Drôle de zèbre que ce Michel H., insaisissable, trublion dissonant, aussi provocateur que limpide dans ses déclarations à l’emporte-pièce, merveilleuse caisse de résonance d’une France en détresse, thermomètre d’un pays à jamais cassé.
Il ne se contente pas d’être le grand auteur français vivant, il est la boussole d’un monde disloqué en voie d’effacement, le moraliste des temps obscurs et glaiseux. Il en capture toutes les fines particules pour mieux les broyer dans sa moulinette narrative. Il a même des dons de prophète, l’animal. Il prédit l’avenir. Le malheur lui va si bien au teint.
Depuis une trentaine d’années, il aura prévu les pires secousses sismiques d’une société complètement malade, boursouflée d’elle-même, percluse dans sa vaine puissance. Il aura scellé la fin des idéologies et des gesticulations dérisoires, ouvrant une ère nouvelle, celle d’un post-individualisme abrasif.
De droite ou de gauche ?
On le lit pour comprendre nos errements, pour rire de nos comportements disgracieux et aussi, pour approcher l’homme misérable qui sommeille en nous. Avec ses romans, il aura touché à l’essence de la littérature, c’est-à-dire l’incommunicabilité entre les êtres et leur frottement incertain. De là, naît une littérature indisciplinée et sauvage, outrancière et perspicace. Ce communicant-né, doublé d’un créateur fécond, s’est beaucoup exprimé sur le pouvoir, la globalisation, les religions, le sexe et l’argent. Il aura fait de nos passions tristes une œuvre magistrale vendue et traduite à des millions d’exemplaires.
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