Marc Rameaux. Les cabinets de conseil en « stratégie », cette plaie dont il faut se débarrasser

Les cabinets de conseil en « stratégie » (BCG, Mc Kinsey, Bain, ..) sont une plaie dont il faut se débarrasser, aussi bien au sein de l’état que des grandes entreprises privées.

Contre des émoluments extrêmement élevés, ils ne font que produire des rapports creux et superficiels, parfois extrêmement nuisibles lorsqu’ils prétendent à un plan d’action. Ils sont baignés des préjugés simplistes de la mondialisation heureuse, sont les champions des diminution de coûts sans connaissance approfondie des métiers et compétences de l’entreprise, des opérations d’offshoring menant à une perte non maîtrisée des compétences clés de l’entreprise, etc. Leurs recommandations mènent toujours à l’inverse de ce qu’ils prétendent et du but désiré : les réductions de coûts finissent par des frais de gestion gigantesques, les opérations d’offshoring par une perte de l’avantage compétitif sur les compétences maîtresses, les « reengineering de processus » censés gagner du temps engendrent des défauts de fabrication faisant perdre temps et argent. Leurs analyses semblent complexes et savantes en apparence. Elles sont truffées de graphiques, d’éléments chiffrés, mais en grattant un peu le vernis, l’on s’aperçoit qu’il ne s’agit que du décor appuyant des idées extrêmement simplistes.

Ces cabinets ont perverti le métier de Conseil. Celui-ci fut créé dans les années 1950 aux Etats-Unis. Initialement, le consulting était une bonne idée: il consistait à réunir des seniors, d’au moins 50 ans, qui avaient une très longue expertise dans un métier précis de l’industrie ou du commerce. Aucun consultant n’existait sans avoir auparavant fait ses armes longuement dans le monde de l’entreprise, et être devenu une référence dans son domaine sur un métier concret.

A partir des années 1980, l’on a vu apparaître une nouvelle population de consultants, qui entraient dans ces cabinets prestigieux dès leur première expérience. Ceci est un non sens : sans l’expérience longue d’un métier précis, le consultant ne peut être qu’un brasseur de vent, quelqu’un qui est riche de la compétence des autres. Quel que soit le niveau de recrutement, très élevé dans ces cabinets prestigieux, l’inexpérience cumulée ne peut qu’aboutir à ces rapports creux et dangereux.

Les plus petits cabinets ne prétendant pas à « l’analyse stratégique » mais s’appuyant par exemple sur de réelles compétences en développement informatique sont beaucoup plus sérieux.

C’est le snobisme d’intervenir à haut niveau sans rien y connaître qui coûte très cher. Ajoutez à cela que du fait du niveau élevé de recrutement, la superficialité de leur production s’accompagne d’une morgue et d’une certitude d’avoir raison qui rend leurs actions d’autant plus dévastatrices.

Enfin, ces cabinets sont employés pour contourner de la mauvaise façon certains jeux de pouvoir pervers au sein de l’entreprise ou de l’état. Les jeux politiques sont parfois tels dans les états majors privés ou publics que ces cabinets sont employés uniquement pour leur position externe, de façon à apporter une recommandation « neutre » et incontestable.

Ces cabinets sont ainsi employés comme palliatifs à l’absence de courage des dirigeants

Ces cabinets sont ainsi employés comme palliatifs à l’absence de courage des dirigeants, faute d’affronter les jeux de pouvoir de son organisation et de prendre des décisions tranchées. Si le plan d’action tourne mal, cela permet également au dirigeant de se défausser de sa responsabilité au lieu d’assumer une décision qu’il aurait prise lui-même.

Enfin, l’emploi de ces cabinets est emblématique d’un mal bien français : la méfiance que les équipes dirigeantes entretiennent vis-à-vis de leurs propres employés, souvent parce que ces derniers sont beaucoup plus compétents qu’eux-mêmes, les postes élevés en France étant fréquemment obtenus par l’imposture et par l’usurpation plus que par l’excellence.

Après ce portrait, il n’est nullement surprenant que Macron ait fait appel massivement à ces professionnels de l’incompétence : l’imposteur rencontre les imposteurs, la lâcheté et l’incapacité à prendre des décisions assumées y trouvent un paradis. Certains défendent Macron en arguant du fait que tous les gouvernements y ont fait appel. Mais jamais dans de telles proportions, et surtout avec un coût de plus en plus explosif chaque année.

Le scandale Mc Kinsey révèle à quel point la France est aux mains d’un post adolescent narcissique, creux et irrésolu, entraînant la France dans un abîme économique. Il est temps d’y remédier.

© Marc Rameaux

Marc Rameaux est économiste et professionnel des hautes technologies. Il a publié Le Tao de l’économie. Du bon usage de l’économie de marché (L’Harmattan, Février 2020)

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Marc Rameaux
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