Les vrais racistes, ce sont ceux qui disent : surtout, ne les énervons pas en ce moment.
Ceux qui appellent à ne pas aller sur le Mont du temple pour ne pas exacerber les tensions.
Ceux qui mettent le terme terroriste entre guillemets dans leurs journaux.
Ceux qui n’ont aucune attente, aucune exigence morale de la population arabe, au point de dire que s’ils commettent les horreurs qu’ils commettent, c’est de notre faute, c’est nous qui avons provoqué cette situation, c’est le colonialisme juif, c’est parce qu’ils vivent dans la misère, c’est parce qu’ils subissent des injustices.
Ce n’est pas seulement de la bêtise et de l’aveuglement hypocrite, c’est surtout l’expression d’un racisme viscéral dont ils se défendent, bien sûr, puisque prétendument ils le dénoncent. Mais considérer toute une population comme privée de son libre arbitre, et dont les agissements ne seraient soumis qu’au seul paramètre de ses conditions de vie ou de survie, n’est-ce pas la traiter comme une race animale dont l’évolution dépendrait uniquement du milieu dans lequel elle se développe, sans aucune considération pour ce qui révèle des capacités humaines de distinction entre le bien et le mal ? N’est-ce pas là, au fond, une attitude de scientifiques qui manieraient des rats de laboratoire, et qui, témoins de l’agressivité de l’un des rongeurs, en concluraient que la cage dans laquelle ils vivent tous est trop étroite ?
Jamais des scientifiques ne diraient : les rats doivent se remettre en question. Il faut les punir à la hauteur de leur agressivité. Privons-les de leur citoyenneté, empêchons-les de travailler dans nos champs, mettons-les dans des vraies prisons sans possibilité de faire des études ou de lire le journal tous les matins, ces crimes ne peuvent plus durer.
Si un scientifique disait ça, concernant des rats, il serait pris pour fou, et c’est bien normal, car nous parlons d’hommes d’une part, et d’animaux, d’autre part. Mais si des hommes s’empêchaient, pour d’obscures raisons, de dire cela sur d’autres hommes criminels, qui, alors, est le raciste ? Celui qui appelle, de toute son âme, a une justice qui considère la morale comme étant la même pour tous, ou celui qui s’exclame que la cage est trop étroite pour certains ?
Dites-moi qui, d’entre ces deux-là, considère la population dont est issue l’homme criminel non pas comme une population d’hommes, mais comme une prolifération incontrôlable de rats ?…
Soustraire la population arabe de notre pays, et de tous les autres, à la morale universelle, c’est les soustraire à l’humanité. Nous ferions mieux de nous comporter avec eux d’égal à égal, c’est-à-dire punir leurs crimes avec la même sévérité implacable que nous punirions les nôtres.
Ce serait justice pour nous, mais aussi, justice pour eux.
Les vrais racistes ne sont pas ceux que l’on croit.
Que D…protège son peuple, et console les endeuillés.
© Emmanuelle Berdugo
Maman de 4 enfants, Emmanuelle Berdugo est avocate en Israël. L’écriture est sa passion. Depuis quelques années Elle écrit des posts en mode « tranches de vie israélienne » sur Facebook Et Peut-être demain sur TJ!
Analyse très juste, magistrale : la victimisation est bel et bien un paternalisme raciste qui ne dit pas son nom.