Opinion : la tentative d’Israël d’améliorer la qualité de vie dans une enclave appauvrie ne garantira pas que les Gazaouis s’opposeront aux principes djihadistes, car ce modèle a déjà échoué à plusieurs reprises au Moyen-Orient au cours des dernières décennies
Amos Gilad, Michael Milshtein|Publié: 01.02.22, 23:29
L’effort croissant du Hamas pour promouvoir le terrorisme en Cisjordanie, la fusillade le long de la frontière avec la bande de Gaza la semaine dernière et le lancement de roquettes à Tel Aviv au cours du week-end, prétendument déclenché par la foudre (!!!), devraient être un avertissement pour les décideurs israéliens de ne pas se laisser bercé par un faux sentiment de sécurité.
Si nous examinions les actions et les commentaires faits à la fois par Israël et le Hamas depuis la guerre de Gaza en mai 2021, connue sous le nom d’opération Guardian of the Walls, nous remarquerions un écart flagrant entre les intentions apparentes des deux parties.
Israël travaille à l’amélioration de l’économie dans l’enclave contrôlée par le Hamas pour améliorer la vie dans la bande de Gaza, car les responsables israéliens pensent que cela incitera la population locale à se dresser contre les principes djihadistes, promus par le Hamas et son chef Yahya Sinwar .
Le Hamas, cependant, utilise le cessez-le-feu conclu après la guerre de mai pour réhabiliter sa puissance militaire avant un futur conflit, et menace sans cesse de renouveler la violence si ses exigences ne sont pas satisfaites non seulement en ce qui concerne les développements à Gaza, mais aussi à Jérusalem, en Cisjordanie et dans les prisons israéliennes où sont détenus de nombreux détenus palestiniens.
Les décideurs politiques israéliens sont tenus de changer leurs mentalités et leurs actions en ce qui concerne la bande de Gaza.
Premièrement, il est nécessaire de reconnaître les limites de la façon de penser occidentale selon laquelle une bonne économie peut arrêter les idéologies radicales.
Ce modèle a échoué à plusieurs reprises au cours des dernières décennies au Moyen-Orient, notamment lors de l’opération Gardiens des Murs, au cours de laquelle le Hamas a imité pour la première fois de son histoire une attaque contre Israël pour des motifs religieux. Et l’attaque a commencé par une violation flagrante du précédent accord de cessez-le-feu, sans aucune tension dans la bande de Gaza et avec une amélioration rapide de la situation des civils à l’époque.
Deuxièmement, il est nécessaire pour Israël de mettre son argent là où il dit et de suivre ses propres devises. Lors de l’opération Gardiens des Murs, de nombreux officiels israéliens disaient que « ce qui s’était déroulé dans le passé ne se passera pas à l’avenir ».
La promotion par Israël de gestes civils envers la bande de Gaza, comme l’octroi de permis de travail aux commerçants, sans exiger que le Hamas renvoie les corps des soldats et les civils tombés au combat, et cesse de réarmer et de promouvoir le terrorisme en Cisjordanie et à Jérusalem, peut entraîner un calme temporaire dans la région , mais cela pourrait aussi devenir un enjeu stratégique à long terme.
La politique israélienne actuelle incarne la reconnaissance du Hamas en tant que dirigeant légitime de Gaza, renforçant son statut dans le système palestinien et minimisant la possibilité d’une manifestation publique contre l’organisation, ainsi que la possibilité que l’Autorité palestinienne s’empare de la bande de Gaza. Politiquement.Israël est confronté à un dilemme entre une mauvaise alternative et un problème qui n’a actuellement pas de solution appropriée.
Une réponse israélienne indulgente aux attaques provenant de Gaza entraînera probablement d’autres attaques similaires, mais renforcer la dissuasion d’Israël pourrait compromettre les relations entre l’organisation et la population de Gaza et perturber ses efforts pour devenir « le Hezbollah à la frontière sud ».
Plus important encore, Israël doit améliorer sa capacité à comprendre la logique du Hamas. C’est une organisation qui est mue par des actions performatives afin de remplir ses objectifs idéologiques à long terme. Le Hamas accepte occasionnellement un cessez-le-feu, parce que cela sert ses motivations et ses intérêts, mais une bonne vie paisible pour les Palestiniens n’est certainement pas l’un de leurs objectifs.
Pour le Hamas, le bien-être des habitants de Gaza est une considération, pas une contrainte, et Israël a tendance à avoir du mal à comprendre cela. Le Hamas est animé par un ensemble de valeurs différent, et à la fin, ses actions sont le résultat de ses passions pour son idéologie dangereuse.
Le fait que la dernière série de combats transfrontaliers n’ait pas dégénéré en quelque chose de plus important n’est pas une garantie que le Hamas ne violera pas à nouveau l’accord de cessez-le-feu avec Israël, selon ses propres intérêts. En conséquence, la prochaine fois que le Hamas choisira d’attaquer Israël par surprise, le coup pourrait être plus dévastateur qu’avant.
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