largesse de la France en la matière : 30 000 clandestins seraient régularisés chaque année et ceux-ci disposent d’une possibilité quasi-systématique de l’être après cinq années passées sur le territoire.
Alors que les taux d’éloignement sont déjà très faibles en France (moins d’une OQTF sur cinq est exécutée en moyenne sur la période récente), on constate une baisse des éloignements sous Macron : environ 29 000 éloignements étaient effectués chaque année sous Hollande, 24 000 sous Macron.
Si le « en même temps » présidentiel a pu laisser planer un doute sur l’action du Président de la République, les chiffres officiels, eux, n’en laissent aucun. Phénomène structurel et d’importance croissante, l’immigration a été plus importante encore sous Macron qu’elle ne l’a été durant les précédents quinquennats.
Source : Marianne
Que faire ?… https://youtu.be/ckg3Y6x-i3A