Et nous ferons refleurir le désert! Crise bédouine et KKL, où en sont les piliers du Sionisme?

Israeli police detain a man as Bedouins protest in the southern Israeli village of Sa’we al-Atrash in the Neguev Desert against an afforestation project by the Jewish National Fund (JNF), on January 12, 2022. (Photo by AHMAD GHARABLI / AFP)

L’opposition que manifeste la « minorité » bédouine (entre guillemets car majoritaire dans certaines zones du Neguev, comme Shaar Haneguev, dernier lieu de bivouac avec Sar El, avant la crise Covid!) aux plantations, somme toute, traditionnelles du KKL, ne survient pas au hasard :

  • ni dans l’agenda politique, mais c’est le moindre,
  • ni dans les projets d’implantations de populations et de sédentarisation concommittante de ladite minorité.

Le psychodrame au sein de la coalition fragile, avec cette prise en otage que réalisent Mansour Abbas et son parti Raam, apparaît comme l’écume de la vague ; sauf si, de revendication « abusive » en réclamation outrancière, il s’avérait bien plus être un opposant de l’intérieur qu’un contributeur efficace à une majorité coalisée.

Là, le gouvernement finirait par basculer et on retournerait à l’éternel cycle électoral sans issue ou presque, à essayer de savoir qui ferait les offres les plus alléchantes… à Raam entre autres, ou en vue d’une véritable recomposition à Droite, avec la tentation de tourner la page de l’ère Netanyahu (en optant pour Barkat ou un autre nouveau leader « moins clivant », mais historiquement moins coté en bourse).

Tant que le frêle esquif ne se retourne pas, Mansour Abbas profite de son actuel pouvoir pour faire trembler tout le monde, jouer du suspense et de l’équilibre des pouvoirs subsistants, en renforçant sa position. On dira qu’il surfe sur un ensemble de crises, mais n’a pas forcément intérêt à tout faire capoter…

Rappelons qu’il y a peu, Ayelet Sheked annonçait la création de quatre villes de peuplement juif dans le Neguev, dont une consacrée au public haredi (religieux). Dans ce contexte, on comprend les initiatives du KKL, qui s’ingénie à générer des zones d’ombre, au sens très positif de la consolidation des sols constructibles et, parallèlement, de leur irrigation pour développer l’agriculture et alimenter le sol et les bourgades en eau… S’il y a bien un endroit en Israël qui a particulièrement besoin de ces infrastructures et de saine verdure, c’est bien le Neguev.

D’autre part, ce n’est pas une réalisation exclusivement tournée à 100% sur et pour les Juifs, puisque les Bédouins, dont 165.000 se sont sédentarisés, ces dernières années, bénéficient de ces mêmes améliorations agricoles et péri-urbaines. Mais il faut aussi admettre que les Bédouins, anciens nomades nouvellement « réformés » par la force « civilisationnelle » et urbanisatrice de la présence juive, traversent une période de choc et de conflit culturel intérieur, « d’adaptation » qui n’est pas forcément en phase avec leurs usages traditionnels hérités.

Là-dessus arrive Mansour Abbas, qui incarne et récupère les mécontentements, les angoisses et incertitudes, au profit de son parti lié aux Frères Musulmans, en contestation des partis et mouvements sionistes.

L’actuel gouvernement dirigé par Yamina de Bennett et Shaked trouve un équilibre avec les partis centristes et de gauche, en bâtissant des projets de développement pour le Neguev, le Golan (investissement récent de plus d’un milliard de dollars dans les énergies nouvelles et le doublement du peuplement) et la Galilée. C’est perspicace, puisque cela renforce le consensus sioniste en général sur des territoires non-« contestés », alors qu’on évite de s’attirer systématiquement les foudres de la Bande à Biden et Blinken, en une période où la priorité est au bras-de-fer avec l’Iran. Les tracas et dissensions sont plus fréquentes quand Israël annonce des constructions nouvelles en Judée-Samarie.

Or, c’est bien là qu’Abbas (l’autre, le plus récent dans l’actualité) génère des frictions inutiles : au lieu de travailler avec « son » gouvernement, à convaincre les Bédouins de l’intérêt pour eux de ces innovations vertes et agricoles, -quitte à faire remonter leurs critiques « positives », du moins conciliables- il les en détourne pour lutter contre une institution : le KKL, qui existe depuis les origines du Sionisme et de l’avancée des terres fertilisées en territoires « israélisés ».

Sur le plan juridique, les terres aménagées appartiennent déjà à l’Etat et on comprend encore mal ce que seraient les recours judiciaires que pourraient agiter Mansour Abbas et son parti-pris local, sauf à revendiquer que les anciens Nomades auraient été sédentaires et propriétaires… dans une autre vie.

La jacquerie artificielle suscitée par Mansour Abbas est donc globalement assez absurde et rapidement sans fondement, sauf à nier ce qu’il a dit récemment, à propos de l’Etat légitimement Juif, pour autant que le peuple en question, les Hébreux, l’ait voulu depuis la nuit des temps et que le mouvement se soit structuré par sa seule volonté autour d’Herzl. Ce qui lui vaut sa légitimité peu contestable.

S’il faut prêter l’oreille au malaise éventuel des populations bédouines, sans doute, en dépolitisant le discours d’Abbas et en comprenant la phase « ethnographique » dite d’acculturation, c’est-à-dire du passage du monde nomade à sédentaire en peu de temps, de l’itinérance à l’agriculture, de la vie en quasi-bidonvilles à de petites et moyennes habitations dotées du minimum d’électroménager, du tout-à-l’égout, etc., il faut aussi appuyer un mouvement général de peuplement qui remonte à la création de l’Etat et aux souhaits non-exaucés de David Ben GURION, habitant de Sde Boker, qui ne voulait, par l’exemple, que le développement de Beer Sheva et de sa région.

Il en va exactement de même en Galilée, où vivent 700.000 Druzes et Arabes pour une « minorité juive » de 600.000 résidents environ et où s’installera l’auteur. Avec ces programmes de dynamisation et de densification de la présence juive, récemment pointés par le doublement prévu dans le Golan, l’Etat d’Israël recommence à marcher sur ses deux jambes et à ne pas laisser des « territoires perdus » se creuser dans son arrière-cour. D’où, cela suscite aussi des tensions et de nouveaux problèmes inaperçus à la phase précédente. Il ne s’agit surtout pas de fuir le problème en cédant à des revendications qui s’avéreraient incongrues, mais de mieux situer l’origine des malaises quand ils se manifestent, ne pas se laisser intoxiquer par les démagogues politiques qui se présentent en porte-parole, quitte à polluer durablement l’atmosphère.

Il n’y a pas, non plus, à privilégier une telle démarche « au détriment » de ceux qui choisissent d’opter pour la Judée-Samarie ou la Vallée du Jourdain. Historiquement, tout cela résulte d’un même souffle en deux temps, avant la victoire de 49 et après celle de 1967.

Depuis Oslo, il revient à une politique de peuplement parcimonieuse, mais avisée, ferme et volontariste, de renforcer la « Zone C » sous juridiction israélienne et la Vallée du Jourdain, pour contenir les mouvements d’implantation sauvage et illégale palestinienne, qui visent, sous l’influence de l’Europe et de l’autre Abbas, Mahmoud, à générer une situation de fait accompli, où, ensuite, l’afflux de Juifs dans ces zones sera « stoppé » ou plus difficle, plus dangereux…. Les incitations de l’OLP et de l’Europe antisioniste sont le pendant « non-violent » du terrorisme et des voitures-béliers qui viennent s’encastrer dans les avant-postes de Tsahal, font des blessés, quand ce n’est pas des morts.

Avec les mariages « mixtes » entre Bédouins et Palestiniens, on sent qu’une certaine « palestinisation » de la question bédouine est à l’oeuvre, non sans receler de dangers, alors qu’hier, les Bédouins étaient encore remarquables pour leurs talents de pisteurs dans Tsahal. Là où le malaise s’accentue et profite à Raam.

Sans compter que la violence devient plus flagrante : elle participe aussi de cette fameuse « acculturation » mentionnée plus haut, où les chefs de clans, ternants de l’ordre traditionnel, sont moins respectés et où des gangs de jeunes plus vindicatifs se propagent et prospèrent comme la chienlit en villes et zones péri-urbaines.

Tout cela forme un tout, une mosaïque à examiner en détail, pour mieux remédier aux maux qu’on découvre plus virulents à mesure que le mouvement avance. Plutôt que de critiquer un gouvernement depuis Paris, comme un manteau d’Arlequin fait de bric et de broc, ce qu’il est sans aucun doute! peut-être convient-il de voir aussi en quoi l’Etat Juif serait « moins seul », si des soutiens probants, voire une Aliyah plus massive venait renforcer les points de peuplement qui sembleraient faire défaut…

Ne te demande pas ce que l’Etat doit faire pour toi, mais ce que toi tu peux faire pour Lui… c’est-à-dire pour Nous collectif.

©️ Marc Brzustowski

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2 Comments

  1. Je suis étonné de voir brusquement surgir ce mouvement violent des bédouins.
    Au fait, c’est quoi un bédouin aujourd’hui en Israël ? De quoi vit-il ?
    Il est totalement inadmissible que l’on empêche Keren Hakayemet de faire fleurir le désert du Néguév, projet historique essentiel du Sionisme !!

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