Il aurait eu 40 ans aujourd’hui. Si la mort barbare donnée à Ilan Halimi un jour a été possible, ce n’est pas seulement parce que l’antisémitisme, cette peste noire, sévit toujours en France comme dans le monde :
C’est aussi parce que nous, Juifs de France, avec Vous, Amis d’Israël, bien qu’alertés et sincèrement désireux d’agir contre le fléau, avons depuis trop longtemps tremblé au lieu de nous redresser tous ensemble, fiers, mais encore résolus à interpeller nos dirigeants par la voix de nos dits Représentants communautaires , exigeant que soient apportées des réponses fortes non pas face à l’antisémitisme, délire paranoïaque inguérissable, mais à l’encontre des antisémites, que seules des sanctions exemplaires et lourdes décourageront.
C’est parce que nous nous sommes contentés de nommer « nouveau » cet antisémitisme islamiste venu se surajouter à la vieille obsession d’extrême droite.
C’est parce que nous avons accepté l’insupportable grand écart des Officiels, d’où qu’ils soient, venus à chaque date anniversaire, visage de circonstance et discours vains à l’appui, déposer devant la caméra gerbes et gravité au cours d’une minute de silence devenue rituelle.
La politique est venue au secours de l’antisémitisme, au lieu que d’en être la solution
Si un jour l’impensable, après la Shoah, a pu avoir lieu ici, avec l’extermination d’Ilan suivie des morts insoutenables de tant d’autres Juifs, nous obligeant à nous demander Qui sera le suivant, c’est bien qu’il nous faut aujourd’hui admettre un constat d’échec où chacun a sa part, mais où la politique est venue au secours de l’antisémitisme, au lieu que d’en être la solution.
Il y a un « avant » et un « après » Ilan Halimi. « Plus jamais », disions-nous, bercés de mots
Il y a un avant et un après Ilan Halimi. Plus jamais, disions-nous, convaincus. Mais les faits nous ont donné tort. Ils nous obligent, 16 ans après la mort inqualifiable d’Ilan, après celle de Sébastien Selam, après la mort par kalachnikov devant leur école de nos enfants et Frère d’Ozar Hatorah, Myriam Monsonego, Gabriel, Arieh et Jonathan Sandler, après celles de Yohann Cohen, Philippe Braham et François Michel Saada saisis lors de leurs dernières courses avant Shabbat, après le lynchage et la défenestration de Sarah Halimi, après la mise à feu de Mireille Knoll, à promettre que nous nous réunirons pour analyser ce qui nous a manqué et ceux qui nous ont manqué.
Ce qui nous a « perdus »: la servilité. La crédulité. La presque complicité aveugle. La prosternation. L’absence de courage
Nous trouverons. Nous trouverons, car nous savons très précisément ce qui nous a fait défaut : la servilité de nombreux de nos dits représentants dès qu’ils sont convoqués par le pouvoir en place, quel qu’il fût, leur crédulité pour ne pas dire leur complicité aveugle née d’un consentement indéfendable à relayer le mots d’ordre trop connus de « Pas de vagues », « Pas d’amalgame », leur absence de toute protestation lorsque ledit pouvoir, prétendant sincèrement gérer le problème juif, signait dans cet insupportable « en même temps » les Résolutions condamnant Israël et se taisait lâchement devant le Rapport abject déclarant l’Etat hébreu « Etat d’apartheid ».
Il faut créer de nouvelles Instances
Nous appellerons les amis inconditionnels d’Israël et, à leurs côtés , nous les créerons, ces nouvelles instances, cohérentes et courageuses, capables de rester en alerte et d’exiger que nos dirigeants rendent effective leur obligation de protéger une population juive aujourd’hui ciblée.
A nos frères de la Société juive de France, qui voient leurs représentants actuels prêts à partir, nous ne dirons pas qu’il convient de quitter la France, mais nous leur redonnerons la légitimité, celle de marcher droits, sans peur et sans raser les murs: Ils sont Juifs et Français.
Nous ne nous tairons plus face à la farce qui nous fut servie en guise de décision judiciaire voulant clore la défenestration d’une juive en plein Paris, d’une Sarah Halimi coupable d’être juive, et rendrons par l’exemple du châtiment impossibles les assassinats que seuls expliquent les clichés archaïques circulant au XXI ème siècle et concernant les Juifs.
L’année dernière, Alexandra Barouch[1], une “fille” sur les pas de son père, Claude Barouch, rappelait la mort d’Ilan à ceux qui, trop jeunes, auraient pu l’ignorer, de son enlèvement dans la nuit du 20 au 21 janvier 2006 à ce 13 janvier où il fut, après 24 jours de séquestration et torture, retrouvé agonisant le long d’une voie ferrée avant de décéder durant son transfert à l’Hôpital.
Alexandra a rappelé qu’aujourd’hui, à l’exception de Fofana, les membres du Gang des barbares étaient tous libres, nombreux d’entre eux à la faveur d’appui d’élus locaux soucieux de leur réélection.
« Force est de constater que les Organisations et Institutions juives ont disparu du paysage communautaire », faisait remarquer dans son discours Alexandra Barouch. Eh bien, s’ils ont disparu, Remplaçons-les par de plus courageux, de plus libres, de plus fiers, de plus résolus qui n’admettront pas que lorsque le meurtrier de Sarah Halimi choisit en pseudo de sa Page Facebook le nom du chef du Gang des Barbares: la société juive dans son entièreté doit demander comment il a pu se faire que ni le téléphone, ni la tablette, ni l’ordinateur du tueur aient été investigués.
« Où sont-elles aujourd’hui », demandait Alexandra Barouch à propos de ces Organisations et Institutions juives absentes, avant de répondre : « Elles ont préféré assister à la cérémonie organisée vendredi par la Mairie de Paris dans le jardin qui porte le nom d’Ilan mais il n’y aurait pas eu de jardin s’il n’y avait pas eu le 229 Boulevard Voltaire ».
Sarah Cattan
[1] Alexandra Barouch, au sein du Groupe les Républicains, Centristes et Indépendants du 16ᵉ arrondissement, est Conseillère d’arrondissement déléguée à la Lutte contre l’antisémitisme, le racisme, les discriminations et aux violences faites aux femmes. Fille du regretté Claude Barouch, Président de l’UPJF décédé cette année, Alexandra semble avoir mis ses pas sur ceux de son père adoré.
Bravo Alexandra , je me suis retrouvé souvent aux cotés de Claude Barouch , un juif debout qui nous a fait honneur .
Neanmoins , il est plus que temps d associer la defense du judaisme français a une vigoureuse orientation sioniste : que cela plaise ou non aux patrons de ce pays , il est temps , grand temps de mettre le tropisme israelien au centre de nos preoccupations : le futur des juifs se trouve sur leur terre et nul part ailleurs .
Jamais je n’oublierai Ilan Halimi, pour lui pour faire honneur à sa mémoire nous devons nous tenir debout avec fierté, en France ou ailleurs.