Tribune Juive

Le Billet de Pierre Saba. Le comportement inacceptable de journalistes

Dans le cadre de l’émission ELYSEE-2022, le canal public français France-2 recevait notamment le 17 mars 2022 Éric Zemmour, candidat à l’élection présidentielle.

Sans surtout soutenir le candidat ni son programme, le spectacle des échanges politiques entre Zemmour et Jadot, candidat écologique, d’une part, et ceux entre l’invité et les journalistes d’autre part imposent à l’œil et à l’ouïe quelques indications surprenantes.

1– S’agissant du débat avec Jadot, ce dernier s’exprimait avec une fatuité, une assurance, une supériorité décelable dans les mots et les tonalités que la langue française permet mais que rien ne justifiait en débat démocratique.

2– S’agissant des échanges avec les journalistes, ces derniers ne se contentaient pas de poser les questions à Zemmour. Ils les posaient en prenant position sur les sujets évoqués, c’est à dire qu’ils transformaient illégitimement et contrairement à leur déontologie les interrogations en débat d’idées.

Pire, presque tous entouraient telles des antiennes les réponses de Zemmour de commentaires elliptiques, doctoraux, altiers et moralistes que rien n’autorisait. Le spectateur avait ainsi l’impression d’assister à un cours entrepris pars des journalistes se prenant pour des enseignants envers un candidat qu’ils se permettaient de transformer en élève… de niveau médiocre.

Comme si ces manquements à la déontologie de la Presse ne suffisaient pas, les journalistes se permettaient de commenter les réponses du candidat sans même attendre la fin de l’énoncé de ses réponses !

3– Certes, Zemmour réagissait à ces absences d’honneur professionnel par des réponses et des comportements visuels ad-hoc. Mais l’acuité du candidat ne saurait excuser ce paternalisme journalistique qui n’est pas usité avec d’autres candidats.

4– Ces journalistes français ont, une fois de plus, abîmé la dignité de leur fonction. C’est d’autant plus grave qu’il semble s’agir désormais d’une habitude incontestée. Ils disposent de surcroît d’un rôle de superintendant dans le cadre premier de l’élection en France du président de la république au suffrage universel. Le comble est qu’ils opèrent dans le cadre du service public de l’Information et que rétribués sur le denier public, ils sont encore plus comptables du devoir impérieux de neutralité qu’ils respectent peu.

5– Ni la manipulation du candidat, ni le sentiment exprimé d’une quelconque supériorité au demeurant parfaitement ridicule ne sauraient constituer un élément de lutte efficace ni honnête contre le candidat et les programmes du candidat Zemmour.

Un journaliste en exercice n’est pas habilité à débattre avec le candidat interrogé. Il a le devoir de questionner avec probité, sans concession et sans commentaire qui ne soit séparé de l’exercice. Le public n’est pas destiné à être diminué. Les pratiques exhibées lors de cette émission révèlent également la nébulosité et la dégradation en France des principes de la démocratie audiovisuelle publique de surcroît.

© Pierre Saba​

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