Au tournant des derniers quatre mois avant l’élection présidentielle, qui pourrait bien se transformer en simple reconduite du déjà-Président, faute de concurrents et contradicteurs viables, “effacés” qu’ils seraient s’ils n’obtenaient pas les 500 signatures émanant de maires apparemment sous pression des “grands appareils”.
Il devient urgent de se poser la question de la validité de la règle-barrière desdites 500 signatures : Quels arguments tenant la route pourraient-ils aujourd’hui soutenir une telle règle?
Si aucun esprit sensé ne conteste la nécessité de filtres juridiques empêchant “la porte ouverte à toutes les fenêtres”, chacun sait que la Démocratie n’a de sens que si est rendue possible une réelle remise en cause du pouvoir déjà exercé et, partant, “le risque” de voir apparaître de têtes nouvelles.
Hormis les candidats issus de ces fameux Grands Groupes politiques, soit moins que deux doigts d’une main, Qui à ce jour peut-il être considéré comme sorti de ce dilemme?
Les coeurs à marée basse sont notamment :
- Marine Le Pen (récemment créditée de 17, 5 % devant Pécresse, en seconde position pour un débat réchauffé contre son vainqueur du précédent)
- Éric Zemmour (331 signatures récemment et régulièrement entre 12, 5% et 15 à plus, soit jeu égal avec l’opposante attitrée Valérie Pécresse ou encore MLP)
- Jean-Luc Mélenchon, l’Insoumis, qui ne récolterait plus que 9, 5%, soit moins que la barre des 10%, mais tout premier de la bande de Pieds Nickelés incarnant la gauche, en attente de “Désirée” Christiane Taubira, la mythique “refondatrice”, cautère sur cette jambe de bois.
Ce constat ouvre la brèche d’une interrogation sur le bien-fondé du système des parrainages.
La France veut-elle connaître un premier tour qui se disputerait en vis-à-vis de quelques rares survivants? La Présidentielle 2022 se ridiculisera-t-elle en affichant un score de République Bannanière, avec un hyperprésident omni-absent, y compris des grands dossiers brûlants?
Ailleurs, sur d’autres scènes, la violence de la rue se donne rendez-vous hebdomadaire pour maintenir des jacqueries qui n’en finissent jamais, équivalentes à celle de l’Ancien Régime : Gilets Jaunes, des Ronds-Points à l’Arc de Triomphe, Antivax ou antipass, tous occupés à se défier du pouvoir, de la technocratie et de la République des “experts”… et constituant les bientôt 50% d’abstentionnistes pour qui “la politique” et le “débat” n’ont plus le moindre intérêt.
De scrutin en scrutin, des Asselineau, Cheminade ou Jean Lassalle qui pouvaient, il y a peu, déposer candidature et postuler au grand débat, risquent aujourd’hui d’être éliminés pour complaire au candidat désigné à son propre sacre?
Les français accepteront-ils d’être dans une caricature de régime présidentiel gaullien, qui avait sûrement de bonnes raisons d’être au moment de la crise algérienne, de l’Indochine et de l’Après-grand traumatisme de la Seconde Guerre Mondiale et laisseront-ils le dernier commis-gestionnaire qui ne s’en tire pas trop mal avec les Comptes de l’Etat se maintenir au poste?
Enfin, Voulons-nous que des élections de plus en plus ennuyeuses viennent censurer de plus en plus tôt les grandes questions qui agitent l’opinion publique et que quelques cris d’orfraies hurlant au “fascisme” empêchent le Débat, sous prétexte qu’est proposée une approche différente des grands thèmes sécurité, religions, laïcité, Islam, immigration, délinquance, emploi, Europe, Défense… ?
La Démocratie est en danger. La Démocratie est en danger, pas parce que les loups seraient aux portes de Paris, mais parce que le système rhétorique tourne en boucle sur lui-même, fabrique de la dérision et de la politique-spectacle sur tout ce qui gravement nous entoure.
Plus ce système va tendre vers la reconduction des toujours mêmes élites se détachant de quelques Partis institutionnels, moins la Démocratie parviendra à respirer et à se refonder, à s’inspirer d’autres pensées en-dehors du cadre ou du moule. Bourdieu le disait déjà: la France s’enferre dans la reproduction d’une Noblesse d’Etat, dont le Président en poste aura certainement été l’élément le plus éclatant.
Suivons Voltaire et tous nos glorieux philosophes qui nous exhortèrent à provoquer, en tirant l’épée, de vrai duels redonnant ses lettres et du cachet à la joute politique.
Il revient aux Français de détruire ce décor illusoire qui nous fait encore croire à la vitalité de notre Démocratie, quand tout indiquerait qu’elle se meurt.
Ainsi, la Muraille des 500 signatures est aujourd’hui un nouveau “Mur de Berlin” qui anesthésie l’élan républicain.
Il revient au Parlement, au Sénat et autres grands Corps garants de notre Constitution, d’y travailler, jusqu’à ce qu’éclose de l’inédit, du salutaire. Faudra-t-il anonymiser, abaisser à 300 le nombre requis? Faut-il autoriser deux signatures, une à titre de soutien et l’autre en tant que Maire “républicain” ou voltairien, afin de donner la parole à l’adversaire potentiel? Laissons faire ceux qui réfléchissent de près à la question qui nous taraude.
Mais ne donnons ni le pouvoir à la rue… ni, en miroir blafard, à un absolutisme qui s’ignorerait en souscrivant à son arrêt de mort, après avoir juste modifié les règles du jeu.
©️ Sarah Cattan, ©️ Marc Brzustowski
Entièrement d’accord… Mais le fond du problème, c’est l’élection du Président au suffrage universel. Une mauvaise chose. Et nous ne pouvons pas en sortir ! Il faudrait un référendum, et le résultat serait négatif. Les Français “aiment” cette élection pour laquelle il y a la plus forte participation. La Droite dirait : on ne touche pas aux institutions laissées par De Gaulle. La Gauche : on a quand même bénéficié de l’alternance (MItterrand, Jospin, Hollande). Ah j’envie le système en vigueur en Allemagne, en Italie, en Israël, et dans les monarchies. Un Président élu par les Chambres désigne un Premier Ministre capable de gouverner avec l’appui du Parlement. En Allemagne et en Israël, des gouvernements de “coalition” (ce n’est pas un gros mot !) viennent de se constituer, c’est à dire des hommes et des femmes, représentatifs parce qu’élus du peuple, capables de compromis, et décidés à gouverner ensembles. C’est tout de même préférable à 2002 (Chirac 19 % au 1er tour et 82 au 2ème) et à 2017 (Macron 23 % des votants au 1er tour). On ne doit pas s’étonner si nombre de citoyens se sentent non représentés, voire “exclus”…