La guerre russe contre l’Ukraine met en relief la crise actuelle du conservatisme occidental.
Des conservateurs se sont félicités, après la chute de l’Union soviétique, de la « prise du renard ». Ils se sont gourés. Supposant à tort que le quant à soi égale la liberté, ils n’ont pas compris que l’individualisme sans contrainte entrave la liberté d’autrui. Le véritable individualisme exige une discipline personnelle. Une société civilisée exige, dans certaines circonstances, que l’on mette l’intérêt collectif au-dessus des désirs individuels. Les idéologues embrouillés qui monopolisent la politique conservatrice ont perdu de vue ces leçons d’éthique. Ils ont fermé le pont-levis, se renfermant dans le quant à soi aux niveaux national et international. Le dogme du marché libre sévit contre la moindre initiative de l’Etat. Chaque mesure sanitaire imposée ou même recommandée pour freiner la propagation du Covid-19 est dénoncée comme liberticide.
Il faudrait, aujourd’hui, ajouter la crise en l’Ukraine à la liste de ces tares conceptuelles. Ces faux conservateurs, en Angleterre et aux Etats-Unis, comme Chamberlain à son époque, balayent la crise « dans un pays éloigné » qui ne nous concerne pas. Le gouvernement ne devrait surtout pas s’en mêler.
Cette vision myope est inadmissible. L’Occident, se voilant la face devant la brutalité du voyou Poutine, tout en prenant sa part des bénéfices de sa kleptocratie, partage la responsabilité de cette terrible crise. Poutine, qui piétine aujourd’hui l’ordre mondial basé sur la règle de droit, ne menace pas seulement les petits Etats limitrophes actuellement en ligne de mire. Nous sommes tous visés par ce Poutine déterminé à restaurer un empire russe mythique. Si l’Ouest reste sur les marges à regarder, impuissant, un agresseur dévorer un Etat-membre, souverain, puni du crime de son existence même, il sera perdu.
Qui plus est, ces isolationnistes recrachent la propagande de Poutine, accusant l’Ouest d’avoir déchiré l’accord donné lors de l’effondrement de l’Union Soviétique, de ne pas étendre l’OTAN vers l’est. Propos repris par Poutine dans son discours de 2007 devant la conférence de sécurité de Munich, citant la parole du secrétaire général de l’OTAN, Mr Woerner, le 17 mai 1990, comme justification de sa « défense contre l’agression de l’OTAN ».
Cette version des faits est contestée par Stephen Pifer, directeur adjoint, en 1990, du bureau soviétique au Département d’Etat, dans un texte publié par le Brookings Institution :
Les dirigeants occidentaux ne se sont jamais engagés à ne pas étendre l’OTAN. La question a été traitée par Mark Kramer, dans un article publié dans le Washington Quarterly, basé sur des documents allemands et soviétiques déclassifiés. Lors des pourparlers sur la réunification allemande au format « deux plus quatre »–les deux Allemagne, les Etats-Unis, l’Union soviétique, le Royaume uni et la France—les Soviétiques n’ont jamais soulevé la question de l’élargissement de l’OTAN, à l’exception de son implication pour l’ancienne République démocratique allemande (RDA). L’accord visait uniquement l’engagement de ne pas installer des forces non-allemandes sur le territoire de l’ancienne RDA. J’étais à l’époque directeur-adjoint du bureau soviétique au département d’Etat et c’était certainement la position du Secrétaire d’Etat James Baker lors des pourparlers avec Gorbatchev et son ministre des affaires étrangères, Edouard Chevardnadze. A quelques rares exceptions près, personne ne songeait à l’élargissement de l’OTAN. La lecture du texte intégral du discours de Woerner confirme qu’il s’agissait uniquement des forces de l’OTAN en Allemagne.
Les termes de cette entente sont confirmés dans une interview avec Gorbatchev, publiée par Russia behind the Headlines. A la question de savoir pourquoi ce dernier n’avait pas insisté sur le respect des promesses faites par James Baker, il a répondu qu’on n’avait jamais parlé de l’OTAN. La seule question discutée était l’engagement de ne pas augmenter le niveau des forces en Allemagne après la réunification. Promesse tenue.
Voici les “conservateurs” isolationnistes qui redonnent vie à cette propagande contre l’Ouest, tout simplement dans le but de soutenir leur prise de position. N’est-ce pas la même accusation portée par eux contre une gauche qui remplace les preuves par l’idéologie ? Des commentateurs « conservateurs » américains réputés, qui combattent la politique identitaire de la gauche et son assaut contre les valeurs occidentales, font la claque pour Poutine. Ils admirent leur allié dans le combat contre le « woke », le champion de la liberté, de la tolérance et du fair play. Face aux Ukrainiens va-t’en-guerre. Quand on sait ce que Poutine fait en Ukraine et comment il persécute les dissidents chez lui, sans parler des adversaires politiques attaqués, voire tués au Royaume-Uni par du poison radioactif ou des agents neurotoxiques, cette fidélité grotesque à Poutine est nauséabonde. La lutte contre la gauche totalitaire et anti-occidentale est sabordée par ces propos des apologistes « conservateurs » de Poutine, amplement cités dans des médias de gauche.
Le conservatisme occidental remonte à Edmund Burke, qui avait articulé, au dix-huitièmesiècle, les valeurs de notre civilisation contre les révolutionnaires français qui les détruisaient. Depuis lors, la Terreur s’est métamorphosée en communisme soviétique, fascisme hitlérien et totalitarisme culturel contemporain. Les conservateurs, incapables de combattre ce totalitarisme s’avèrent, devant la crise en Ukraine, incapables de reconnaître la différence entre leur culture et sa némésis.
La crise en Ukraine devrait réveiller certains des nôtres de leurs illusions chéries. Malheureusement, ils vont plutôt de mal en pire et la crise du conservatisme s’aggrave avec eux.
https://melaniephillips.substack.com
Intervention de Marjorie Taylor Greene lors d’un événement organisé par un militant du nationalisme blanc : elle n’a pas de regrets
Ariana Figueroa /Colorado News Line/ 28 février
Au mois de juin, 2021, Rép. Marjorie Taylor Greene (R-GA) s’est adressée à la presse pour défendre le « Fire Fauci Act » qu’elle a rédigé, enjoignant au gouvernement de démettre de ses fonctions le docteur Anthony Fauci qui a « menti » au peuple américain.
Washington D.C. : Pas de raison de s’excuser : Rép. Marjorie Taylor Greene (Republican-Géorgie) ne regrette en rien son discours devant un public de suprémacistes blancs. L’élue, de passage en Floride pour assister à la Conservative Political Action Conference, a fait un détour pour participer à l’America First Political Action Conference, organisée par Nick Fuentes, chef de file du nationalisme blanc. Où est le mal, demande-t-elle, précisant les sujets de son intervention : la politique « America First », la protection de la famille traditionnelle, de la frontière, de l’emploi et de nos enfants.
Greene a été la cible de reproches de la part des membres de son parti, dont le Sénateur Mitt Romney (Utah) et le chef de l’opposition au Sénat, Mitch McConnell.
Rép. Paul Gosar (Republican-Arizona) s’est adressé par vidéo à l’America First Conference. L’élu a été censuré par la Chambre en novembre et exclu de tous ses postes dans des comités suite à la publication dans les réseaux sociaux d’un dessin politique détourné, mettant en scène son agression [rêvée] contre la Rép. Democrat Alexandria Ocasio-Cortez et le Président Joe Biden.
Interrogée par un journaliste de la chaîne CBS, Greene a répondu qu’elle n’était pas au courant de l’orientation de Fuentes et qu’elle ne la cautionne pas. Mais elle refuse de « cancel » un membre du mouvement conservateur, même si elle trouve certains de ses propos de mauvais goût, malavisés, voire dégoûtants.
Parmi les nombreux Republicans de sa circonscription, consternés par les dérives de Greene, Andy Garner, ancien dirigeant du parti pour le comté de Floyd, demande que son parti prenne position contre Greene. Elle s’est adressée, dit-il, scandalisé, à un public de suprémacistes blancs notoires qui venaient, devant elle, de crier leur soutien à la Russie de Poutine.
Sur son compte Twitter, Rep. Liz Cheney (Republican-Wyoming) a dénoncé Greene, qui fait la promotion, via les canaux officiels du Congrès, d’un rassemblement de suprémacistes blancs, antisémites, pro-Hitler et pro-Poutine. C’est toxique, déclare Cheney ! Il faut que ça s’arrête. Le compte twitter personnel de Greene a été bloqué en raison du flot de fausses « informations » sur le coronavirus qu’elle avait tweetées.
Les Republicans ont écarté Cheney de toutes ses positions de leadership parce qu’elle a refusé de perpétuer le mensonge de l’élection de 2020 truquée. De son côté, Greene a perdu tous ses sièges dans des commissions législatives, après avoir relayé des théories complotistes de QAnon et des appels à la violence contre des leaders Democrat.
© Nidra Poller
Nidra Poller, née aux Etats-Unis dans une famille d’origine mitteleuropéenne et posée à Paris depuis 1972, est une romancière devenue journaliste, le 30 septembre 2000, par la force des choses, dit-elle, par l’irruption brutale, dans mon pays d’adoption, d’un antisémitisme génocidaire, Nidra Poller est connue depuis comme journaliste, publiée entre autres dans Commentary, National Review Online, NY Sun, Controverses, Times of Israel, Wall Street Journal Europe, Jerusalem Post, Makor Rishon , Causeur, Tribune Juive, Pardès …
Elle rédigea longtemps le vendredi une Revue de la Presse anglophone pour la newsletter d’ELNET.
Elle est l’auteur d’une œuvre élaborée en anglais, en français, en fiction et en géopolitique, dont L’Aube obscure du 21e siècle (chronique), madonna madonna (roman), So Courage & Gypsy Motion (novel)
J’assume la contradiction, ajoute Nidra, me disant romancière mais pas auteure.
Observatrice des faits de société et des événements politiques, elle s’intéresse particulièrement aux conséquences du conflit israélo-palestinien et aux nouvelles menaces d’antisémitisme en France. Elle fait partie des détracteurs de Charles Enderlin et France 2 dans la controverse sur l’Affaire Mohammed al-Durah et soutient la théorie d’Eurabia (en particulier avec Richard Landes).
Elle a fondé les Éditions Ouskokata.
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