Bon
Lundi
Une conversation est un échange entre deux ou plusieurs personnes où on n’utilise en général pas de formule préliminaire pour annoncer ce qu’on va dire.
Mais il arrive parfois qu’on prononce cette phrase apparemment anodine qui charrie des sous-entendus qui vont choir comme des scuds sur Kiev.
Citation:
Ecoute… Faut que je te dise quelque chose…
Aie!!!!!!
C’est une expression lourdement codée.
Une sorte d’anesthésie locale, un analgésique préventif propre à partiellement neutraliser le choc de ce qui va suivre.
Ecoute. Faut que je te dise quelque chose…
Ben… Dis le…
Euh… voilà…
J’ai réfléchi…
Ah?
Une fois n’est pas coutume!!
Voilà.
Voilà, c’est un mot respiration.
Celui qui permet d’inhaler un peu d’oxygène avant d’abattre sa dague fatale…
Voilà
C’est le mot qui ouvre une phrase, termine un exposé, ouvre une parenthèse respiratoire sur une phrase dont la fin ne s’annonce pas imminente…
Euh… Voilà
Vaut mieux qu’on se quitte. J’ai rencontré quelqu’un… tu vas rire… huit jours avant nos fiançailles. T’y crois, toi, au hasard ?
Ecoute… Faut que je te dise quelque chose…
Euh… voilà…
Mortimer… notre fils…
Ben euh. C’est mon fils…
Oui, ça je sais…
Oui mais en fait…
Euh…
C’est pas le tien…
Ahhhhhhhh!!!!!
Ecoute. Faut que je te dise quelque chose…
Voilà
Le sac que je devais te rendre la semaine dernière…
Tu vas rire… on me l’a volé…juste la veille du jour où on devait se voir.T’y crois , toi, au hasard?
Ecoute… Faut que je te dise quelque chose…
Oui…
Ben voilà…
La voiture. Enfin… TA voiture, puisque la mienne est au garage…
Je l’ai emboutie cinq minutes avant de rentrer, dis donc… j’étais en train de t’appeler pour te dire que… et bim… T’y crois, toi, au hasard?
Ecoute. Faut que je te dise quelque chose…
Voilà
Au moment où j’allais raconter un truc vraiment drôle… bim… le réveil sonne…T’y crois, toi, au hasard?
En fait, voilà est aujourd’hui largement remplacé par du coup…
Du coup, autrefois indiquant une conséquence irrémédiable, est devenu aujourd’hui un mot fourre-tout, une goulée d’oxygène avalée en début ou en fin de phrase, qui n’a d’autre but que de retarder l’arrivée du verbe…
Tu t’appelles comment ?
Du coup je m’appelle Kevin…
Tu peux me raccompagner ?
Du coup je vais chez ma mère qui habite de l’autre côté et…
Voilà
Du coup que cette journée signe une parenthèse de respiration paisible au milieu de ceux qu’on aime et qu’on retrouve en ce jour de rentrée, ponctuée de rires et de câlins réconfortants…
Je vous embrasse
© Michèle Chabelski
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