Madame Michèle Tribalat, démographe, a écrit un livre courageux et lucide sur le sujet des statistiques de l’immigration et de l’asile. Il commence par une citation de Jean François Revel: “L’idéologue désire non point connaître la vérité mais protéger son système de croyance et abolir spirituellement faute de mieux, tous ceux qui ne croient pas comme lui. L’idéologie repose sur une communion dans le mensonge, impliquant l’ostracisme automatique de quiconque refuse de la partager [Il peut] non seulement négliger par paresse les connaissances dont il dispose, mais les abolir de propos délibéré lorsqu’elles contrarient la thèse qu’il veut accréditer.” Mme Tribalat souligne que dans la France actuelle, une infime poignée de démographes emblématiques a la prétention de détenir la vérité scientifique sur le sujet de l’immigration. Ils sont considérés par l’ensemble des médias et de la presse comme les détenteurs de la connaissance et du savoir en la matière. Or, leur démarche est infiniment plus imprégnée d’idéologie que de réelle maîtrise scientifique du sujet. Les phénomènes migratoires sont à leurs yeux la source bienfaitrice de progrès de l’humanité. En tant qu’idéologues, ils ont substitué le dogme de l’immigration à celui de la lutte des classes comme moteur de l’histoire. Leur démarche permanente consiste à habiller cette croyance en prétentions de nature scientifique. A travers la manipulation des statistiques souvent opaques, ils n’ont de cesse que de minimiser à outrance les flux de populations. Toute prise de position visant à discuter leur dogme est diabolisée en tant qu’à la fois obscurantiste et raciste. Leur “autorité morale” qu’ils tiennent de positions prestigieuses dans les institutions s’impose partout au niveau des relais d’opinion. Michèle Tribalat multiplie tout au long de son ouvrage les exemples de manipulation. Ainsi, ils utilisent la notion de “solde migratoire” (les entrées moins les sorties) pour donner le sentiment que l’immigration est un phénomène marginal en France (solde migratoire de 58 000 personnes par an). Or, si le nombre des entrées est connu notamment par la délivrance des titres de séjour (271 675 premiers titres de séjour délivrés en 2021 et 121 554 demandeurs d’asile), celui des sorties est absolument impossible à évaluer. L’auteur s’attarde sur l’histoire de l’accueil en France de l’ouvrage de Stephen Smith, la ruée vers l’Europe, liée à l’explosion démographique du continent africain au XXIème siècle. D’abord accueilli avec intérêt par la presse française, il fut mis à l’index et diabolisé en vertu d’une “vérité scientifique” proclamée par ces mêmes savants, sur des fondements contestables (la simple projection linéaire, considérée comme un paramètre inéluctable, des tendances observées jusqu’à présent). Or, souligne Mme Tribalat il est quasiment impossible de développer une politique publique cohérente de maîtrise de l’immigration et d’intégration des populations issues de l’immigration dans un tel climat de déni des réalités. |
Immigration, idéologie et souci de la vérité, Michèle Tribalat, L’Artilleur 2022
© Maxime Tandonnet
Fin observateur de la vie politique française et contributeur régulier du FigaroVox, Maxime Tandonnet a notamment publié André Tardieu. L’incompris (Perrin, 2019).
La dame Tribalat précède donc son ouvrage d’une citation de JF Revel, définissant « l’idéologue ».
Cette définition serait recevable à condition d’accepter que nous sommes TOUS idéologues aux yeux de l’idéologue d’en face.
Dont JF Revel. Dont Michèle Tribalat. Dont l’humble Zorba que voici.
Sachant que Tribalat est parti à la retraite de l’INED sur fond de disputes amères avec d’autres démographes et non des moindres, notamment Hervé Le Bras.
C’est sans doute ces « idéologues » qu’elle accuse : «…une infime poignée de démographes emblématiques a la prétention de détenir la vérité scientifique».
TOUS « idéologues » ? Peut-être. Mais alors, à commencer par Tribalat ?
En attendant lisons…Tribalat elle-même, dans un article de 2015 publié dans « Constructif », bulletin de la fédération française du bâtiment intitulé « L’immigration au secours de la démographie ? ».
http://www.constructif.fr/bibliotheque/2015-3/l-immigration-au-secours-de-la-demographie.html?item_id=3466
Partant de l’hypothèse (théorique évidemment) de zéro immigration en Europe (à 28) entre 2010 et 2080, basée sur les travaux d’Eurostat et sur l’estimation d’Europop, elle brosse une vision d’avenir très sombre.
Il s’agit d’un déclin démographique dû à une natalité insuffisante, pouvant entrainer un effondrement économique, systémique et général.
L’article mène infailliblement à la conclusion suivante : l’Europe à 28, d’ici 2080, aura besoin d’au moins 100 millions d’immigrants rien que pour se maintenir à flot.
Ceci coïncide avec des prévisions plus récentes à l’échelle planétaire : vue la dénatalité l’augmentation de la population humaine mondiale commence déjà à ralentir.
Elle atteindra son maximum avant 2050 ; ensuite, nos successeurs connaitront un déclin démographique et, in fine, général.
M’est avis perso qu’ils connaitront aussi une inversion de la situation actuelle ; la concurrence acharnée entre les pays ; ce serait à celui qui arriverait à attirer le maximum d’immigrés…