La Chronique de Nidra Poller. Trahisons affectueuses : les stungs

Alors que la résistance anti-woke monte jusqu’à la vénérable Sorbonne, les stungs, les piqués, pointent à l’horizon. On les connaît bien, les wokes, ultimes avatars du politiquement correct, dernier variant de la gauche virulente, acide corrosif de bonnes intentions qui brûlent des trous dans le tissu culturel, auto-da-fé, potence, Kalatch de confusion éthique … On la connaît, la méthode woke, qui efface pour de vrai tout ce qui dérange. Dans les années soixante, le woke se disait consciousness raising. Tu vois ? Tu vois ? C’est un autre registre lexique D’avant les tweets. Passons.

Moi, je découvre les futurs stungs, à la faveur  de notre Charles Enderlin national. En cautionnant la mise en scène [fake news] de la « mort » du jeune Palestinien Mohamed al Dura, « cible de tirs des positions israéliennes », le journaliste de France 2 a provoqué une éruption de haine génocidaire du Juif qui a fini par me précipiter dans les bras de mon pays natal. Je n’ai pas accompli le retour au bercail conseillé par mes nouveaux amis, non, mais j’ai tissé des liens et démarré une nouvelle carrière de journaliste, qui m’a menée à de longs et fréquents séjours aux Etats-Unis. J’ai recommencé à écrire en anglais. Mes articles étaient publiés dans des médias prestigieux : Wall Street Journal, Commentary, National Review Online et d’autres moins connus mais tout aussi vigoureux. Conférencière appréciée, témoin fiable, je sillonnais le pays d’est en ouest, du nord au sud, discovering America, un nouveau monde, agencé autrement que le pays que j’avais quitté en 1972.

On nous collait l’étiquette « conservateur » pour nous distinguer de l’islamogauchisme antisioniste

Le récit d’une France sombrée dans l’antisémitisme faisait recette. Notre ombre au tableau faisait briller l’Amérique it can’t happen here et réveillait l’image des Juifs fuyant le nazisme pour se réfugier et s’épanouir aux Etats-Unis. Israël est venu compléter le triangle d’or de mes voyages de complicité avec les résistants. Dans un monde de plus en plus hostile à nos valeurs, nos moyens de lutte prenaient force et ampleur. On nous collait l’étiquette « conservateur » pour nous distinguer de l’islamogauchisme antisioniste. En vérité, la plupart d’entre nous venait de quitter la gauche qui nous avait quittés.

Nous étions des sionistes anti-jihad et toute une communauté de médias alternatifs s’est développée pour nous accueillir, dont PJ Media où j’ai servi pendant un temps  comme «Paris editor », leur façon ronflante de dire correspondante.  Strange as it may seem, j’ai été brutalement limogée, condamnée pour insulte aux sensibilités civil rights de la rédaction en me moquant [« Tell it like it was »] de Barack Obama, alors candidat à la candidature, se la jouant street  en tandem avec la multimilliardaire Oprah Winfrey.

L’avocat diplômé de Harvard a été élu président, donnant du grain à moudre aux sionistes anti-jihad pendant huit ans. On aurait pu survivre, mais Donald Trump est arrivé sur ses entrefaites. Pour ses affidés, les pires défauts du génie qui sauvera l’Amérique étaient des qualités magnifiques et si tu ne le reconnaissais pas c’est que tu soutenais, en cachette, Hillary Clinton. Trump avait réussi son OPA sur le parti Republican, son nom égalait victoire, les dissidents avaient le choix entre  la conversion ou l’exclusion. Les portes des médias alternatifs leur étaient fermées.

On ne peut pas comprendre le phénomène Trump sans avoir suivi les primaires de 2016.  N’importe quel candidat Republican avait d’excellentes chances de gagner contre Hillary Clinton. Donald Trump, un homme faible aux ambitions démesurées, a écrasé, l’un après l’autre, ses concurrents, en les humiliant de façon abjecte.  

On me disait de ne pas me fier à mes observations, mon intuition, mes valeurs et mes goûts. Il fallait faire tabula rasa au nom de la victoire et, par la suite, en respectant la valeur suprême Trump. Si je m’accrochais à une analyse ou à un jugement de valeur, je faisais le jeu des Democrats. Anyway, pas la peine de m’inquiéter. X ou Y, nommé à une position d’influence dans l’administration, saurait maintenir le génie Trump sur les rails. Jusqu’au limogeage d’X ou d’Y, sale traitre, incompétent, petit employé grincheux, moins que rien. Ce n’était pas à nous de juger la politique, la stratégie, les étranges relations étrangères qui faisaient de Kim Jung Un l’épistolaire de cœur et reléguait l’Europe au rang de ceux qu’on adore ne pas fréquenter, car le Donald faisait ce que personne d’autre n’aurait osé. Le mal cachait un bien invisible à l’œil d’un non élu et de toutes façons qu’aurait fait Hillary si par malheur elle avait gagné ?

Petit à petit, inexorablement, les médias alternatifs de mes anciens copains sionistes anti-jihad sont devenus trumpistes : arrogants, complotistes, bourrus et dépourvus d’esprit critique. Tribalisés ; le chef avait toujours raison, les tribus ennemies ne méritaient rien. On ne jugeait pas un argument sur ses mérites.

La pandémie de coronavirus est venue révéler l’étendue des dégâts. Il fallait déjouer la réalité de la situation sanitaire, qui menaçait les chances de réélection de Donald Trump. Les médias anciennement anti-jihad rompent les amarres. Leur président à vie décrète que le covid-19 est à peine plus grave qu’un rhume et bien moins périlleux que la grippe saisonnière ? Cela devient une vérité scientifique et les bataillons de chercheurs, de médecins, d’épidémiologistes et de virologues qui disent le contraire subissent un véritable procès des blouses blanches. N’importe quel charlatan tient le haut du pavé s’il confirme et nourrit les thèses fantaisistes de Trump. Le terme obsession me semble trop faible pour dire à quel point mes anciens camarades s’y sont donnés corps et esprit (il n’y avait plus d’âme).  Aujourd’hui encore, ils accusent les hôpitaux de gonfler le chiffre des morts du Covid pour en tirer des bénéfices financiers, les soignants de faire semblant d’être débordés exprès pour nuire à Trump, le président sortant qui ne devrait plus jamais sortir.

Si Trump a perdu en novembre 2020 c’est que les élections, comme la crise sanitaire, étaient truquées. Les stungs se sont mobilisés comme un essaim d’abeilles carnivores. Ils faisaient suivre les déclarations hallucinantes de Rudy Giuliani, Sydney Powell, Lin Wood et autres Michael Lindell, assorties de vidéos floues de bureaux de vote semblables à des abattoirs où on massacrait par millions les voix en faveur de Donald Trump.

La dictature de Trump était établie. Pas de débat, pas de preuves, pas de limites à la méfiance de celui qui oserait lui barrer la route. La virulence piétine tout sur son passage : des responsables politiques, des juges et des compteurs de voix bénévoles, des scientifiques qui ne croient pas à l’hydroxychloroquine et enfin moi, l’amie hérétique. L’édifice démocratique s’écroule sans que les stungs se rendent compte de leurs blessures.

De leur islamisation ! Oui, islamisation. La destruction de la pensée rationnelle, la logique, la recherche de la vérité, la remise en question des certitudes, le débat, l’esprit ouvert, indépendant, critique, la démocratie …  Tout cela remplacé par la parole verticale du Chef.

La théorie de complot nourrit la haine. Mes amis que j’aime toujours, mes complices sont tombés dans le vitriol et ils pensent que c’est moi qui trahis. On la verra de près, cette débauche de lachon hara déversée dans les circuits qu’on avait autrefois partagés.

© Nidra Poller


Nidra Poller, née aux Etats-Unis dans une famille d’origine mitteleuropéenne et posée à Paris depuis 1972,  est une romancière devenue journaliste, le 30 septembre 2000, par la force des choses, dit-elle, par  l’irruption brutale, dans mon pays d’adoption, d’un antisémitisme génocidaire, Nidra Poller est connue depuis comme journaliste, publiée entre autres dans  Commentary, National Review Online, NY Sun, Controverses, Times of Israel, Wall Street Journal Europe, Jerusalem Post, Makor Rishon , CauseurTribune Juive, Pardès

Elle rédigea longtemps le vendredi une Revue de la Presse anglophone pour la newsletter d’ELNET.

Elle est l’auteur d’une œuvre élaborée en anglais, en français, en fiction et en géopolitique, dont L’Aube obscure du 21e siècle (chronique), madonna madonna (roman), So Courage & Gypsy Motion (novel)

J’assume la contradiction, ajoute Nidra, me disant romancière mais pas auteure.

Observatrice des faits de société et des événements politiques, elle s’intéresse particulièrement aux conséquences du conflit israélo-palestinien et aux nouvelles menaces d’antisémitisme en France. Elle fait partie des détracteurs de Charles Enderlin et France 2 dans la controverse sur l’Affaire Mohammed al-Durah  et soutient la théorie d’Eurabia (en particulier avec Richard Landes).

Elle a fondé les Éditions Ouskokata.

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