Le Point de vue de Yves Lusson. « Non, Zemmour n’attise pas la haine »

Non, Zemmour n’attise pas la haine

Suite aux « Macron assassin » surgis dimanche de la foule de son meeting au Trocadero, et à contre-courant de la classe politique et médiatique qui tombe unanimement sur Zemmour à bras raccourcis, notre contributeur Yves Lusson, formé depuis dix ans à la thérapie sociale, juge que le candidat contribue au contraire à apaiser le pays.

« Macron assassin » : ce sont ces deux mots, scandés par la foule pendant le grand meeting de Zemmour au Trocadero, dimanche 27 mars, qui ont enflammé les médias en ce début d’avant-dernière semaine d’élection présidentielle.

Condamnation unanime par les médias officiels de Zemmour, cet « homme mauvais » accusé d’attiser la violence et la haine, de vouloir mettre le pays à feu et à sang, alors qu’il faudrait au contraire le contenir.

Mais Zemmour ne serait-il pas plutôt le bouc-émissaire d’une société qui peine à voir la folie destructrice qui se réveille en elle ? Ne serait-il pas celui qui montre du doigt la lune qui s’enflamme pendant que la bien-pensance accuse opportunément son doigt ?

« Il faut toujours dire ce que l’on voit ; surtout faut-il toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit » disait Charles Péguy.

Un autre Charles, Rojzman celui-ci, fondateur de la thérapie sociale dans les années 80, a cherché inlassablement à comprendre les raisons pour lesquelles d’aucuns perdaient leurs capacités à voir ce que l’on voit, à faire face au réel, à le nommer, et à en combattre les dégâts jusque dans l’âme et le cœur des hommes.

Les êtres humains, m’a-t-il expliqué un jour, ont chacun une part d’ombre (de violence, de folie, de haine) et une part de lumière (de raison, d’amour). Ce sont les environnements sociaux qui font que s’y activera l’une plutôt que l’autre de ces parts.

Dans quel état est la France aujourd’hui ? Quel est son environnement social, après la terreur des attentats islamiques, après le mépris et l’abandon des Gilets jaunes par le pouvoir, après la peur et la maltraitance générées par des mesures sanitaires excessivement dures à vivre depuis deux ans – distanciation/atomisation sociale, obligation de porter un masque-muselière partout et pendant des mois, y compris pour nos enfants, forte incitation à s’injecter massivement un produit génétique expérimental à l’efficacité et l’innocuité douteuses… -, après le déclenchement d’une guerre aux portes de l’Europe, qui ne fait que commencer et qui nous touche déjà dans nos vies quotidiennes ? Quel climat la multiplication de ces crises majeures a-t-elle généré dans la société française ?

Il existe une croyance antérieure aux travaux de Sigmund Freud selon laquelle les foules auraient une tendance à basculer dans la violence du fait même de la nature de leur « psychologie ». La réalité, c’est que ces violences sont déjà là en chacun de nous.

Ne nous y trompons pas, et c’est un autre enseignement de Rojzman, la violence est là même si nous ne l’extériorisons pas, elle fait son chemin dans nos pensées, dans notre cœur, parfois de façons subtile ou inconsciente. Et il suffit d’un craquement d’allumette pour tout faire exploser. 

« Zemmour attise la haine et la violence » : l’homme à abattre est tout désigné.

JE PENSE LE CONTRAIRE. Et je vais tenter de le démontrer.

Il est intéressant de voir à quel moment, dans le discours d’Eric Zemmour, la violence s’est exprimée depuis la foule.

« Je suis là pour lutter contre la fatalité », clamait alors le candidat, après avoir rappelé en citant des exemples la montée de la violence dans la société ces dernières années, en particulier les attentats terroristes sanglants ou les crimes en augmentation sur des Français innocents.

C’est à ce moment-là que des « Macron assassins » surgirent pendant quelques secondes. On le voit nettement à l’image : Zemmour n’était pas d’accord, il fit non de la tête, mais il préféra rembrayer sur son discours, qu’il suivait sur ses prompteurs. Il est l’un des rares à rédiger lui-même ses discours, et il connaissait la suite : « Chacun est venu sur cette esplanade avec ses espoirs, avec ses inquiétudes, avec ses attentes. Je veux dire à chacun d’entre vous à quel point je vous comprends, à quel point c’est pour vous que je me bats. »

Cette phrase suffit à calmer la foule, qui s’arrêta de crier. La haine qui est dans les cœurs – et dans ceux de tellement de Français – fut manifestement calmée par des mots qui rassurent et ouvrent la porte à de possibles transformations : oui, se dirent ces Français, Zemmour semble nous entendre, entendre nos inquiétudes, nos colères, nos incompréhensions, nos attentes, nos espoirs, et il se battra avec nous pour y répondre.

Si, contrairement à la majorité de la classe politico-médiatique, je pense qu’Eric Zemmour est un pacificateur, c’est justement parce qu’il sait créer un climat qui autorise enfin la violence à sortir des cœurs, à se dire, à se crier, à s’accueillir et à se transformer en une autre expression, en d’autres mots, ceux de la peur et du ressentiment initiaux enfin réhabilités et entendus, ceux des dangers réels à combattre ou à prévenir, ceux des besoins de sécurité à satisfaire, point de départ d’une longue reconstruction plutôt que d’un tragique abandon et d’une irrémédiable destruction.

S’il subsiste des espaces démocratiques suffisamment solides pour ça, alors le vrai débat des Présidentielles pourra peut-être commencer, malgré le refus manifeste du Président d’entrer dans l’arène :

Qui sont les responsables des grandes souffrances qu’endurent aujourd’hui les Français ?

Comment sortir ensemble de ces souffrances ?

Comment reconstruire ensemble une France plus sûre, plus confiante, plus paisible, plus fraternelle, plus conviviale et source de bienfaits ?

© Yves Lusson

Yves Lusson, journaliste social et intervenant en Thérapie sociale TST, est l’auteur de la notion de Cellules réconviviales

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1 Comment

  1. Cet incident mineur méritait tout au plus un entrefilet. Mais les médias aux ordres du pouvoir (comme en Russie, le racisme et l’antisémitisme indigénistes, le féminazisme et la tartufferie en plus donc en pire) ne ratent jamais une occasion pour tenter de diaboliser et criminaliser un opposant sérieux.
    Tres bon article d’Yves Lusson.

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