L’année 2021 a vu une recrudescence des violences au sein de la communauté arabe qui ont fait 126 victimes, dont 62 âgés de moins de 30 ans et 16 femmes.
Ce chiffre ne prend pas en compte les blessés, les voitures incendiées et les dégâts matériels.
En cause, guerres de gangs, vendettas et « crimes d’honneur » visant principalement les femmes. En cause aussi, les énormes quantités d’armes en circulation, la plupart venant des territoires de l’Autorité palestinienne.
Malgré les efforts considérables déployés par la police appuyée parfois par les services de renseignement, Il n’est pas toujours facile d’enquêter dans ce milieu fermé, qui coopère rarement avec les forces de l’ordre, par tradition ou crainte de représailles.
Ce qui n’empêche pas tant les dirigeants communautaires que les élus arabes au parlement israélien de fustiger « l’inaction » de la police et l’absence de résultats rapides.
La nouvelle année va-t-elle amorcer le changement tant attendu ? On pourrait presque y croire à la vue des images surréalistes rapportées par les médias.
Ce sont celles d’un événement proprement incroyable intervenu le samedi 8 janvier.
A Dir Al Maksur, petite localité de moins de dix mille habitants située à quinze kilomètres de Nazareth et peuplée de bédouins, une longue, très longue file de personnalités attendaient leur tour pour présenter leurs condoléances à Mohammed Hajirat à la suite de la mort tragique de son fils Omar, un petit garçon de quatre ans.
Dans cette file se trouvait l’ancien chef d’état-major de Tsahal et aujourd’hui ministre de la Défense Benny Gantz.
Les deux hommes se sont serrés la main puis ce sont embrassés sous les flashes de la presse.
Puis ce fut le tour de Kobi Shabtai, commandant en chef de la police, suivi par plusieurs autres haut-gradés de cette institution que devait bien connaître le Cheikh Raed Salah qui attendait patiemment son tour.
Figure emblématique de la branche nord du mouvement islamique en Israël, proche des Frères Musulmans, et mis mis hors la loi en 2015, Raed Salah venait d’ailleurs tout juste de sortir d’un « séjour » de dix-sept mois en prison pour incitation et encouragement au. terrorisme.
S’ils étaient tous là, c’est à cause de l’onde de choc provoquée par la mort d’une victime de trop.
Omar Hajirat, gamin rieur aux grands yeux noirs et au sourire confiant, tué d’un coup de feu alors qu’il jouait tranquillement à côté de la maison familiale. Sa maman a couru vers lui. Peine perdue. C’était déjà trop tard.
Pourtant ni l’enfant ni sa famille n’étaient visés par ce tir. Le pur hasard a fait qu’une « balle perdue » le frappe mortellement. Deux bandes rivales se disputaient le droit d’exploiter une carrière à proximité et un échange de tirs à la mitraillette s’en est suivi, les tireurs cherchant plus à impressionner l’adversaire qu’à le blesser.
Pour une fois les langues se sont déliées. En moins de 24 heures quatre hommes étaient arrêtés.
Il faut entendre le papa du petit garçon déclarer qu’il fait confiance à la police ; il faut entendre les voix qui montent de la société arabe pour dire enfin qu’il faut lutter tous ensemble pour éradiquer le fléau.
Une prise de conscience tardive mais salutaire. Sera-t-elle suivie d’effet ?
Par Michèle Mazel. Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en science politique. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède. Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.
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