Mon arrière grand-père russe a été soldat du tsar, probablement enrôlé de force. Ma grand-mère tuée par les nazis était ukrainienne. J’ai voyagé en Ukraine avec mon amie russe Irina qui se sentait chez elle à Kiev. Dans les restaurants de Kiev j’ai retrouvé les saveurs de la cuisine yiddish.
Tout me touche et me remue de ce qui vient de là-bas. Malgré mes frères et grands-parents assassinés par les allemands à Minsk-Mazowiec. Malgré les pogroms ukrainiens et polonais d’un passé pas si lointain.
Pro-Poutine, Anti-Poutine. Comme si c’était là le sujet. Alors qu’il s’agit d’un jeu de go planétaire dont les règles secrètes nous sont le plus souvent cachées. Comme si je ne connaissais pas désormais par coeur la folie humaine, celle des puissants comme celle des humbles. On ne peut que chercher à s’orienter dans ce labyrinthe des passions et des intérêts, avec notre raison et notre esprit critique. En Ossétie du Nord, présent au lendemain de l’attaque terroriste de l’école numéro 1, j’ai pleuré pendant des journées entières avec les mères de Beslan. Mes trois petits enfants, Mira, Joël et Simon sont allemands. Joël veut vivre en France. Son arrière grand-père était un soldat de la Wehmacht et il a combattu en Pologne, en Russie et en Ukraine.
Comprendre, pleurer, combattre, rire : la vie est trop courte décidément pour être gâchée par nos disputes.
© Charles Rojzman
Charles Rojzman est Essayiste et Fondateur d’une approche et d’une école de psychologie politique clinique, « la Thérapie sociale », exercée en France et dans de nombreux pays en prévention ou en réconciliation de violences individuelles et collectives.
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