ETATS-UNIS : des livres interdits
On est en 2021 et ils se remettent à interdire des livres. C’est quoi le message ?
Juno Dawson / The Guardian / 19 décembre 2021
Le conseil scolaire du comté de McMinn, Tenessee, a retiré de son programme scolaire le BD Maus d’Art Spiegelman, qui raconte l’histoire de ses parents, survivants d’Auschwitz.
Invité mercredi à une émission de la chaîne CNBC, Spiegelman s’est dit bouche bée devant la décision “orwellienne” du conseil scolaire. Les parents juifs de l’auteur ont été envoyés dans les camps de concentration nazis. Sa mère s’est suicidée quand l’auteur, âgé aujourd’hui de 73 ans, n’avait que 20 ans. “J’ai rencontré tant de jeunes qui ont beaucoup appris de mon livre …. Le Tennessee est toqué, c’est clair. Ce qui se passe là-bas est vraiment démentiel”.
Le conseil scolaire du comté de McMinn a justifié le retrait de la BD par la présence gratuite de jurons et de scènes graphiques de nudité, de violence et de suicide. L’ouvrage, à leur avis, est trop “adulte” pour figurer dans le programme scolaire. L’Holocauste a été “honteux au-delà de toute représentation” et le retrait de Maus n’enlève rien à sa valeur d’œuvre littéraire profonde et impressionnante. Le conseil cherche “d’autres ouvrages propres à satisfaire les mêmes buts pédagogiques dans un style plus ‘adapté-jeune ‘”.
Maanvi Singh contributed reporting.
Art Spiegelman : des « turbulences ‘politiques » expliquent le retrait de Maus d’un programme scolaire
LUKE TRESS / Times of Israel /8 février
Art Spiegelman, lauréat du prix Pulitzer pour Maus, l’ouvrage iconique sur l’Holocauste, s’adressant par zoom le 7 février à un public virtuel de 10 000 spectateurs, a analysé les motivations du retrait de son livre du programme scolaire du comté de McCinn, Tennessee. La conférence a été organisée par la Jewish Federation of Greater Chattanooga, la B’nai Zion Congregation, la Mizpah Congregation, l’Evangelical Lutheran Church of the Ascension et le Tenessee Holler, le journal qui avait publié le scoop sur le retrait décidé par le conseil scolaire [de droite].
Spiegelman a étudié en détail le compte-rendu de la réunion du conseil, qui s’est tenue, a-t-il dit, dans un contexte de turbulences politiques où on terrorise des bibliothécaires, des enseignants et des lecteurs, pour aboutir littéralement à brûler des livres. Des parents déterminés à contrôler leurs enfants imposent leur volonté sur les programmes scolaires.
Un membre du conseil a exigé que l’enseignement de l’Holocauste valorise le rôle des Etats-Unis, un autre a insisté sur le choix d’ouvrages patriotiques qui racontent la libération par les Américains des Juifs internés dans les camps. Spiegelman précise : les Américains ont hésité à entrer en guerre et à mettre fin à la persécution des Juifs ; ce sont les Russes qui ont libéré Auschwitz, lieu de détention de son père.
Aujourd’hui, on surveille les enseignants et les programmes dans le souci de ne pas offenser. On ménage, par exemple, la sensibilité du petit-fils d’un membre du Ku Klux Klan, on évite d’évoquer des pages sombres de l’histoire américaine, on voudrait bien enseigner l’Holocauste, mais dans une version adoucie, qui donne le beau rôle aux Américains. Faute d’affronter un monde de plus en plus dangereux, peut-on se cacher ainsi, derrière des mythes qui font chaud au cœur ?
Spiegelman note que de nombreux parents ont été gênés par des éléments intimes du livre où il raconte, sans noircir le trait, le rapport tendu avec son père, signe, à leurs yeux, du manque de respect pour ses parents. Dans une scène il traite sa mère de sale garce, dans une autre il évoque une liaison prémaritale de son père. Des détails essentiels à un récit véritable et vraisemblable de la vie dans son foyer, « un suburb d’Auschwitz ». Pas question pour Spiegelman d’en faire un livre d’histoire. Son engagement n’était pas avec son père mais avec le lecteur, dont il devait gagner la confiance. La polémique autour du retrait de son livre concerne les Juifs mais pas seulement les Juifs. Quand les parents contrôlent ce que leurs enfants peuvent regarder, lire et voir, les jeunes sont moins capables de réfléchir par eux-mêmes. Ça donne les reproches du genre, « Il ne devait pas parler comme ça à ses parents ».
Maus n’a pas été conçu comme un outil pédagogique. C’est justement l’aspect intime du récit qui est saisissant. Les jeunes reconnaissent l’honnêteté du texte. S’il avait fabriqué un outil pour enseigner l’Holocauste, dit l’auteur, c’aurait été comme un médicament.
Spiegelman nous met en garde : ces tendances sont le reflet d’une « époque périlleuse. Si l’on ne sait pas ce qui s’est passé, si l’on n’en reconnaît pas l’essentiel, ce n’est pas que l’Histoire se répète telle quelle, c’est qu’il faut tirer la leçon du passé pour se protéger. Une fois qu’un génocide de l’ampleur de l’Holocauste a eu lieu, c’est chose faite et, en conséquence, cela pourrait se refaire, cela pourrait inspirer un politicien affreux, monstrueux ».
Art Spiegelman blames ‘political headwinds’ for ‘Maus’ curriculum removal | The Times of Israel
VOIR AUSSI :
‘Maus’ Sales Surge After Tennessee School District Bans The Holocaust Graphic Novel (forbes.com)
‘Maus’ Sales Surge After Tennessee School District Bans The Holocaust Graphic Novel
Carlie Porterfield / Forbes / 28 janvier
Titles from Maus – a Pulitzer Prize-winning series about the Holocaust – made up nearly half of Amazon’s 10 best-selling comics and graphic novels Friday after one of the books was controversially banned by a Tennessee school district.
Goddard school district orders 29 books removed from circulation
Suzanne Perez / KMUW / 9 novembre 2021
The list of books includes several well-known novels, including The Handmaid’s Tale by Margaret Atwood, The Bluest Eye by Toni Morrison, The Hate U Give by Angie Thomas and The Perks of Being a Wallflower by Stephen Chbosky.
WICHITA, Kansas — The Goddard school district has removed more than two dozen books from circulation in the district’s school libraries, citing national attention and challenges to the books elsewhere.
Etats du Golfe : ça suffit, les Palestiniens
Normalisez et laissez les mauvaises langues se débrouiller toute seules
Ahmed Al-Jarallah, Editor-in-Chief/ The Arab Times / janvier 2022
Pourquoi nous ? Insultés par les Palestiniens ?
Quand ils sont contents ils médisent des dirigeants et des citoyens des Etats du Golfe. Quand ils sont fâchés ils tirent de leur dictionnaire tous les mots diffamatoires et abusifs et nous les jettent à la figure. Nous, citoyens du Golfe, en faisons abstraction et leur apportons aide et assistance. Nous avons participé à toutes les guerres arabes de défense du droit palestinien à un Etat indépendant sur les frontières de 1967. Nous étions les seuls à leur porter secours quand ils ont fait la guerre contre la Jordanie en 1970. C’est nous qui avons exfiltré Yasser Arafat. Avec l’Arabie saoudite, on a imposé un boycott sur l’export du pétrole aux pays occidentaux pendant la guerre de 1973. Malgré leur soutien à Saddam Hussein quand il a envahi le Koweït, malgré leur violence meurtrière contre les Koweïtis, nous avons aidé les factions de la résistance palestinienne.
Eux, Eux, ils se sont dressés aux côtés de nos ennemis, Jamal Abdul Nasser et Kadhafi. Ils ont affiché leur mépris en promenant dans leurs manifestations des animaux portant, sur des pancartes, les noms de nos rois et nos princes. Ces Palestiniens ingrats se dressent aux côtés du Houthi iranien, agresseur de l’Arabie Saoudite et du Golfe. Ils nous ont maudits parce que nous n’avons pas porté le deuil du serpent terroriste Qasem Soleimani. Mahmoud al-Zahar nous a traités d’homosexuels et Ismail Haniyeh nous a couverts d’insultes vulgaires. On peut les acheter à si bon prix ? Quelques milliers de dollars et une poignée de missiles iraniens ? Les Israéliens, la force occupante, n’ont pas droit aux insultes qui nous sont réservées. Lors de la commémoration de l’assassinat du criminel de guerre Qasem Soleimani, organisée par le Hamas et Al-Jihad, les manifestants ont crié « mort aux dirigeants des Etats arabes du Golfe, mort à la maison des Saoud ».
Nous allons supporter encore et toujours ces insultes proférées par les Palestiniens qui se vendent au plus offrant ? La Palestine est-elle toujours notre cause ? N’est-elle pas devenue un conflit interne qui n’apporte rien aux Etats du Golfe ? Soixante-dix ans déjà. Ça suffit. Il faut commencer par couper toute assistance. Finie notre médiation à chaque fois qu’ils lancent un missile contre Israël. Qu’ils reconstruisent ce qu’ils ont détruit. Ça suffit. Le dos du chameau est cassé par le poids de la souffrance infligée par ces Palestiniens ingrats. Ils encouragent le terrorisme contre nous avec des cris de « mort aux Etats du Golfe » et des slogans tels que « Le chemin de la libération passe par le Koweït, Abu Dhabi, Manama, Riyadh et Doha ».
Tous les pays du Golfe devraient normaliser leurs relations avec Israël, car la paix avec ce pays hautement avancé est juste. Laissez les imbéciles se débrouiller tout seuls.
http://www.arabtimesonline.com/news/normalize-let-insulters-fend-for-themselves/
© Nidra Poller
Nidra Poller, née aux Etats-Unis dans une famille d’origine mitteleuropéenne et posée à Paris depuis 1972, est une romancière devenue journaliste, le 30 septembre 2000, par la force des choses, dit-elle, par l’irruption brutale, dans mon pays d’adoption, d’un antisémitisme génocidaire, Nidra Poller est connue depuis comme journaliste, publiée entre autres dans Commentary, National Review Online, NY Sun, Controverses, Times of Israel, Wall Street Journal Europe, Jerusalem Post, Makor Rishon , Causeur, Tribune Juive, Pardès …
Elle rédigea longtemps le vendredi une Revue de la Presse anglophone pour la newsletter d’ELNET.
Elle est l’auteur d’une œuvre élaborée en anglais, en français, en fiction et en géopolitique, dont L’Aube obscure du 21e siècle (chronique), madonna madonna (roman), So Courage & Gypsy Motion (novel)
J’assume la contradiction, ajoute Nidra, me disant romancière mais pas auteure.
Observatrice des faits de société et des événements politiques, elle s’intéresse particulièrement aux conséquences du conflit israélo-palestinien et aux nouvelles menaces d’antisémitisme en France. Elle fait partie des détracteurs de Charles Enderlin et France 2 dans la controverse sur l’Affaire Mohammed al-Durah et soutient la théorie d’Eurabia (en particulier avec Richard Landes).
Elle a fondé les Éditions Ouskokata.
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