Sans prendre la défense du président russe, l’avocat estime que ceux qui lui prêtent une forme de démence font fausse route. Cette erreur confère un avantage tactique et stratégique à Vladimir Poutine, argumente-t-il.
Je passe habituellement mes chroniques à m’interroger sur la folie du temps et à préconiser de porter désormais un regard psychiatrique sur la société contemporaine. Je n’hésite d’ailleurs pas à soutenir dans mon dernier opus que beaucoup de personnalités saisies par le «woke» tenaient un discours plus proche de l’art contemporain, folie, esbroufe et escroquerie intellectuelle comprises, que de la raison politique.PUBLICITÉ
Pour prendre un exemple récent, samedi 5 mars, Sandrine Rousseau à Toulouse a déclaré: «Ça me déprime de faire de la politique dans des groupes du Ku Klux Klan. Je veux faire de la politique avec des visages de toutes les couleurs».
La gauche intellectuelle avait été outrée que le président russe puisse oser nazifier le Juif Zelensky alors qu’elle venait de procéder à l’identique à l’égard d’un candidat de même origine à la présidence de notre république.Gilles-William Goldnadel
Dans un domaine voisin, je morigène également cette tendance à qualifier systématiquement de «nazi» son adversaire démocratique pour l’exclure du champ des humains.
J’en arrive ainsi au personnage de nos tristes jours, Vladimir Poutine, qui n’a pas hésité à nazifier ses adversaires ukrainiens. J’écrivais dans ma dernière chronique hebdomadaire que, ce faisant, il n’avait pas seulement agi en prédateur mais également en contrefacteur. Entendez, en imitant servilement la gauche intellectuelle occidentale dont c’est l’une des spécialités les plus éprouvées. La même d’ailleurs, et comme je l’indiquais, avait été outrée que le président russe puisse oser nazifier le Juif Zelensky alors qu’elle venait de procéder à l’identique à l’égard d’un candidat de même origine à la présidence de notre République.
Ne voyant pas qu’en la circonstance Charline rimait avec Poutine.
Retour sur ce dernier, il a beau, lui aussi, utiliser cet antinazisme devenu fou, cela ne fait pas de lui un dément.
Je lui prêtais également sans barguigner la semaine passée des tendances paranoïaques et une nostalgie pathologique de la Grande et Sainte Russie impériale. Cela n’en fait pas pour autant un aliéné à enfermer ; sauf à transformer le monde politique en asile.
Il se trouve pourtant que nombre d’observateurs s’interrogent sérieusement sur la folie du premier russe, au sens littéral et clinique du terme. C’est ainsi , exemple pris entre mille, que dans le JDD l’on questionne l’éminent psychiatre, le docteur Daniel Zagury, pour mieux connaître cet état mental dont on s’inquiète.
Or, je viens écrire ici que dans ce jeu d’échecs auquel les Russes excellent, la diagonale du fou peut mater l’adversaire.
Après que l’armée russe a marqué le pas vers Kiev. Tandis que le président était sans doute surpris de la résilience adverse alors qu’il s’attendait sans doute à ce que son armée soit accueillie comme en Crimée avec du pain et du sel. L’homme de Moscou a commencé à évoquer le feu nucléaire. Il dit aussi de son air sévère tenir la guerre économique pour un acte de guerre.
Et voilà que déjà, viennent du camp adverse des conseils d’ordre psychologique de ne pas l’acculer ou le pousser à bout. Qu’il serait avisé de savoir donner à l’ours une porte de sortie pour apaiser sa folle colère. C’est ainsi, par exemple, que James Acton, co-directeur du programme de politique nucléaire au Carnegie Endowment for International Peace, spécialiste des risques d’escalade, déclarait samedi 5 mars au Figaro :
«Si Poutine est dos au mur et qu’il considère que sa situation est désespérée, il est tout à fait possible qu’il ait recours à l’utilisation d’armes nucléaires tactiques …» et plus loin :
«Plus nous livrons d’armes et plus nous aidons l’Ukraine, plus le risque est grand que Moscou se sente menacé … Nous devons toujours garder à l’esprit le risque d’escalade si Poutine se sent acculé, et veiller à lui offrir une porte de sortie».
Ainsi, tandis que le président de Russie envahit un autre pays et brandit verbalement l’arme nucléaire, les USA sont déjà dans l’accommodement prudent.Gilles-William Goldnadel
Et il ne s’agit pas seulement de conseils d’ordre psychologique, mais de gestes également: ignorant la «rationalité» de Poutine, pour reprendre l’interrogation d’Isabelle Lasserre, le Pentagone a reporté un test de missiles balistiques intercontinentaux prévu pourtant de longue date.
Ainsi, tandis que le président de Russie envahit un autre pays et brandit verbalement la menace de l’arme nucléaire, les États-Unis sont déjà dans l’accommodement prudent.
Qu’on ne se méprenne surtout pas : Je ne suis aucunement dans le jugement mais dans le constat. J’observe que l’irrationalité voire la démence prêtée à l’agresseur lui confère un avantage tactique et stratégique. «Retenez-moi ou je fais un malheur». Si j’étais un agent d’influence du FSB, je ferais tout pour faire passer mon président pour un dément.
Du fol avantage d’être tenu pour fou dans un monde de prétendue raison.
© Gilles-William Goldnadel
Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox. Il publie Manuel de résistance au fascisme d’extrême-gauche (Nouvelles éditions de Passy, 2021).
Au sujet des informations que la T.V. diffuse sur l’ Ukraine :
https://sun9-18.userapi.com/c854520/v854520935/15e2b6/FWGUl-2tGMs.jpg
👍C’est le moins qu’on puisse dire !
Vu la vidéo YouTube d’un discours très récent de Poutine et il est évident que non seulement il n’est pas fou mais est infiniment plus lucide que nos dirigeants et leurs journalistes aux ordres ainsi que la majorité de notre population. On peut critiquer ses méthodes (évidemment) mais en aucun cas le traiter de fou. Reste d’ailleurs à savoir si notre vision de l’offensive en Ukraine sur le plan militaire correspond à la réalité ou si elle n’est pas totalement biaisée par ce qu’on entend ou lit tous les jours. Les experts des questions militaires reconnaissent qu’il est beaucoup trop tôt pour donner des chiffres . Pour les pertes russes nous ne disposons que d’une vague estimation (2000_4000 morts ?) qui d’ailleurs ne signifie pas grand-chose puisqu’on ne peut pas la comparer aux pertes ukrainiennes dont on ignore tout. La réalité est peut-être très différente de ce qu’on nous montre : de la même manière que la réalité en Israël ne correspond pas à ce que montrent les médias français. Parmi beaucoup d’autres exemples.