Communiqué pour la Commémoration de la Libération des camps nazis, Jean-Dominique Durand, Président de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France

Jean-Dominique Durand

Président de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France à Rennes, dimanche 30 janvier 2022

Il y a soixante-dix-sept ans, le 27 janvier 1945, était libéré le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau par les troupes soviétiques. Le manteau noir du nazisme qui emprisonnait l’Europe se déchirait. Dans les mois qui suivirent, et jusqu’au 8 mai inclus, avec la libération du camp de Terezin près de Prague, le monde découvrait avec une horrible stupéfaction la réalité des camps.


Mémorial du camp de concentration de Terezin 2022 – Prague

Les troupes alliées, qu’elles fussent soviétiques, américaines, britanniques, françaises furent toutes frappées d’horreur. Les nazis avaient pourtant cherché à camoufler leur crime, en contraignant les malheureux déportés déjà exténués à d’invraisemblables marches dans le froid de l’hiver, en massacrant les prisonniers survivants, en faisant sauter les chambres à gaz.

Dans tous les camps, ce fut la même sidération. Tous les soldats qui se battaient sur les divers fronts européens depuis des mois, voire des années, qui avaient connu pour certains les champs de bataille jusqu’en Afrique du Nord et en Asie, qui avaient affronté la mort, la peur, qui avaient connu la guerre avec son cortège d’horreurs, découvraient l’inimaginable, le summum de l’ignominie, le système concentrationnaire nazi. Les noms des îles constituaient l’ignoble archipel.

J’en cite quelques uns : Natzweiler-Struthof, Mauthausen, Ravensbrück, Dachau, Bergen-Belsen, Treblinka, Auschwitz-Birkenau, Buchenwald, Maïdanek, Treblinka, Theresienstadt, Cross- Rosen, Ohrdruf, Sachsenhausen, Monowitz, Rawa-Ruska, Dora, et tant d’autres.

Treblinka

Une litanie qui paraît interminable. Camps d’extermination, camps de concentration, camps de représailles. Tous avaient en commun une organisation minutieuse pour non seulement tuer, mais surtout pour dépouiller les prisonniers de leur dignité de personne humaine.

Cette sombre litanie énumère des lieux. Des lieux d’une souffrance indicible, impensable, la souffrance de millions d’hommes et de femmes, de vieillards et d’enfants. Ils avaient été arrachés à leur vie quotidienne, à leurs maisons, à leurs familles, parce qu’ils étaient juifs.

Ils avaient été jetés dans des wagons à bestiaux parce qu’ils étaient juifs. Ils avaient roulé à travers l’Europe, venant de France, d’Italie, de Belgique, de Hollande, de Grèce et des Balkans, d’Autriche et de Hongrie, d’Allemagne, de Pologne, de Turquie, de Bulgarie, de Russie, parce qu’ils étaient juifs. Ils avaient roulé, roulé, roulé dans des trains immondes, pendant des nuits et des jours, dans l’angoisse, la peur, la promiscuité, tenaillés par la faim et la soif. Ils avaient fini par arriver en enfer. Ils étaient juifs.

On les avait amenés là parce qu’ils étaient juifs. Pour les tuer, parce qu’ils étaient juifs. Pour réduire ceux que l’on ne tuait pas immédiatement, à un état d’animalité, pour annihiler en eux tout sentiment d’humanité. Parce qu’ils étaient juifs.

Mais soixante-dix-sept ans plus tard, nous ne sommes toujours pas libérés du Mal. Le temps présent   confirme chaque jour la justesse et l’actualité de la crainte exprimée par Primo Levi lorsqu’il disait :

« L’idée d’un nouvel Auschwitz n’est certainement pas morte, comme rien ne meurt jamais. Tout resurgit sous un jour nouveau, mais rien ne meurt jamais. »

La barbarie n’est pas morte. Elle est même bien vivante. Elle s’active sur tous les continents. Du 11 septembre 2001 à New York au 13 novembre 2015 à Paris, c’est une nouvelle litanie de noms de massacres, en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne, en Europe, en Asie, au Proche-Orient, qui s’enroule autour du monde.

Nous n’oublions pas Ilan Halimi, séquestré et torturé durant trois semaines puis assassiné en 2006, ni les enfants Gabriel 3 ans, Aryeh 6 ans, Myriam 8 ans, à Toulouse, qui nous renvoient aux enfants d’Izieu. Nous restons sous le choc des massacres de 2015.

Commémorer la libération des camps nazis, ce n’est pas seulement se réjouir de l’effondrement d’un système inhumain. C’est aussi et surtout, à travers la Mémoire et la Culture, adresser un message fort à nos contemporains, aux jeunes et à tous les citoyens alors que 77 ans après, à nouveau, l’antisémitisme s’empare de notre société et que la barbarie la plus effroyable se répand dans toute une partie du monde.

Par Jean-Dominique Durand, Président de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France, Rennes, le 30 janvier 2022

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