Notre relation n’a pas toujours été facile.
Dans le temps, je trouvais le shabbat trop long, trop limité, trop replié sur lui-même et donc inadapté à mon besoin inconditionnel de liberté.
La synagogue c’était pas mon truc et plus encore quand c’était pour faire plaisir à un tas de gens qui espéraient me voir suivre leur propre façon d’aimer la vie.
Le temps passait tellement lentement. Mais bon, il y avait les copains, les mouvements de jeunesse, et, finalement, tant bien que mal, on parvenait à trouver une espèce de compromis nous deux.
Pas vraiment copains, mais un peu plus que voisins.
L’histoire, la vraie, a commencé plus tard. On n’osait pas se regarder en face au début. C’est pas si facile de tomber amoureux de quelqu’un qui a toujours été là et de le lui avouer. Alors on ne dit rien. Je me berce de ses senteurs, elle allume pour moi deux flammes, je la retrouve dans mon verre, elle me guette dans chaque larme de vin, dans chaque chant et il n’y a plus d’été et plus d’hiver, mais juste dimanche, lundi et mardi pour la quitter, et mercredi, jeudi et vendredi pour me préparer à la retrouver.
Comme aujourd’hui.
La reine va me faire un clin d’œil en entrant. Je vais l’attendre là, sur mon trente et un, comme un Di Caprio qui se prépare à la plus belle scène de son plus joli film. Elle, elle va montrer toute la majesté de sa simplicité. Et me faire me sentir roi. Et comme on n’est plus très jeunes, alors on va se raconter notre semaine, on va dîner, et puis on montera se reposer. On aime bien ça, nous reposer. Main dans la main. Unis jusqu’à l’éternité.
© Bernard Zanzouri
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