Dix ans aujourd’hui. Dix ans qu’un psychopathe transformé en machine à tuer par son frère et, derrière celui-ci, toute une équipe de pseudo-sachants et idéologues, accomplissait la deuxième étape de son parcours sanglant à Montauban.
Qu’il tirait dans le dos de ses victimes choisies en fonction du port de l’uniforme, après des repérages effectués avec le plus grand sang-froid.
Ce jour-là, Abel, Mohamed et Loïc virent leurs destins, pour le moins basculer. Abel et Mohamed ne survécurent pas, la vie de Loïc s’est muée en une lutte permanente.
Que dire aujourd’hui qui n’a pas été dit depuis lors ? Pas grand-chose.
Certains, pas si minoritaires, qu’il s’agisse de personnalités médiatiques, journalistes, présentateurs en vogue, de personnalités politiques persistent à procéder à « l’inversion victimaire » en expliquant sans rire que les vraies victimes sont les pratiquants d’une religion dont une frange approuve les attentats.
Les perles s’alignent pour former le plus répugnant des colliers. Ainsi le président d’une formation qui se veut insoumise, explique le plus sérieusement du monde que s’il y a eu le périple de 2012 (impossible de nommer l’auteur aujourd’hui autrement que par le vocable « machine à tuer », désolé je n’y arriverai pas), c’est en raison de l’approche d’une élection, pour provoquer un rejet des tenants de ladite religion.
Le pire, c’est qu’après les réactions d’indignation de règle pendant quelques jours, le « soufflé » est retombé. Plus personne n’en a parlé. Les propos étaient pourtant gravissimes.
De même se trouvent toujours des voix expliquant, toujours sans rire, que finalement, Charlie Hebdo l’avait quand même cherché, pour ne prendre qu’un exemple parmi tant d’autres.
Celles et ceux qui luttent frontalement contre l’islamisme, voient leur vie bouleversée par la nécessité de disposer d’une protection rapprochée. Une sorte de prison mobile et nécessaire qui vient de fait sanctionner l’exercice de la liberté d’expression.
Mais je voudrais conclure en pensant à Abel
Mais je voudrais conclure en pensant à Abel. Béatrice Dubreuil lors de ses plaidoiries en a dressé le plus émouvant des portraits. Je me contenterai de dire qu’il était animé par la bonté, l’altruisme et la fierté de servir son pays.
Katia et Albert nous ont fait l’honneur de nous montrer sa chambre. Sur les murs figurent les photos et décorations.
Dans cette chambre, et ce que je vais écrire ici est peut-être susceptible de choquer, se dégage un sentiment de tristesse face à tout ce qu’il aurait pu donner autour de lui, mais qu’il n’a pas été en mesure de faire, ayant croisé le mal, mais également un profond sentiment de paix.
Cette chambre est la pièce la plus paisible dans laquelle il m’a été donné d’entrer.
Pourquoi ? Je me sens bien entendu incapable de formuler une hypothèse avec certitude. Je me contente simplement de relater les sentiments éprouvés à ces moments, à ma grande surprise au demeurant.
Abel et ses proches sont dans notre cœur pour toujours.
Katia ChennoufAlbert Chennouf-MeyerAnne-Véro MendoSabrina ChennoufRose CarolineBéatrice Dubreuil
© Frédéric Picard. Avocat au Barreau
Poster un Commentaire