27 janvier 1945 -2022 : + 75%* d’antisémitisme 2.0 depuis l’an passé…

En cette journée du jeudi 27 janvier, la communauté juive commémore l’ouverture du camp d’Auschwitz-Birkenau, « libéré », selon l’expression consacrée, par l’armée rouge. Les troupes soviétiques étaient alors parvenues au cœur de la Pologne déchirée et percluse de barbelés des 6 camps nazis d’extermination des Juifs : Chełmno, Bełżec, Sobibor, Treblinka, Auschwitz–Birkenau et Majdanek, les deux derniers étant intégrés à des camps de concentration préexistants.

L’histoire des vainqueurs a simplement oublié que c’est le tracé de l’itinéraire des soldats russes qui les ont conduit presque par « hasard » aux portes de l’Enfer.

Les Nazis ont déjà fui, entraînant dans leur déroute macabre près de 60 000 détenus, soumis aux « marches de la mort ». Ils ont détruit les chambres à gaz et crématoires et brûlé les archives. Ces otages ramenés vers l’Allemagne sont parmi les « moins mal » portants, mais la plupart vont mourir d’épuisement, de faim, dans un froid glacial avant d’atteindre Wodzisław Śląski, à 56 km de là…. et ensuite tenter dans les mêmes conditions, de gagner Bergen-Belsen.

Quand les Soviétiques parviennent devant le camp, ils ne découvrent plus que 7.000 déportés livrés à eux-mêmes et 600 corps massacrés, mais aussi des centaines de milliers de tenues masculines (« pyjamas rayés »), plus de 800.000 tenues féminines et plus de 7 tonnes de cheveux humains. Les rescapés n’ont plus que l’aspect de squelettes, à la merci de la moindre épidémie et de nombreux camps durent être brûlés pour éviter les contaminations de masse. Sur les 60.000 survivants de Bergen-Belsen, 10.000 sont morts de malnutrition et de maladies qu’ils n’ont plus les moyens physiques de combattre, après la « libération ».

Beaucoup d’autres se sont « enfuis » … en mourant fusillés les mains ensanglantées encore accrochées aux fils de fer, réduits en cendres par la cheminée, au-dessus des chambres à gaz qui n’ont pas désempli pendant ces 4 longues années de basculement hors de toute humanité.

A-t-on, en 2022, encore la moindre représentation de ce par quoi la génération précédente a pu passer, en survivant pour nous permettre de respirer aujourd’hui l’air pur de contrées françaises, comme la Bretagne ?

Quelle que soit la qualité de cet accueil, on devra éternellement rester sur nos gardes. Tout au long de l’année, un « incident », certes, « isolé » survient pour rappeler que le passé « ne passe pas » ( Françoise Giroud) ou que d’autres, les Allemands, mais pas qu’eux, « ne nous pardonneront jamais Auschwitz » (Zvi Rex, psychanalyste israélien). Comme on s’en aperçoit à travers le retour du refoulé de certains thèmes de campagne, certains Français et même des Juifs parmi eux, « ne nous pardonneront jamais » Vichy, ni Dreyfus, ni Toulouse, HyperCacher ou Sarah Halimi. D’autres ne pardonneront jamais Israël ou juin 1967, mais au moins, c’est en sens inverse de triomphe sur l’adversité et la dhimmitude. En Allemagne, on appelle ce phénomène« l’antisémitisme secondaire » ou du « rejet de la culpabilité » : la reconnaissance historique ou le rappel commémoratif de la Shoah (par extension, d’autres événements survenus depuis au peuple juif) suscite un antisémitisme réactif « à cause » et en miroir des conséquences de celui qui l’a précédé. A notre époque, l’antisémitisme peut connaître des bonds en avant de + 75%, comme en 2021, comparée à l’année précédente. On n’aborde pas ici la question spécifique de l’antisionisme, ajouté dans le cadre de la définition de travail de l’IHRA.

Une stèle de Simone Veil recouverte de croix gammées en Bretagne

Quand ce ne sont pas des profanateurs de stèle dédiée à Simone Veil, courant août 21 à Perros-Guirec, on retrouve des panneaux allusifs  (« Qui ? ») mettant en cause la soi-disant conspiration juive qui aurait propagé le coronavirus, en profitant de la crédulité des peuples pour leur inoculer le vaccin, et toutes sortes de prédicateurs fous n’hésitent pas à faire le parallèle et dire qu’à travers les campagnes de vaccination, « on » procéderait à une forme de génocide invisible…

Palissade de chantier de la nouvelle voie du métro qui amènera la « civilisation » au Blosne -Rennes- 35

Pour commencer 2022, 77 ans plus tard, que dire lorsque des mains imbéciles taguent les parois d’une palissade de chantier, au Blosne, quartier dit « sensible » (surtout à son malheur narcissique victimisé) de la ZUP-Sud rennaise, de vendredi à samedi 22 janvier, pour écrire : « Nike les Juifs, Nike Ann Franck » dans un mélange de street-Art et de culte à la croix gammée ? Il est vrai qu’on a déjà constaté que l’art « décolonial » était vivement encouragé par la Municipalité de la N°2 d’Anne Hidalgo.

Pont de l’échangeur de Pleugeneuc, Voie rapide Rennes-Saint-Malo (35 -Ille-et-Vilaine)
Pont de l’échangeur de Pleugeneuc, Voie rapide Rennes-Saint-Malo (35 -Ille-et-Vilaine)
Pont de l’échangeur de Pleugeneuc, Voie rapide Rennes-Saint-Malo (35 -Ille-et-Vilaine)

Ou quand d’autres durant la même période du 18 au 23 janvier, sur un pont de l’échangeur de Pleugueneuc en direction de Saint-Malo, semblant ne rien oublier de cette période, se sentant sans doute plus forts, enfin eux-mêmes! déclament sur le béton : « Les Juifs au four », assorti de croix gammées et celtique, symbole de leur fierté qui indéniablement, en prend un coup…

On se met à douter du savoir enseigner, de l’idée même de transmettre que tous les humains sont issus de la même souche et taillés dans le même bois.

Nous n’avons là que les manifestations de cet « antisémitisme secondaire », réactif, qui signe que pour certains, il s’agit d’une maladie incurable, bien plus dangereuse que les mutations d’Omicron et qui infecte l’esprit humain. Peut-être est-il temps d’admettre devoir « vivre avec », car aucune thérapie de choc n’est parvenue à lui faire entendre « raison », aux trois-quarts d’un siècle qui aura tenté, plus qu’aucun autre, de témoigner.

Comme le mal absolu dont il est issu, on n’éradique jamais complètement l’antisémitisme, on tente juste de le réduire à sa portion congrue, d’en faire un souvenir enfoui, parfois résurgent. Aucun désespoir dans ce constat, il faut juste accepter l’humanité et l’irréparable pour ce qu’ils sont.

©️ Marc Brzustowski, génération conçue d’après un orphelin de la Shoah

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