Chez LR, ténors et adhérents font grise mine. Ils savent que si l’un des deux candidats nationalistes devait renoncer à se présenter, hypothèse certes très invraisemblable, leur candidate serait éliminée de la course à l’Élysée.
Mais ils voient aussi que Valérie Pécresse n’imprime pas (encore) comme ils l’espéraient. Dimanche 13 février au Zénith de Paris (la porte de Versailles ou le Parc des expositions de Villepinte siérait mieux à la future présidente de la République ?), la candidate LR a rendez-vous avec l’histoire, avec SON histoire !
La dynamique Zemmour, après un pallier de quelques semaines, reprend de plus belle : samedi dernier, le patron de « Reconquête » a battu Marine Le Pen en termes d’affluence aux meetings et, mais cela on le savait déjà, de verve et de verbe !
Pour Valérie Pécresse, prise en tenaille entre Zemmour et Macron, le défi est redoutable. Pour qui l’ancien électorat de François Fillon va-t-il voter ? Lequel avait toutes les chances de l’emporter en 2017, s’il n’avait pas été coulé par « les affaires » et l’inhabituelle célérité de la justice.
Plus que jamais, Éric Ciotti est et sera de plus en plus l’arbitre des élégances : arrivé en tête du premier tour de la primaire LR en décembre dernier, loyal (plus que Pécresse) à son parti, résistera-t-il longtemps à la tentation de rejoindre son ami Éric Zemmour . Il a déjà prévenu que, opposé à Emmanuel Macron au second tour, il appellerait à voter pour Zemmour. D’ailleurs, Éric et Éric ne partagent pas seulement le même prénom. Leurs idées sont voisines, et en tout cas bien plus en phase qu’avec celles de Valérie Pécresse, qui ne parvient pour le moment à se défaire de son image de Macron en jupons, un Macron dont de nombreux adhérents LR craignent qu’elle lui apporterait son soutien, si elle ne se qualifiait pas pour le second tour.
Certes, l’appel à voter Macron face à Zemmour en cas de second tour, et plus si affinité (Pécresse, premier ministre d’une cohabitation nouvelle formule ?) peut toujours être présenté comme un sacrifice dans le but de sauver la France, dans l’esprit de Jacques Chirac, voire du général de Gaulle que chacun s’approprie alors qu’il n’évoque plus que l’histoire pour la majorité des Français. L’archevêque Nicolas Sarkozy, dont les bonnes relations avec Emmanuel Macron sont régulièrement soulignées, pourrait donner sa bénédiction à cette nouvelle communion.
Pour LR, c’est donc la victoire ou la mort. Car personne ne doute que la droite volerait en éclats si elle était une nouvelle battue, a fortiori éliminée dès le premier tour. Les prochaines semaines seront décisives. Les toutes prochaines semaines, car si LR doit se désintégrer avant le scrutin, autant que ce soit fait rapidement. Adhérents et dirigeants du parti ont un œil rivé sur les sondages, un autre sur Éric Ciotti. Ce dernier a juré fidélité à sa famille politique. Mais est-ce encore une famille ? Qu’aurait-t-il à gagner de cinq nouvelles années d’opposition, au sein d’une droite dont le chef serait Éric Zemmour, flanqué de Marion Maréchal et d’une partie des LR ? Autant couper le cordon dès maintenant, casser la branlante baraque gaulliste et devenir le Premier ministre d’Éric Zemmour en cas de victoire tremblement de terre. Si les choses tournent mal, il pourra toujours faire une sortie à la Chirac face à Giscard « je ne dispose pas des moyens de mener à bien ma politique… ». N’oublions pas qu’il n’y a pas de trahison en politique, mais seulement des sacrifices au service de la France !
À deux mois du premier tour, ce scénario n’est pas écrit. Mais on y pense. De plus en plus fort. Entre Macron et Zemmour (Le Pen vire vers une gauche nationale-populiste), Valérie Pécresse espère trouver le chemin de l’Élysée. Il est étroit, sinueux et semé d’embuches.
The Long and Winding Road, chantaient les Beatles, chanson figurant sur l’album Let it Be. Ainsi soit-il, donc, si tant est que le fatalisme soit le sentiment dominant chez LR. Pour le moment, ce serait plutôt Thriller (Mickaël Jackson) !
Il reste que dimanche 13 février à Paris Valérie Pécresse fendra peut-être l’armure et rencontrera le peuple français, creusant l’écart sur ses rivaux de la droite nationaliste. Suspense garanti !
© Michel Taube
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