Aujourd’hui 27 janvier, journée du souvenir de la Shoah, Auschwitz était libéré et le monde découvrait l’horreur de la barbarie nazie. Ni oubli ni pardon. J’ai écrit ce texte il y a 5 ans et j’ai décidé de le publier tous les 27 janvier de ma vie.
Elle s’appelait Hanna » … Et habitait au 18 rue Popincourt.
« zingen vel ikh dir a lidele…» Et je te chanterai une chanson… J’suis tombée du train… Ou peut être qu’on m’a jetée. J’me souviens plus très bien Je suis Boubélé une poupée de son et de chiffon J’ai failli rater le train Quand les gendarmes sont venus nous chercher Elle m’avait oublié cachée sous le lit J’ai tellement pleuré que le monsieur en uniforme Le gentil, pas l’autre à moustache a accepté de m’accompagner
On est remonté et Boubélé m’attendait sous le lit.
Le train avait quitté la gare de Drancy en fin d’après midi Plus de trois heures pour dépasser Meaux à cause des saboteurs
Enfin la nuit tombée le train est reparti… vers où ? Vers la nuit sans lune et sans étoiles. Entre Meaux et Château Thierry Boubélé est tombée sur les voies Je ne me suis pas fait mal… J’étais rembourrée de vieux chiffons J’ai crié mais le bruit des roues métalliques était plus fort.
Puis la petite lumière rouge s’est évanouie et le silence m’a enveloppée.
Au petit matin le long de la voie des enfants sur le chemin de l’école m’ont découverte. Une petite fille m’a glissée au fond de son cartable sans rien me demander Et c’est ainsi que j’ai été adoptée et rebaptisée Poupée Poupée, j’ai aimé Ça ressemblait à Boubélé
Et les jours et les mois se sont écoulés
J’ai attendu longtemps qu’on vienne me chercher Les années ont passé et personne n’est venu me chercher
Je suis repassée devant la voie de chemin de fer Les trains filent et plus personne ne se souvient de moi
Et puis j’suis qu’une poupée mais j’ai compris en regardant le ciel
Les étoiles sont revenues dans ce ciel de plomb
J’ai appris à compter jusqu’à Six millions
Mais il y en a une qui brille plus fort la haut… J’étais la Boubélée de Hanna et nous vivions Là haut au 18 rue Popincourt.
shlof, shlof, shlof ! der tate vet forn in dorf, vet er brengen an epele, vet zayn gezunt dos kepele! Les poupées aussi se souviennent. Bonjour, nous sommes le 27 janvier, c’est la journée du souvenir de l’inhumanité.
© Gérard Amselem Des Bastides
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