Raphaël Nisand – Les empires contre attaquent

L’affaire ukrainienne est très inquiétante puisqu’elle questionne directement l’existence d’un pays récemment indépendant, l’Ukraine, et met en cause la paix en Europe.

Une première depuis 1945. Il est inutile de dire ici à quel point les peuples européens sont irrévocablement attachés à la paix en Europe. Il faut donc saluer et appuyer les efforts consentis par les diplomaties et les chefs d’Etat de bien des pays dont la France qui tentent par tous les moyens de préserver la paix.

Pourtant, si nous en sommes arrivés là , il faut bien faire l’analyse du fait que la question nationale n’est plus prise en compte depuis des décennies.
Avec l’histoire du village planétaire et de la « mondialisation heureuse », de nombreux dirigeants ont perdu de vue que certains grands pays ne supportent pas que ce qu’ils pensent être leurs intérêts nationaux soient méprisés ou même méconnus.

C’est le cas des Etats-Unis, qui ne tolèrent pas que d’autres puissances (la Chine et la Russie par exemple) les concurrencent chez leurs alliés (en Amérique latine, en Europe et en Asie).

Les russes sont pareils, et le peuple russe est massivement aligné derrière Poutine en considérant que l’Ukraine ne peut pas quitter l’orbite russe, que ce soit en adhérant à l’OTAN ou même à l’UE. Joe Biden traumatisé par son échec en Afghanistan estime qu’il ne peut pas reculer vis à vis de l’Ukraine mais n’est-il pas déjà affaibli et en partie déconsidéré aux yeux de l’opinion mondiale ?

C’est ce qui rend ce dossier ukrainien si explosif : bien que l’on se trouve directement à la frontière russe et que l’on voit mal ce que l’Ukraine a d’atlantique, le Président américain est en quelque sorte contraint de sur réagir parce-qu’il ne peut pas se permettre une nouvelle reculade diplomatique.

Quant aux russes, cela fait des siècles qu’ils s’emploient à former un glacis de pays vassaux autour de la Russie et ils ne changeront pas aujourd’hui.
Pour les juifs, l’Ukraine ne laisse jamais indifférent.

C’est un pays ou se sont épanouies de fantastiques communautés à Kiev, Odessa et parfois jusque dans les moindres villages. Mais c’est aussi le pays des pogroms , de la Shoah par balles, de Baby Yar , et des supplétifs ukrainiens qui ont exécuté la Shoah.

Rappelons que la Shoah par balles s’est déroulée de l’invasion de l’URSS par les nazis en juin 1941 jusqu’à la création des centres de mise à mort en 1942 , souvent avec la complicité d’une partie de la population ukrainienne.

Dans les ravins de Baby Yar plus de 30 000 juifs de Kiev , hommes , femmes, enfants ont été assassinés par balles en quelques jours lors de la prise de Kiev par la Wehrmacht.

Un pays qui a connu un antisémitisme virulent mais dont l’actuel Président Zelenski ne se cache pas d’être juif .

La situation est grave et très tendue. L’ambassadeur d’Israël a été convoqué par les autorités ukrainiennes pour s’expliquer, Israël étant paradoxalement vu plutôt comme un allié de la Russie.

Les israéliens se tiennent prêts à évacuer leurs nationaux mais aussi l’importante communauté juive ukrainienne qui s’est recréée après la Shoah.

Les européens n’ont pas plus envie de mourir pour Kiev qu’ils n’ont eu envie de mourir pour Dantzig.

C’est pourtant dans ces contrées d’Europe centrale que s’est nouée la dernière guerre européenne de 39-45 , et il faut donc se méfier au plus haut point de la tension née dans cet endroit brulant.

Faire entendre la voix de la paix oui mais aussi celle de la raison qui consiste à éviter toute provocation qui fonctionne comme une étincelle devant un baril de nitroglycérine.

Nos dirigeants auront-ils cette habileté salvatrice ?

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