Un moment avec André Markowicz et Dostoïevski

Trente ans, Dostoïevski. Plein de lecteurs me signalent une video qui est ressurgie là, en novembre, d’un extrait d’une émission à laquelle j’avais participé, en 1993, invité par Bernard Rapp, aujourd’hui décédé.

Il y a aussi cette dame, Ana Novac, que je ne connaissais pas, mais qui m’avait beaucoup impressionné… — et que je n’ai jamais revue. Elle aussi est décédée aujourd’hui.

Bon, j’ai le même pull, — que je mets moins — mais, en gros, c’était il y a trente ans. Et pourtant, je vous jure, ce que je disais à ce moment-là de Dostoïevski, je le pense toujours…

Je commençais mon intégrale, nous venions de publier « L’Idiot ». Je travaillais sur « Les Démons ». J’avais traduit « Le Joueur », « Les Carnets du sous-sol », « Les Nuits blanches ».

J’avais, oui, trente ans.

Dans le public, je vois Sabine Wespieser, qui dirigeait Babel à ce moment-là, à son début, — elle relisait tout, réinterrogeait chaque phrase, elle acceptait, la malheureuse, que je l’appelle, je ne dirais pas tous les matins mais presque, pour lui lire un extrait de ce que je venais de traduire, tellement j’étais sous le coup de l’émotion de l’avoir traduit.

Sabine, même si nous ne voyons que peu aujourd’hui, est toujours, trente ans plus tard, une des personnes que nous aimons le plus, Françoise et moi.

Ce qui m’épate, c’est le nombre de vues de cette vidéo : visiblement plus de 300.000 (en comptant les partages, ça doit faire bien plus). Bon. Je me dis que si chacune des personnes qui ont vu ces trois minutes pouvait avoir lu quelque chose de Dostoïevski, ce serait bien.

André Markowicz est incontestablement le traducteur le plus important de langue russe. On lui doit entre autres la retraduction de l’œuvre complète de Dostoïevski, mais aussi la poésie de Pouchkine. Ce grand passeur de la littérature russe nous fera l’honneur de nous parler de son métier de traducteur. Quels liens entretient-on avec les deux langues ? Comment traduire l’intraduisible, comment restituer l’esprit d’un texte tout en le rendant accessible dans une autre langue ? André Markowicz, traducteur passionné, il a notamment traduit pour la collection Babel l’intégralité de l’œuvre romanesque de Dostoïevski mais aussi le théâtre complet de Gogol ou celui de Tchekhov (en collaboration avec Françoise Morvan). Il en a restitué toute l’énergie et l’intensité, la beauté et la poésie de ces textes. Il vient de traduire Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov avec François Morvan aux éditions Inculte (2020).

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1 Comment

  1. Decidement,cher Monsieur,tous vos articles sont passionnants.Je suis heureuse d’avoir entendu vos explications,qui me confortent dans l’idee que c’est normal que D.me destabilise-et oui,me mette en colere,tout en m’emouvant profon
    dement.
    Finalement,j’y ai peut -etre compris,quand meme,qqchose !
    Un grand merci a vous !

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