Le 24 février, dans la nuit, l’armée russe a envahi l’Ukraine. Vingt-quatre heures plus tard, elle faisait savoir qu’elle avait pris possession de la centrale nucléaire de Tchernobyl, ce qui devait envoyer un message de peur. Dans l’esprit de Poutine, c’était en principe une affaire pliée en trois jours.
Pour son armée aussi.
C’était ce que son entourage lui avait promis.
Jeudi matin, à la radio, le mot « sidération » était sur toutes les lèvres.
A vrai dire, comme Poutine, tout le monde croyait que l’Ukraine tomberait en trois jours. La Russie a une des plus puissantes armées du monde, l’Ukraine est un nain. Un nain sympathique, certes, mais… avec un président comédien, un « comique » comme on se plaisait à dire, comment les prendre au sérieux ?
L’Ukraine devait tomber comme un fruit mûr, sans qu’il y ait trop de dégâts. L’Europe le croyait, l’Amérique le croyait. Le message implicite : « Ne vous inquiétez pas, ça va bien se passer », comme aiment à dire certains.
Dès l’entrée des troupes russes, Biden avait promis de l’aide, mais pas d’hommes puisque, malgré sa demande, l’Ukraine n’était toujours pas membre de l’OTAN.
Mais à la surprise générale, les Ukrainiens ont décidé de résister. Et il s’est révélé que le Président Zelensky, celui que tout le monde décrivait comme un amuseur, refusa de jouer le rôle qu’on lui avait assigné. Le Parisien titrait, plutôt ironiquement, le premier jour : « De clown à chef de guerre ».
En somme, Zelensky avait trompé son monde. On aurait pu lui en vouloir.
Mais rapidement, son courage a tout emporté, notre ironie et nos doutes. Il est vite devenu un exemple pour tout un peuple qui a semblé se réveiller, se révéler différent dans l’épreuve, et ce fut le respect qui l’emporta devant tant de courage. On vit cet homme jeune, au visage franc, au langage direct, vêtu d’un simple T-shirt kaki sans fioritures, cet homme dont la tête est mise à prix et la petite famille menacée, faire preuve d’un courage dont on avait oublié qu’il pouvait encore exister de nos jours.
On vit surtout les Ukrainiens, jeunes et moins jeunes, de plus en plus nombreux à rejoindre la résistance. La Résistance, la vraie, face à l’envahisseur. Et comme lui, ce jeune président mû en chef de guerre, mettre leur vie dans la balance : leur liberté avait un prix, leur vie, et ils étaient prêts à le payer.
Depuis Poutine se montre très agacé. A mots à peine couverts, l’homme du Kremlin a menacé les voisins de l’Ukraine, tels les pays baltes, la Pologne et la Moldavie. Ces menaces à peine voilées s’adressent à l’OTAN, de sorte que l’Union européenne doit peser ses actes et ses paroles.
Mais diable, pourquoi l’Ukraine a-t-elle décidé de résister ? Si elle était tombée en 3 jours « comme un fruit mûr », il y aurait eu un moindre mal. Certes Zelensky aurait été maltraité, voire torturé et tué, au mieux il aurait été envoyé en prison, et Poutine se serait arrangé pour perdre la clé, mais il n’y aurait pas eu de casse. L’Europe aurait pu fermer les yeux, et Biden aurait eu la conscience tranquille : il avait fait le service minimum.
La résistance ukrainienne prend tout le monde de court. Y a-t-il un plan B ?
Cette nuit, les couleurs bleu et jaune de l’Ukraine fleurissaient sur les bancs du Congrès. Dans le discours sur l’état de l’Union, Biden a traité Poutine de dictateur et d’envahisseur, et affirmé le soutien des Etats-Unis aux sanctions.
© Edith Ochs
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