Je me suis mis sur mon 31 en attendant les douze coups de minuit. Et j’en ai profité pour passer en revue ma collection de vœux. Bien rangés entre deux draps dans une armoire à glace.
J’ai réveillé ma collection de “Bonne année, Bonne santé” qui sommeillait au fond d’un tiroir. D’un coffre à bijoux tapissé de velours où je les avais rangés.
Je les ai extraits un à un et les ai alignés comme à la parade.
A 10 ans on m’a souhaité d’être gentil et de bien travailler à l’école. J’ai pas toujours été gentil mais j’me suis pas mal débrouillé en classe.
A 15 ans on m’a souhaité d’être beau et intelligent et d’avoir de l’argent. Beau, je l’étais forcément surtout pour ma famille et mes copines. Intelligent, j’ai surtout fait en sorte d’éviter d’être trop con. Avoir de l’argent, suffisamment pour m’offrir tous mes rêves d’évasion.
A 20 ans on m’a souhaité de beaux diplômes et un bon boulot. J’les ai pas collectionnés mais j’ai décroché ma boule à facettes. Suspendu au fil de mes rêves j’ai tourné en rond pour voir l’horizon.
A 25 ans, on m’a souhaité de rencontrer une Belle du Seigneur. Le génie a exaucé mes vœux, et Dieu qu’elle était belle. 30, 40, 50… tout a été vite, très vite, trop vite, et les vœux se sont banalisés.
Bonne année, Bonne santé … Fais gaffe aux mines et aux balles perdues. J’en ai pris quelques unes et je me suis relevé. L’automne est arrivé et j’me suis aperçu qu’il n’y avait plus d’saisons. En plein Décembre la sève continue de monter et les géraniums fleurissent.
Alors j’me suis mis sur mon 31, en attendant les 12 coups de minuit.
Entre deux draps au fond d’une armoire je planquerai vos vœux Pour les emmener avec moi quand sonnera l’heure de traverser l’miroir.
Bonjour à tous, bon bout d’an et à l’an que ven.
© Amselem Des Bastides
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