Tribune Juive

Pourquoi il est urgent de préserver Rioufol de ses propres dérapages ?

Trêves de mondanités.

Voilà qu’un éminent compagnon de route de la communauté juive, un défenseur régulier du Sionisme dans les années 2000, durant la période où le moral des Juifs de France était au plus bas et que l’État d’Israël prenaient les coups les plus vicieux (où alors n’avait-on encore rien vu ?) dérape verbalement à une heure de grande écoute et semble (selon toutes les apparences) réduire l’approche nazie du Ghetto de Varsovie à une affaire de « santé publique » et de lutte contre le typhus : « C’était (le Ghetto) un lieu hygiéniste ». Mais, ajoute t-il, « et la comparaison s’arrête là »…. Car nous vivrions dans une « Dictature sanitaire » (sic. et re-sic) de facture équivalente. C’est la thèse qu’il veut mettre en exergue dans son propos en détournant de son contexte historique « l’épidémie de marqueur biologique juif » à Varsovie et sa voisine d’en rajouter : « Oui le Ghetto, c’était avant tout ça », (l’hygiène… ) Quel déclin !

Incidemment, on enfermait uniquement au Ghetto des Juifs et non des « contaminés » comme le répète à l’envi le chroniqueur, qui semble avoir perdu ses lettres de crédit pour forcer le pas de la comparaison qui, répétons-le « s’arrête là » pour, néanmoins, repartir sur le petit refrain qui sent bon la France profonde des cortèges : « dictature sanitaire ».

Personne sur le plateau n’aura la pudeur de lui dire : « Yvan, tu déconnes, arrête-toi là et reprends-toi ». On le laisse se fourvoyer historiquement, non sans se lécher d’avance les babines à l’annonce de quelques associations triées sur le volet, type SOS-Racisme, La LICRA Nationale et d’autres, qui ne manqueront pas une occasion d’interjeter auprès du CSA, nous dit la presse People.

Rappelons le contexte : nous sommes une fois encore dans une émission « hygiéniste » montée de toute pièce autour de la personnalité électrisante du célèbre professeur Raoult, le Tournesol des temps modernes, pour démontrer à quel point nous vivrions dans une société du Big Brother sanitaire et jusqu’où il convient de fustiger l’action de l’actuel gouvernement français, ne sachant plus du tout par quel bout prendre le variant Omicron, justifier de pass vaccinaux qui semblent encadrer exagérément les simples faits et gestes du quotidien des Français, comme d’aller à la piscine, au théâtre ou à la boulangerie. La politique du tout vaccinal a montré ses limites au détour des récents variants qui ne nous font guère varier de nos nouvelles normes de vie à demie-retranchée.

Est-ce que, parce qu’un gouvernement exagérerait par redoublement de prudence, dans une avant-veille électorale où, moins il y aura d’hospitalisation et plus le Français aura la chance d’aller voter, il convient de laisser nos amis dire absolument n’importe quoi et, pourquoi pas, de les y encourager vivement ?

D’autant que l’étoile jaune antivax est à la mode et que fleurent bon les questions indécentes de type « Qui? » dans les cortèges…

Raoult, bousculé par ses instances de l’ordre, ne sait plus où donner de la tête pour faire remonter sa cote en berne, depuis que l’hydroxychloroquine n’est plus retenue (par aucune autorité médicale sérieuse) comme « produit miracle ». Et Rioufol a voulu lui faire la courte-échelle pour l’aider à remonter à bord de la frêle embarcation des experts qui comptent sur ce vaste sujet sorti de Wuhan et qui, depuis, nous échappe et mute.

L’occasion faisant le larron, voilà que la campagne politique bien plate jusqu’alors s’anime et reprend vigueur autour de ce dérapage plus ou moins incontrôlé et que les ligues de petite vertu ne mettent que peu de temps à se constituer : on trouve, Hidalgo en tête (sauve-qui-peut de Madame 3%, juste derrière Taubira), Enthoven, le bretteur BHL, le CRIF et quelques autres belles plumes autorisées dans les milieux de même acabit. L’occasion est alors trop belle de se lancer dans l’exercice préféré des Français :

La bipolarisation à outrance ! Le clivage qui tue.

Dans ce combat de catch dans un tunnel, il devient difficile, voire irrévérencieux de prétendre seulement rappeler l’histoire, rien que l’histoire, mais toute l’histoire.

En l’occurrence et que cela plaise ou non :

A titre personnel, je trouve dommage toutes ces dérives qui visent à mettre le vocable « Juif » à toutes les sauces, y compris dans la défense de causes opposées à toute prévention d’un virus, par principe ou hantise de la piqûre. Si vous avez la trouille, attendez que Pfizer ou Israël sorte la pilule-miracle.

Il est extrêmement dommageable aussi, que dans les textes de défense de notre ami Rioufol, ses avocats de plume ne prennent même plus le temps de recadrer les situations et les contextes, les éventuelles dérives auxquelles cela nous entraîne. Toute prévention, à l’égard du « mis en cause » ou des auditeurs et lecteurs, disparaît au profit de la joie éprouvée dans la controverse pour elle-même. Parce que la seule chose qui compte, à présent, est de se démarquer de l’adversaire de l’autre bord, partisan des tribunaux médiatiques, et de montrer à quel point c’est lui le couard, le malveillant, le « faux ami ». Même si l’intention n’était que de défendre les ruines de Varsovie contre les thèses tirées par les cheveux. Le fond ou la forme ? Dans les studios parisiens, on s’en moque, pourvu que ça saigne.

Puisque notre ami a parlé, alors faudrait-il prendre faits et causes pour lui, car il devient, de fait (mais à qui la faute ?) la victime par ricochet de ses propres maladresses et des détracteurs qui, forcément, s’en saisissent pour le pousser dans ses derniers retranchements.

Yvan Rioufol peut régler ses comptes et litiges avec l’establishment vaccinal, ou avec la crème de la communauté trop institutionnelle et pas assez présente auprès des petits et sans-grade, surtout dans les bouclages d’enquête parlementaire et leurs absences de conséquences pour raison d’État. Mais les sujets n’ont rien à voir entre eux.

Et il n’y a pas lieu de tordre les faits, de travestir l’histoire, de noyer la mémoire des nôtres pour sauver l’honneur bafoué de quelque intellectuel qui, momentanément, s’est égaré dans l’âpreté des discours préfabriqués (ou pavloviens ?) sur des sujets d’actualité dont on est pressé de se sortir.

J’espère pour elle que Tribune Juive saura faire la part du feu dans les semaines et mois à venir, car la campagne et les manipulations de toutes sortes s’intensifient.

J’ai autrefois, avec beaucoup d’autres, cautionné un mouvement dirigé par Shmuel Trigano et Raphaël Draï qui s’intitulait : « Raison Garder ».

Que cela vaille pour la situation politique délirante en Eretz Israël, avec des policiers aux écoutes en train de piéger l’honnête citoyen par son smartphone, ou en France où Claude Goasguen ou Claude Barouch nous regardent du Haut où ils se trouvent, et se retournent sûrement dans leurs tombes, il serait grand temps de tenter de sortir les Juifs de France et leurs amis des voies sans issues et débats stériles qui renforcent le seul sentiment d’impuissance.

Cordialement,

In Memoriam Icek Zyngier Z’l mort dans les décombres du Ghetto le 24 avril 1944, membre d’un SonderKommando ramené de force d’Auschwitz-Birkenau.

Du point de vue de l’occupant, de nombreux arguments plaident pour l’utilisation des ruines comme le lieu d’exécutions en masse. Le quartier est situé à proximité de la prison de Pawiak, où est détenue la majorité des prisonniers politiques. Les murs du ghetto et les nombreux commissariats allemands isolent le « désert de pierres et de briques » du reste de la ville. La police traque toujours les Juifs cachés dans les ruines du ghetto, ce qui explique les détonations. Il est facile de brûler ou enterrer les corps dans les ruines. Enfin, en été 1943, sur le terrain de l’ancien ghetto (aux environs de la rue Gęsia), le camp de concentration de Varsovie, commence à fonctionner. Son personnel sert aux exécutions, tandis que les prisonniers et le crématorium sont utilisés pour faire disparaître toutes traces des meurtres.

PS : Cher ami Yvan Rioufol, documente un peu plus tes sources, concernant les bilans de santé à Varsovie, tu pourrais bien en être édifié !

©️ Marc Brzustowski

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