Elie Sasson. Rétablir la vérité après l’accusation infâme d’antisémitisme visant Ivan Rioufol

Rioufol aurait basculé dans le camp des négationnistes… Eh oui, c’est officiel, de BHL à Enthoven, en passant par Kalifat et bien sûr Haziza, déjà connu pour sa grande honnêteté intellectuelle qui fait la grandeur de la radio RCJ, tous ont décrété mercredi dernier que Rioufol avait basculé dans l’infâmie.

Voici mots pour mots les propos exacts prononcés à L’Heure des Pro par Rioufol : « Rappelez-vous quand même que quand le ghetto de Varsovie a été créé en 1940, c’était un lieu de contaminés… d’abord un lieu hygiéniste (Il est interrompu par Sophie Obadia par ces mots : « le ghetto c’est ça, l’origine du ghetto, c’est ça ») … c’était un lieu qui était fait pour préserver du typhus… »

On notera que l’avocat Sophie Obadia, très opposée politiquement à Rioufol et c’est bien son droit, abonde pourtant dans son sens.

On notera aussi que ni Olivier Dartigolles, communiste convaincu, ni Jérôme Béglé, ancien directeur adjoint de la rédaction du journal Le Point et nouveau directeur de la rédaction du Journal du Dimanche, ne relèvent une quelconque indignité dans les propos de Rioufol. Personne sur le plateau n’imagine une seconde que Rioufol ait pu considérer que les nazis avaient eu la réelle intention de soigner les juifs du typhus en les enfermant dans le ghetto de Varsovie. Tout le monde comprend que Rioufol a voulu simplement rappeler que c’était bien un « prétexte hygiéniste » qui avait été invoqué initialement par les nazis pour justifier la concentration des juifs à l’intérieur du ghetto. Tout le monde sur le plateau n’a pas l’ombre d’un doute sur le sens des propos de Rioufol.

Et pour cause, c’est tellement impensable pour qui se veut objectif de prêter à Rioufol une idée aussi inepte et nauséabonde que celle de considérer que les nazis étaient bienveillants à l’égard des juifs.

Pourquoi donc, en dehors du plateau, est-ce une tout autre histoire que certains voudraient nous conter ? Beaucoup de questions me taraudent, je pèse le verbe, au sujet de ces vigilants antifascistes. Sont-ils convaincus de ce qu’ils écrivent ? Comprennent-ils réellement tout de travers ? Sont-ils à ce point obsédés par le nazisme qu’ils s’imaginent le voir partout et tout le temps ? Après tout, peut-être suis-je moi-même devenu trop indulgent avec la droite identitaire ?

Durant deux heures de mon dimanche après-midi, j’ai cherché et fouillé sur internet la plus petite trace du moindre propos antisémite, négationniste ou révisionniste de Rioufol. Malgré mon obstination à vouloir me prouver que je m’étais peut-être égaré du côté sombre de la force, je n’ai rien trouvé. Même pas le début d’un propos ambiguë.

Comment comprendre alors que tant de gens, qui pourtant paraissent intellectuellement honnêtes, puissent à ce point mal interpréter les propos d’un homme qui n’a jamais, de toute sa vie, tenu de propos négationniste ?

Admettons même que parmi ces excités du tweet accusateur, certains ne soient pas aussi honnêtes qu’on voudrait le croire. Il n’empêche qu’on ne pourrait les imaginer manquer d’intelligence. Et puisqu’ils n’en manquent pas, ils ne peuvent ignorer qu’en feignant l’offense devant des propos justement inoffensifs, ils seraient forcément démasqués. S’ils n’ont pas peur de l’être, c’est que leur sentiment d’offense n’est pas feint.

Diable, c’est bien plus grave que ce que j’espérais. Je les imaginais menteurs et fourbes. Certains le sont sans doute. Mais je crains qu’une majorité ne soit sincère.

On pourrait résumer leur état d’esprit en une phrase : tous ceux qui ne pensent pas comme eux sont forcément des nazis et doivent être dénoncés. Et ce n’est pas une posture. C’est vraiment ce qu’ils pensent au plus profond d’eux-mêmes.

© Elie Sasson