Le 23 janvier 2022, le cabinet ministériel israélien a approuvé le projet intitulé « Concert » destiné à financer la Hasbara (explication), aux Etats Unis et dans des pays occidentaux (et ce, à hauteur de 30 millions de dollars repartis sur 4 ans). Israël redoute, en effet, d’être confronté (dans les mois à venir) à une campagne internationale de délégitimation, l’assimilant à un État d’apartheid. L’objet de la Hasbara vise donc à contrer ce mensonge institutionnel et rétablir la vérité dans le cadre d’une intense (mais également couteuse) communication internationale.
Le document soumis aux Ministres (préalablement au vote) a précisé les objectifs du projet, en l’occurrence : « planifier et mettre en œuvre de manière stratégique et structurée une politique d’action pour lutter contre le phénomène de délégitimation de l’État d’Israël et construire une légitimité civile dans le monde ». S’agissant des moyens pour y parvenir, le document a prévu : « l’initiation et la construction d’outils et de domaines d’action innovants, et l’amélioration de l’efficacité des activités».
Pour le porte-parole du Ministère des Affaires Étrangères, Lior Hayat, la communication doit s’articuler autour d’une interférence entre Israël et la communauté internationale afin « d’utiliser l’expérience acquise pour améliorer l’image d’Israël, favoriser les liens entre la société israélienne et les autres sociétés, et encourager les partenariats avec la société civile en Israël et dans le monde »
Le quotidien Haaretz a fourni le nom d’initiateurs du projets (diplomates, anciens militaires, responsables gouvernementaux…) tels Amos Yadlin, Dore Gold, Yaakov Amidror…, repris le cadre posé par le gouvernement : « la Hasbara favorisera la promotion du discours d’Israël sur l’histoire pour contrer la délégitimation d’Israël dans le monde » et communiqué sur le calendrier des opérations : « le projet doit débuter dans les mois ou les deux mois à venir».
L’une des spécificités de l’Etat juif tient au fait qu’il doive constamment lutter contre la calomnie qui se répand comme un venin dans l’opinion publique. Ses cibles se concentrent alors autour de certaines structures (prétendant assurer la défense des droits de l’homme), qui sont parvenues à faire admettre deux principes mensongers sur le plan international : d’une part, Israël serait un pays fonctionnant selon le mécanisme de l’apartheid à l’égard des palestiniens (d’Israël ou de Cisjordanie) et, d’autre part, qui occuperait des territoires, faussement qualifiés de « palestiniens ». Parmi les plus connues, on peut citer : B’Tselem, Human Rights Watch, boycott, de désinvestissement et de sanctions (BDS) et Black Lives Matter…
En outre, Israël doit lutter contre le parti pris anti-israélien de l’Onu construit, en 2004, lorsque la Cour Internationale de Justice a rendu un avis qualifiant les terres de Cisjordanie, (abandonnées par la Jordanie, en 1988, et objet d’une répartition des prérogatives entre Israël et les palestiniens lors des accords de paix d’Oslo), de « territoires palestiniens occupés » (sic). Depuis, l’Onu ne cesse de condamner Israël pour son occupation de la terre d’autrui alors même que la Cisjordanie a été divisée dans le cadre de négociations de paix.
Pire, sur la base de ces thèses mensongères, la Commission des Droits de l’Homme de l’Onu à décider de l’ouverture d’une enquête internationale, sans limitation de durée (à l’issue du conflit ayant opposé Israël et le Hamas qui contrôle la bande de à Gaza, en mai 2021), concernant le traitement qu’Israël réserverait aux Palestiniens. Cette décision a été prise sur la base d’une autre affirmation mensongère selon laquelle « les forces israéliennes auraient commis des crimes de guerre » (tout en accusant, parallèlement les terroristes du Hamas, d’avoir violé les droits internationaux).
Dans la mesure où la Commission des Droits de l’Homme doit se réunir en mars 2022 pour débattre des supposés manquements par Israël à l’égard des palestiniens et des arabes israéliens, Yair Lapid a confirmé qu’Israël ferait face à d’intenses campagnes de calomnies dans les mois à venir. Il a donc décidé de poursuivre l’ancien projet dénommé « fronde de Salomon » (devenu « Concert ») jusqu’en décembre 2025, le dotant d’un budget doté de 8 millions de dollars chaque année (à condition de lever un montant de financement équivalent auprès de sources non gouvernementales).
Bien évidemment, Israël conteste catégoriquement les accusations d’apartheid, dans la mesure où la population arabe en Israël dispose des mêmes droits civils que la population juive, et que sa présence en Cisjordanie résulte des accords israélo palestinien de paix d’Oslo qui ont même conduit à l’attribution, en 1994, des prix Nobel de la Paix à ses signataires, Yasser Arafat, Itzhak Rabin, et Shimon Péres. S’agissant de la bande de Gaza (qui était antérieurement sous contrôle égyptien et non palestinien), l’ancien Premier Ministre, Ariel Sharon, a procédé à l’évacuation de tous les juifs en 2005. Aussi, le Gouvernement Hamas qui dirige la population gazaouïe (au demeurant sans mandat) n’est en rien entravé dans la poursuite de l’objectif qu’il s’est fixé, à savoir l’éradication de l’entité sioniste, hormis peut être le fait qu’Israël s’en protège.
Dans la mesure où la communauté internationale diffuse, sans relâche, les thèses mensongères (du même acabit que celles qui soutenaient que la terre était plate ou que le soleil tourne autour d’elle et qu’il faut tuer tous ceux qui prétendent le contraire), la Hasbara s’est fixé pour objectif de rétablir la vérité et de la diffuser le plus largement dans le monde.
Les mensonges institutionnels retournent le cerveau des personnes crédules et impressionnées par l’autorité qui les défend. La Hasbara doit donc entreprendre le travail de déconstruction du mensonge en rappelant de simples vérités :
– les palestiniens ne rêvent que d’une chose : venir vivre en Israël,
– les personnes arabes en Israël ont plus de droit que les personnes arabes dans n’importe quel pays musulman
– la Cisjordanie n’a jamais été palestinienne, le territoire sous mandat Britannique ayant été annexé par la Transjordanie (en avril 1950), avant d’être abandonné par la Jordanie (en juillet 1988), à l’origine des accords de paix israélien-palestinien d’Oslo dont est issue la configuration contemporaine.
– La Bande de Gaza n’est pas occupée : Israël se protège juste d’un programme soutenu par le Hamas, qui s’est fixé de le détruire
La Hasbara se doit donc de coordonner les initiatives en matière de sécurité, de renseignement et de diplomatie, de sorte que la vérité puisse éclore. Pour ce faire, il convient de recruter des influenceurs et des organisations pour valoriser l’Etat d’Israël dans l’ensemble des médias et lors des débats publics, tant à l’étranger qu’en Israël.
La Vérité n’a pas de prix mais sa diffusion à un coût. Comme les palestiniens se disent victimes d’apartheid (à l’instar de celui mis en place en Afrique du Sud dans la période antérieure à 1991), qu’ils s’inspirent donc des propos de Nelson Mandela qui disait « je ne perds jamais : soit je gagne, soit j’apprends ». S’ils sont bien attentifs à la Hasbara, ils apprendront beaucoup. Idem pour l’Onu.
Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach
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