
A Versailles, la guerre en Ukraine est à l’agenda du sommet européen.
Macron se dit « pessimiste et inquiet. »
A Versailles, si vous regardez bien dans la Galerie des Glaces, vous distinguerez les fantômes qui y sont restés prisonniers.
Ce sont les fantômes des diplomates qui, il y a 100 ans, ont négocié le traité de Versailles.
Ils ont voulu humilier l’Allemagne vaincue, après la première guerre mondiale, mais ils lui ont laissé de quoi reconstituer sa puissance.
Ils ont ainsi armé la machine à retardement et tout ça, 20 ans avant la seconde guerre mondiale.
Ils se prenaient pour des pompiers : c’étaient des pyromanes!
Les 27 dirigeants européens rassemblés hier dans ce palais risquent de se laisser piéger comme leurs prédécesseurs. Mon ami Roland dit: Ils se tirent une balle dans le pied.
Ils veulent punir la Russie : il faudrait surtout lui faire lâcher prise.
L’enfer diplomatique est pavé d’intentions
Qui peut dire si elles sont bonnes ou mauvaises?
A la CPI, le Procureur a réclamé des mandats d’arrêt contre trois chefs de guerre, en plein conflit, en Ukraine.
Il déterre des crimes de guerre commis à côté, en Géorgie, en 2008.
Quelle finesse !
Cette guerre apparaît comme une répétition générale.
En Ukraine la Russie ira jusqu’au bout.
Alors la CPI l’avertit.
Une prison à La Haye attend les sous-fifre de Vladimir Poutine, capables de bombarder une maternité.
Même si l’Europe lève un jour les sanctions économiques, la CPI n’abandonnera jamais ses poursuites judiciaires.
A bon entendeur salut!
Évidemment, cette justice internationale, qui est surtout une justice occidentale, fait des moulinets avec un sabre en bois.
Elle diabolise, elle déclare Vladimir Poutine hors-la-loi, comme si elle pouvait le mettre hors-jeu.
C’est précisément le contraire de ce qu’il faudrait faire : l’amener à négocier.
Or il n’a pas l’air de vouloir négocier. La Russie voudrait seulement des pourparlers à la frontière du Bélarus, pour conclure des cessez les feux locaux et s’entendre sur des couloirs humanitaires.
C’est la conclusion de l’entretien décevant de deux ministres des AE. Le russe et l’ukrainien. Ils se sont retrouvés en Turquie. Dialogue de sourds. Ils n’avaient rien s se dire.
Le russe réclame une capitulation sans condition.
L’autre lui répond que l’Ukraine ne se rendra pas.
Deux heures à tourner en rond.
Le derviche tourneur en chef, c’était le ministre turc des affaires étrangères, qui a quitté cette réunion stérile très satisfait.
La Turquie a tenté de faire la même chose qu’Israël.
Pâle imitation
Jouer au médiateur.
Profiter de ses bonnes relations avec l’Ukraine comme avec la Russie. Défendre ses intérêts à Moscou, sans nuire à ses investissements.
La Turquie s’est donér le beau rôle en maintenant le contact avec l’un comme avec l’autre.
C’est de la diplomatie spectacle!
Une forme très spéciale de narcissisme politique!
Derrière moi, la Guerre !
La Chine fait savoir qu’elle est aussi prête à jouer ce rôle.
Mais quand le moment sera venu, et Poutine n’est pas pressé.
Il vient d’annoncer que les syriens qui le souhaitaient pouvaient combattre aux côtés des russes.
Au fond Poutine réclamait un nouveau traité de Versailles pour le troisième millénaire.
Emmanuel Macron lui a fait seulement visiter le Palais vide et ses diplomates fantômes.
© René Seror