Quand le politiquement correct adoube le négationnisme, par Gilles FALAVIGNA

Entre effarement et colère, nous apprenons que la célèbre bande dessinée d’Arthur Spiegelman « Maus », Prix Pulitzer 1992, vient d’être interdite dans une école américaine. Le roman graphique qui décrit la Shoah aurait un contenu « inapproprié » conformément au vocabulaire entendu.

Qu’est le plus choquant ? Que ce soit le cadre éducatif qui refuse de décrire la Shoah ou le négationnisme en aboutissement ? L’oubli et accessoirement le pardon qui l’accompagne sont en ligne de mire.

Il est important de considérer, également, que l’information est datée des commémorations de la libération d’Auschwitz.

Tout a-t-il été dit à propos du négationnisme ? On pourrait le croire. Si on qualifie de négationnisme, c’est en rapport à un événement incontestable et en l’occurrence, la Shoah. Et dès la fin de la guerre, elle fut contestée et relativisée.

Les Nazis et les collaborateurs n’ont pas pu tenter le négationnisme. Les principaux accusés récusaient leur responsabilité individuelle mais pas la réalité des camps de la mort.

Plus loin, le régime de Vichy et ses acolytes, revendiquaient la plus extrême violence antisémite.

Maurice-Yvan Sicard, l’un des responsables du Parti Populaire Français, fait paraître une des brochures les plus antisémites jamais publiée sous l’Occupation. Sa présentation, agrémentée de photos de camps d’internement, se termine par ces mots : « Il y a dans notre pays des patriotes qui ne reculeront devant rien. Il y a dans notre pays des Français qui ne seront jamais vaincus, quoi qu’il arrive. Alors, nous disons aux Juifs : Ne vous mettez pas sur leur chemin. Ne vous présentez pas à leur regard. Chapeau bas, en veston, comme vous êtes venus il y a cinq ans ou cinq siècles, partez. Partez vite. Partez AVANT. »

Je vous hais!

Où auraient-ils pu aller ?!

Bref, fondamentalement, le Négationnisme ne vient pas de l’Extrême Droite, fût-elle issue d’anciens communistes. La mouvance trotskiste est à l’origine de l’intellectualisation du négationnisme. Paul Rassinier, au sein de la Vieille taupe, est un des Pères fondateurs du Négationnisme.

Après la guerre, il entreprend de mettre en doute l’existence des chambres à gaz. Il cherche des arguments visant à disculper l’Allemagne nazie afin de mieux mettre en évidence les crimes de Staline d’un côté, et ceux du capitalisme fauteur de guerre, de l’autre. Il inaugure le caractère « hyper critique » du Négationnisme.

C’est sur ce point méthodologique que le Négationnisme n’est pas du révisionnisme historique. La révision fait partie du travail d’étude. C’est ce qui permet d’éviter les dogmes. Le Négationnisme, lui, chasse le point qui pourrait être équivoque au milieu de l’unanimité des preuves et va inverser la charge de la preuve pour celui-là.

Le conseil d’administration du comté de McMinn couvre l’ensemble des collégiens du comté dans le Tennessee. Mais le Wall Street Journal, à l’origine de la diffusion de l’information, indique que le phénomène se reproduit dans de nombreux Etats.

Cette interdiction a été votée à l’unanimité le 10 janvier 2021 car le livre aborde le sexe, la nudité et la violence.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Il est évident que ce conseil éducatif, comme les autres, n’est pas un repère néonazi. Comme pour les promoteurs du Négationnisme d’après-guerre, leur intention est le bien de leurs enfants et plus largement le bien de l’humanité.

Dans notre société lissée, aseptisée, société où  ce qui pourrait offenser est érigé en mal absolu, la foule semble accepter son viol.

L’ouvrage Le viol des foules, à l’époque du Nazisme, faisait réagir. La symbolique des 3 flèches marquait la résistance. Puis les 3 flèches furent remplacées par un poing tenant une rose. On ne combat plus. On rêve d’un monde meilleur. La propagande ne fait plus peur. La société l’associe à du complotisme dont on se moque. Le viol collectif n’est pas une offense. Ici, c’est l’avenir des enfants qui est violé. Ils sont un laboratoire d’essais sociologiques. On leur enseigne les nouvelles lois du genre à la manière du nouveau Tartuffe offensé à la vue d’un sein.

Le conformisme est le moteur de ce qui est correct. Il est complètement déconnecté des réalités.

Selon les études gouvernementales, plus de 30 % des enfants de 12 ans disposent d’un accès libre à la pornographie. Surtout, 80 % d’entre eux ont recherché ce contenu.(*)

Reprocher à des dessins de montrer la nudité de souris est la négation de la réalité de ce qui est une violence.

C’est une première approche vers le Négationnisme puisque l’école, lieu de l’instruction réfute la dureté de la Shoah.

Nous devons poursuivre le parallèle entre le Négationnisme et cette affaire car il ne s’agit pas de parallèle mais de convergence.

Le Négationnisme est sorti de la sphère militante pour se propager à l’ensemble de la société par son vecteur islamiste et islamo-gauchiste.

Roger Garaudy publie, en décembre 1995, les Mythes fondateurs de la politique israélienne. l’Holocauste est présenté en un « instrument » de la politique israélienne. En décembre 2006, le président iranien Ahmadinejad, lors du colloque négationniste organisé à Téhéran, reprend la négation de la Shoah et constitue la position officielle du chef d’un État.

L’évolution du Négationnisme est passée de la minimisation du rôle du Nazisme à la culpabilisation du Sionisme. Le prétendu « intérêt israélien » pour le Shoah-business ouvre la porte du vieux thème de l’argent. Les Juifs sont toujours déterminés par leur profit. Le principe de l’hypercritique accède alors à tout l’imaginaire antisémite traditionnel comme le crime rituel, l’un prouvant l’autre. L’ensemble de la rhétorique anime la cause palestinienne.

Pour la commémoration de la libération d’Auschwitz, cette année, le drapeau nazi flotte sur la mosquée de Beit Omar, sous autorité palestinienne.

Quand les dessins sont interdits, car ils pourraient offenser les enfants, nous pouvons penser aux caricatures de Mahomet qui en offensent d’autres. Le politiquement correct et l’Islam sont deux concepts qui vont très bien ensemble.

(*) https://fr.statista.com/statistiques/577136/volonte-exposition-images-choquantes-enfants-france/

Par Gilles Falavigna