Pourquoi personne ne parle de la nouvelle installation nucléaire souterraine que l’Iran creuse et que Tsahal aura grand mal à bombarder?

L’installation de Natanz est construite profondément sous une montagne massive, ce qui rend extrêmement difficile pour Tsahal de la bombarder.

Par YONAH JEREMY BOB Publié: 16 FÉVRIER 2022 21:22
Mis à jour: 17 FÉVRIER 2022 01:24

Avion de chasse de l'IAF lors de l'exercice conjoint Red Flag à la base aérienne de Nellis au Nevada (crédit photo : COURTESY IDF SPOKESMAN'S OFFICE)

Avion de chasse de l’IAF au cours de l’exercice conjoint Red Flag à la base aérienne de Nellis au Nevada (crédit photo : AVEC L’AUTORISATION DU BUREAU DU PORTE-PAROLE DE Tsahal)

L’Iran développe une nouvelle menace nucléaire souterraine qui pourrait changer la donne – et qui continuera de se poursuivre, qu’il y ait ou non un accord nucléaire.

C’est un problème dont presque personne ne parle, dans une région connue, appelée Natanz où le Mossad aurait fait exploser deux parties d’installations nucléaires différentes en juillet 2020 et avril 2021 respectivement.

Cette nouvelle énorme menace nucléaire correspond à une installation souterraine inédite, que l’Iran creuse et construit dans la région de Natanz. Elle s’enfonce si profondément sous une montagne si grande qu’elle fera mordre la poussière à l’installation de Fordow, en ce qui concerne la capacité à la frapper et à la détruire.

Dans un récent rapport, le président de l’Institut pour la science et la sécurité internationale, David Albright, a écrit : « Fordow est déjà considéré comme si profondément enfoui qu’il serait difficile de le détruire par une attaque aérienne. Le nouveau site de Natanz pourrait être encore plus difficile à détruire.

Savoir pourquoi personne d’autre n’en parle – excepté Albright – relève probablement d’un mélange, entre l’émergence d’un problème qui pourrait ne pas mûrir pleinement avant 2023 et du fait qu’il existe peu de bonnes options pour le résoudre.

UN BÂTIMENT est endommagé après qu'un incendie s'est déclaré l'année dernière dans la centrale nucléaire iranienne de Natanz à Ispahan.  (crédit : ORGANISATION ATOMIQUE D'IRAN/REUTERs)

UN BÂTIMENT est endommagé après qu’un incendie s’est déclaré l’année dernière dans la centrale nucléaire iranienne de Natanz à Ispahan. (crédit : ORGANISATION ATOMIQUE D’IRAN/REUTERs)

La principale montagne abritant le nouveau complexe de tunnels de Natanz s’appelle Kuh-e Kolang Gaz La et culmine à 1608 mètres au-dessus du niveau de la mer, a-t-il précisé.

En comparaison, la montagne abritant l’usine d’enrichissement par centrifugation de Fordow, appelée Kūh-e Dāgh Ghū’ī, mesure environ 960 mètres de haut.

Le rapport indique que cela rend la montagne de Natanz plus haute d’environ 650 mètres soit bien plus de 50%, offrant potentiellement une protection encore plus grande à toute installation construite au-dessous d’elle.

Pendant environ 13 ans, les stratèges militaires ont débattu et se sont arrachés les cheveux pour savoir si l’armée de l’air d’Israël, dont on a tant vanté les mérites, disposait d’armes capables de pénétrer suffisamment profondément sous terre pour détruire Fordow.

Si Israël risquait de ne pas être en mesure de détruire Fordow, cela réduit considérablement le potentiel de succès de tout recours israélien à la force contre le programme nucléaire de la République islamique.

Albright dit sans équivoque que la nouvelle installation en cours de construction dans la région de Natanz sera 50 % plus difficile à détruire que Fordow, que Jérusalem pourrait être incapable de détruire.

Selon le rapport, l’installation souterraine est également énorme.

Cela signifie que les plus grands segments des programmes nucléaires de Téhéran pourraient éventuellement se déplacer vers ce site.

« Un responsable du renseignement occidental a récemment déclaré qu’il y avait de fortes raisons de croire qu’une usine d’enrichissement était en cours de construction sur le site souterrain de Natanz, et a réitéré cette affirmation dans une conversation de suivi », a écrit Albright.

Poursuivant son exposé, il a déclaré: « L’Institut n’a pas été en mesure de le confirmer de manière indépendante, mais une petite usine d’enrichissement par centrifugation avancée est certainement la probabilité la plus inquiétante. »

Albright a écrit : « Un nombre relativement restreint de centrifugeuses IR-6 avancées, disons 1 000, suffirait à créer une usine d’enrichissement plus puissante, offrant un doublement de la production d’enrichissement par rapport à Fordow et ne nécessitant qu’environ un tiers de la surface au sol du hall principal actuel de Fordow.

À son tour, cela pourrait signifier que la grande majorité du programme nucléaire iranien pourrait devenir intouchable par toute frappe aérienne.

La construction du nouveau complexe souterrain a été une priorité iranienne, après les deux précédentes opérations de sabotage.

Ali Akbar Salehi, alors chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (AEOI), a déclaré en avril 2021 : « Nous travaillons 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour déplacer toutes nos salles sensibles au cœur de la montagne près de Natanz.

Cependant, plus d’un an et demi après le sabotage de juillet 2020, l’installation de remplacement reste inachevée. Salehi avait également déclaré que les Gardiens de la Révolution espéraient que les salles « seraient prêtes l’année prochaine afin que nous puissions y déplacer ces installations ».

Cependant, même maintenant, on ne sait pas si le nouveau site sera prêt à fonctionner avant 2023.

Une fois que la République islamique l’aura mise en service, le rapport suggère que l’Iran pourrait passer de l’assemblage de centaines de nouvelles centrifugeuses avancées par an à des milliers.

Jusqu’à ce que la nouvelle installation soit construite, Albright a déclaré que Téhéran  » dépendait de capacités de centrifugation hors sol ad hoc limitées à l’assemblage de centaines de centrifugeuses avancées par an « , les opérations de sabotage retardant considérablement  » le programme de centrifugation de l’Iran « .

Tout cela est vrai malgré le succès de l’Iran à exploiter suffisamment de centrifugeuses avancées pour enrichir assez d’uranium de façon à fabriquer de multiples armes nucléaires potentielles – s’il décide d’en enrichir davantage jusqu’à des niveaux militarisés.

En ce qui concerne l’état de la construction, les images satellite tout au long de 2021 montrent d’importantes activités d’excavation, avec des tas de déblais en croissance constante, selon le rapport.

En novembre 2021, le rapport indiquait que « le secteur reste une zone de construction majeure, les travaux d’excavation semblent en cours et l’ensemble du tunnel ne semble pas terminé. Les matériaux de construction visiblement stockés le long des routes nivelées peuvent indiquer des efforts de revêtement de tunnel en cours, ou que l’Iran a commencé à équiper l’intérieur de certaines parties du complexe de tunnels.

« Deux zones d’entrée de tunnel, une à l’ouest et une à l’est d’une grande montagne, avec trois portails de tunnel probables ont été identifiées dans l’imagerie satellitaire commerciale, ainsi qu’une zone de préparation de la construction et un futur site de support hors sol probable », indique le rapport.

Albright a écrit que, « près du portail ouest du tunnel, il y a un nivellement de la route, peut-être pour un deuxième portail ouest, ou la genèse d’une voie d’accès au sommet de la montagne pour permettre la construction d’un puits/système de ventilation au sommet de la montagne. »

Il a recommandé que « des efforts soient faits pour dissuader l’Iran de terminer cette installation, ou… pour au moins perturber ses achats d’équipements et de matières premières nécessaires », car sinon, l’installation pourrait « reconstituer la capacité de l’Iran à déployer des milliers de centrifugeuses avancées chaque année, compliquant une fois de plus tout effort visant à allonger les délais de son échéancier furtif vers une percée nucléaire, dans un accord nucléaire.

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