Les tensions entre les Palestiniens et les pays du Golfe se sont intensifiées après la signature des accords d’Abraham.
Par KHALED ABU TOAMEH Publié: 22 JANVIER 2022 17:24
Mis à jour: 22 JANVIER 2022 17:55
DES Miliciens HOUTHIS tiennent des billets de banque yéménites lors d’une cérémonie à Sanaa en septembre 2020 afin de collecter des fournitures et des armes pour leurs combattants attaquant les forces gouvernementales.(crédit photo : KHALED ABDULLAH/REUTERS)
Le Hamas, le Jihad islamique palestinien (JIP) et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) ont condamné ce week-end les frappes aériennes de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen , suscitant de vives critiques de la part des Arabes du Golfe.
Plusieurs écrivains et analystes politiques d’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et de Bahreïn ont réagi en lançant une attaque cinglante contre les groupes palestiniens, en particulier et les Palestiniens en général pour avoir soutenu, par solidarité terroriste, la milice Houthi soutenue par l’Iran au Yémen, qui a lancé des attaques de drones et des missiles contre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Les tensions entre les Palestiniens et les pays du Golfe se sont intensifiées après la signature des accords d’Abraham entre Israël et les Émirats arabes unis et Bahreïn en 2020.
L’Autorité palestinienne, le Hamas, le JIP et d’autres factions palestiniennes ont condamné les accords de « normalisation » avec Israël et accusé les États du Golfe de « trahir » les Palestiniens.
De nombreux Arabes du Golfe ont répondu en accusant les Palestiniens d’être « ingrats« .
Comme la milice Houthi, qui contrôle de larges portions de territoire au Yémen, le Hamas et le JIP sont soutenus par l’Iran. Le groupe terroriste libanais du Hezbollah est également financé et armé par l’Iran.
Des sauveteurs retirent des débris sur le site des frappes aériennes menées par l’Arabie saoudite à Sanaa, au Yémen, le 18 janvier 2022. (Crédit : REUTERS/KHALED ABDULLAH)
Le FPLP, la deuxième plus grande faction de l’OLP après la faction au pouvoir du Fatah dirigée par le président de l’AP Mahmoud Abbas, est une organisation marxiste-léniniste palestinienne laïque qui entretient également des liens étroits avec Téhéran.
L’AP s’est jusqu’à présent abstenue de commenter les frappes aériennes au Yémen, apparemment pour éviter d’exacerber les tensions avec les États du Golfe.
L’AP n’a pas non plus condamné les attaques de drones et de missiles lancées par la milice Houthi contre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Les trois groupes palestiniens radicaux (Hamas, JIP et FPLP) réagissaient à une frappe aérienne lancée la semaine dernière par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite sur un centre de détention de la ville de Sa’ada, dans le nord du Yémen, qui aurait tué 70 personnes et blessé 130 autres. Ryad nie sa respon9sabilité dans cette frappe.
Dans une interview accordée à la télévision Al-Mayadeen, affiliée au Hezbollah, vendredi, un haut responsable du Hamas, Mahmoud Zahar, a qualifié l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis de « sionistes arabes » et les a accusés d’avoir commis des « crimes » contre le peuple yéménite.
« Je leur conseille de retourner à leur religion« , a déclaré Zahar à la chaîne de télévision basée à Beyrouth. « Ce sont les ultimes perdants.
« Zahar, basé à Gaza, a accusé les Saoudiens et les Émiratis de s’aligner sur les « croisés occidentaux ». Le peuple yéménite, a-t-il souligné, a le droit de se défendre contre « l’agression par tous les moyens ».
Zahar a été le seul responsable du Hamas à commenter publiquement la frappe aérienne de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite sur le Yémen. Le Hamas n’a émis aucune réponse aux événements au Yémen, apparemment dans le cadre de ses efforts pour améliorer ses relations avec l’Arabie saoudite.
Au cours des dernières années, les autorités saoudiennes ont arrêté des dizaines de dirigeants et militants du Hamas dans le royaume, accusés d’appartenir au groupe terroriste et de collecter des dons pour celui-ci.
Le Hamas a appelé à plusieurs reprises les Saoudiens à libérer les détenus.
Le JIP a déclaré dans un communiqué qu’il « condamne dans les termes les plus forts les crimes commis par la soi-disant coalition arabe contre le peuple arabe musulman au Yémen ».
Le communiqué disait : « Le ciblage délibéré de civils au Yémen par des avions américains, et peut-être avec la participation d’avions ennemis sionistes, est la preuve de l’échec de cette agression.
Le JIP a exprimé « sa solidarité avec le peuple yéménite face à l’agression injuste sous toutes ses formes ».
Le FPLP, pour sa part, a condamné « le massacre odieux commis par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite sur la prison centrale de Sa’ada » et a exprimé sa pleine solidarité avec les familles des victimes et le peuple yéménite.
« Le Yémen, avec sa fermeté légendaire, finira par vaincre l’agression », a déclaré le FPLP. Les déclarations de Zahar et des deux groupes palestiniens ont été interprétées par plusieurs dirigeants Arabes du Golfe comme une expression de soutien aux attaques de drones et de missiles houthis contre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
La semaine dernière, les Houthis ont attaqué les Émirats arabes unis avec des missiles et des drones, tuant trois personnes et provoquant un incendie près de l’aéroport d’Abu Dhabi.
La milice a lancé des attaques similaires contre diverses cibles en Arabie saoudite au cours des dernières années.
Ahdeya Ahmed al-Sayed, ancienne présidente de l’Association des journalistes de Bahreïn, a déclaré au Jerusalem Post que Zahar est un « terroriste ».
Les déclarations de Zahar condamnant l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis étaient « attendues, puisque toutes les entités terroristes travaillent ensemble sur un même front contre la stabilité des deux pays », a-t-elle déclaré.
Notant que le chef du Hamas Ismail Haniyeh est basé au Qatar, Sayed a ajouté : « Depuis son domicile au Qatar, Haniyeh soutient les attaques contre l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Israël.
Haniyeh et Zahar représentent la même entité qui a récemment été désignée par la Grande-Bretagne comme terroriste. Les partisans du terrorisme sont eux-mêmes des terroristes. Leur soutien aux Houthis était attendu. Ils savent tous que la communauté internationale les poursuivra. Ils savent que les attaques des Houthis contre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sont la goutte d’eau qui les conduira à s’effondrer. La région sera bientôt libérée des Houthis, du Hezbollah, du régime des ayatollahs et de toutes les puissances maléfiques.
Abdullah al-Junaid, un éminent commentateur et chroniqueur bahreïni, a déclaré au Post que le Hamas et le JIP « bénéficient du soutien politique et financier de Téhéran, et c’est pourquoi leur soutien aux Houthis et au Hezbollah est inconditionnel ».
Junaid a souligné que le Hamas et le JIP ont toujours été hostiles aux États du Golfe et aux Accords d’Abraham. »
On peut dire la même chose de l’Autorité palestinienne en ce qui concerne les accords d’Abraham », a-t-il déclaré. « Les Houthis sont une organisation terroriste, et ni le Hamas ni le Jihad islamique ne changeront ce fait. »
Dhahi Khalfan Tamim, chef adjoint de la police et de la sécurité générale à Dubaï, a tweeté à ses trois millions de followers que Zahar, le chef du Hamas, devrait être inclus dans la « liste internationale des personnes recherchées » Par les EAU.
La personnalité médiatique émiratie Ali Khalifa a souligné que les déclarations de Zahar rappellent le soutien des Palestiniens à l’invasion irakienne du Koweït en 1990, une décision qui a conduit à l’expulsion de centaines de milliers de Palestiniens d’Arabie et d’autres États du Golfe : « Août 1990 est revenu pour prouver une fois de plus que les dirigeants palestiniens restent malveillants, haineux et envieux« , a écrit Khalifa sur Twitter, faisant référence à l’invasion irakienne du Koweït le 2 août 1990.
Le journaliste saoudien Ghazy al-Harthy a écrit que le chef du Hamas, un groupe classé comme organisation terroriste par les États-Unis et la Grande-Bretagne, a « implicitement » appelé les Yéménites à attaquer l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. « Ce développement, qui n’est pas nouveau, met encore en lumière la politique des instruments de l’Iran dans la région contre les pays arabes modérés », a fait remarquer Harthy.
Le porte-parole du Fatah, Hussein Hamayel, a condamné les propos de Zahar.« L’ensemble du peuple palestinien est contre ces déclarations et contre l’implication des Palestiniens dans des questions partisanes, personnelles et financières », a déclaré Hamayel au site Erem News. « Les déclarations de Zahar représentent une grande perte pour le peuple palestinien et s’écartent de la question centrale des Palestiniens, qui est de mettre fin à l’occupation israélienne. »
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