OPINION. Si un certain aveuglement idéologique a conduit à rendre la situation des banlieues inextricable, il est indispensable d’en comprendre les raisons pour résoudre cette fracture.
La pauvreté et l’urbanisme des fameuses barres d’immeubles ont été rendus responsables par la pensée dominante depuis 30 ans de l’agitation dans les banlieues, appelées par certains sociologues ou politiciens de gauche « les quartiers populaires ». En réalité, le problème des banlieues n’est que secondairement social et urbanistique. On vivait plutôt bien autrefois dans ces quartiers qui ont accueilli des gens de toutes origines qui quittaient les bidonvilles ou des pieds-noirs venus d’Algérie en 1962. À partir des années 70, le regroupement familial a favorisé l’arrivée en masse d’immigrés originaires du Maghreb. J’ai bien connu les habitants de nombreuses cités, les jeunes en particulier. J’ai suivi l’évolution de cette jeunesse turbulente, mais créative, avide de partage et de reconnaissance. Certains, je dois le dire, étaient dès les années 80 fascinés par la délinquance. Mais tout s’est aggravé quand d’autres habitants issus de l’immigration maghrébine et africaine sont arrivés en masse et ont importé des coutumes et des modes de civilité identiques à ceux des pays d’origine. Les problèmes de banlieue ne sont pas des problèmes sociaux, mais reproduisent désormais, encore davantage, les problèmes de gens pauvres qui y vivent comme à Bamako, à Alger ou à Gaza, ou plutôt comme dans des villages du Maghreb ou du Sahel.
Ceux qui pouvaient partir parce qu’ils en avaient la volonté forte ou les moyens matériels, ceux qui n’ont pas voulu donner la priorité à l’achat de maisons au bled, sont partis et d’une manière et d’une autre se sont intégrés dans la vie sociale et professionnelle. Des centaines de milliers de travailleurs pauvres, de toutes origines, se sont retrouvés piégés dans un cadre qui n’était pas le cadre français, et ont été obligés de s’y adapter en raison d’une immigration de masse qui amenait sans cesse de nouveaux habitants. Les institutions de la République, malgré des exceptions notables de personnes sur le terrain, courageuses et douées, capables d’écoute, de fermeté et de discernement, n’ont pas su être à la hauteur de l’enjeu, probablement en raison de fonctionnements restés bureaucratiques et technocratiques. On a cherché des solutions à des problèmes qu’on ne connaissait pas vraiment et on n’a pas su accompagner ces changements importants d’une société française confrontée à l’immigration de masse. De plus, en raison d’idéologies de gauche et de droite contradictoires, on n’a pas su gérer les émotions et les malaises d’une jeunesse trop souvent livrée à elle-même et enfermée dans une propagande victimaire que la réalité sociale se chargeait malheureusement de confirmer. Un antiracisme dévoyé et repentant, mélange de vertus chrétiennes devenues folles et de marxisme illuminé a fini par attiser le feu de cette victimisation, issue d’une décolonisation ratée et revancharde.
Mais pourquoi ne possédait-on pas les informations pertinentes ? Les habitants des quartiers ne prenaient pas facilement la parole pour raconter ce qu’ils savaient, par peur des représailles parfois de la part de ceux qui voulaient protéger leurs trafics illicites, par sentiment d’impuissance ou absence de confiance dans les institutions souvent. Dans les institutions, la peur des représailles existait également dans : baptisée parfois « devoir de réserve », elle ne permettait pas de dire les failles de l’institution. L’absence de formation, de préparation et d’accompagnement des agents en situation difficile, et d’autre part par le caractère anachronique de ce fonctionnement institutionnel qui n’a pas su ou voulu utiliser l’intelligence et la créativité des agents de base. Ainsi, j’ai eu l’occasion de travailler autrefois avec l’institution policière à la formation de commissaires de police à l’école de Saint-Cyr au Mont d’Or, ainsi qu’à la formation des formateurs de la police nationale à l’école de Gif-sur-Yvette. J’ai pu entendre les souffrances des agents de terrain, le manque de reconnaissance et d’écoute de la part de certains responsables hiérarchiques, plus soucieux de l’avancement de leur carrière que de la remontée des informations politiquement peu correctes.
Depuis très longtemps, la police est considérée par une partie de la jeunesse issue de l’immigration maghrébine et africaine comme une armée ennemie qui occupe indûment leur territoire. Il existe une minorité importante de jeunes nés en France et issus parfois depuis plusieurs générations de l’immigration maghrébine, turque, subsaharienne, tchétchène, albanaise qui manifestent par différentes formes de violences leur sentiment d’être des victimes : pillages et vols, trafics, agressions commises avec une brutalité extrême, délinquance, terrorisme… Ceux-là pourrissent la vie des cités, font fuir les habitants honnêtes, de toutes origines, qui ont la possibilité de partir, créent des situations intolérables aux enseignants, aux éducateurs, aux bibliothécaires, s’en prennent à la police, aux pompiers, aux médecins même. On connaît les raisons qui produisent ces violences : des pères souvent absents ou violents, une éducation islamique, marquée par l’intolérance de l’altérité, des tabous sexuels qui engendrent les frustrations, une culture de l’honneur et de la honte qui produit de la colère, de la peur, de la dépression et finalement de la haine. Ces jeunes de France ressemblent à leurs « frères » de Berlin, Düsseldorf, Göteborg, Alger, Londres, Bamako, Gaza : leur vision du monde est la même, nourrie de croyances superstitieuses et complotistes. Ils ont quelque chose de cet enfant abandonné avec un sentiment de faiblesse et d’impuissance qui constitue les facteurs de formation d’un caractère sadique. Les propagandes des réseaux sociaux et les prêches radicaux dont ils sont abreuvés ne contribuent pas à apaiser leur antisémitisme et leur haine d’une société française qui pourtant les nourrit et les entretient.
Le gouvernement actuel comme les précédents, soucieux de ne pas déclencher un embrasement des banlieues qui pourrait déboucher sur un conflit généralisé, redouté d’ailleurs depuis des décennies, n’utilisera pas la force en faisant intervenir l’armée comme certains le recommandent déjà. Le projet de police de proximité, qui fut une belle idée, mais mal présentée et surtout mal mise en pratique, a été rapidement abandonné. Désormais, il est peut-être trop tard.
Comment allons-nous éviter une aggravation des violences actuelles ? Comment allons-nous ramener au sein de la nation française ces adultes et ces enfants perdus, sachant qu’un grand nombre le souhaite en secret, mais n’ose le dire en raison de fonctionnements tribaux, appelés poliment communautaires ? Certains doutent déjà que cela soit possible et se préparent en réalité à une forme ou l’autre de guerre civile, impossible pourtant à imaginer, tant elle serait cruelle et dévastatrice.
© Charles Rojzman
https://frontpopulaire.fr/o/Content/co777590/comment-ont-ete-perdus-les-territoires-de-la-republique
Charles Rojzman est Essayiste et Fondateur d’une approche et d’une école de psychologie politique clinique, “la Thérapie sociale”, exercée en France et dans de nombreux pays en prévention ou en réconciliation de violences individuelles et collectives.
Vous dites :
” À partir des années 70, le regroupement familial a favorisé l’arrivée en masse d’immigrés originaires du Maghreb ”
Les années 70, et cette arrivée massive d ‘ immigrés, c ‘ est juste après mai 68 où, entre autre on a détruit l ‘ école : on a supprimé les estrades dans les salles de cours pour concrétiser l égalité professeurs-élèves.
On ne peut faire de l ‘ intégration dans ces conditions.
La secte raciste et communautariste nommée SOS racisme a très fortement contribué à ce désastre. S’il n’y avait qu’une seule chose positive à retenir du programme de Zemmour ce serait la dissolution de cette association toxique.