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Une frappe aérienne ouverte sur l’Iran apportera-t-elle vraiment plus à Israël en termes de retard affectant le programme iranien, que la poursuite d’opérations secrètes ?
Par YAAKOV KATZ Publié : 24 DÉCEMBRE 2021 14:44
Un avion de chasse israélien F-15 aperçu de dos à la base aérienne d’Uvda, dans le sud d’Israël.(Crédit photo : AMIR COHEN/REUTERS)
Les cibles en Iran devraient varier.
La première serait Natanz, la principale installation iranienne d’enrichissement d’uranium. Le complexe se compose de deux grandes salles, d’environ 27870m² (300 000 pieds carrés) chacune, creusées à entre 75 cm et 2m (huit et 23 pieds) sous terre et recouvertes de plusieurs couches de béton et de métal. Les murs de chaque salle sont estimés à environ 60 cm (deux pieds) d’épaisseur. L’installation est également entourée de missiles sol-air.
L’installation suivante serait l’usine d’eau lourde en construction près de la ville d’Arak, qui pourrait être utilisée un jour pour produire du plutonium. Les Iraniens disent que le matériau sera utilisé pour la production d’isotopes médicaux et de recherche, mais en réalité, il pourrait avoir la capacité de produire du plutonium pour des armes nucléaires.
Vient ensuite l’installation iranienne de conversion d’uranium (UCF), située au Centre de technologie nucléaire d’Ispahan. Sur la base d’images satellite, l’installation est au-dessus du sol, bien que certains rapports aient suggéré la création d’un tunnel près du complexe.
Et puis il y a Fordow, l’usine d’enrichissement d’uranium près de la ville de Qom, non loin de la mer Caspienne. Officiellement révélée à l’AIEA en 2009, l’installation peut contenir des milliers de centrifugeuses. Construite au coeur d’une montagne, il serait difficile de pénétrer dans l’installation renforcéee. L’ancien ministre de la Défense Ehud Barak a noté plus d’une fois que l’installation est « immunisée contre les bombes standard ».
Le drapeau iranien flotte devant l’immeuble de bureaux de l’ONU, abritant le siège de l’AIEA, en pleine pandémie de la maladie à coronavirus (COVID-19), à Vienne, en Autriche, le 24 mai 2021. (Crédit : LISI NIESNER/REUTERS)
Les planificateurs militaires se sentiraient également probablement obligés d’attaquer les sites de fabrication de centrifugeuses iraniens, car leur destruction rendrait extrêmement difficile pour l’Iran de rétablir son programme – bien que la destruction de Natanz, Arak et Ispahan à elles seules suffirait à faire reculer le rêve de l’ayatollah d’obtenir la bombe.
En plus de ces cibles cruciales, l’attaquant souhaiterait également bombarder des stations radar, des bases de missiles, des silos et des lanceurs iraniens ainsi que des bases aériennes, dans le but de neutraliser la capacité de l’Iran à riposter avec ses missiles à longue portée ou ses avions de combat.
Ce plan sur la manière dont Israël pourrait attaquer l’Iran a été publié en 2012, dans un livre intitulé Israël contre l’Iran – La guerre des ombres , écrit par Yoaz Hendel, à l’époque chroniqueur au Yediot Aharonot, et moi (Yaacov Katz), à l’époque analyste de la défense de ce journal.
À l’époque, certains responsables israéliens ont également appelé au bombardement des champs de pétrole et des infrastructures énergétiques de l’Iran. De telles frappes, pensaient-ils, pourraient avoir un effet démoralisant sur l’Iran et influencer le processus décisionnel du régime. Les revenus pétroliers fournissent une part importante des revenus du gouvernement de Téhéran. Les installations pétrolières sont également vulnérables et manquent de protection antimissile sol-air.
Un ancien général de Tsahal a affirmé à l’époque qu’au total, Israël devrait frapper près de 100 cibles principales, peut-être lors de sorties d’une durée de deux jours.
Mais, avons-nous alors demandé, Israël peut-il le faire ?Le principal problème qu’Israël rencontrerait en attaquant les installations nucléaires iraniennes, avons-nous souligné, est la distance physique qui est de plus de 1200 km (700 miles) d’Israël, avec les principales cibles encore plus loin à des distances comprises entre 1600 et 2400 km (1 000 et 1 500 miles) d’Israël.
Selon la plupart des estimations, Israël est capable d’attaquer unilatéralement les installations nucléaires de l’Iran avec ses avions F-16 et F-15. On pense que les 25 F-15I d’Israël – Ra’am (Tonnerre) en hébreu – basés dans le Néguev sont capables de frapper l’Iran dans une opération non-stop comme l’opération Opera contre l’Irak en 1981, avec une portée de combat de plus de 3200 km (2 000 milles). Israël en 2010 a également fini de recevoir 102 F-16I – Sufa (Tempête en hébreu) – qu’il s’est procuré à la fin des années 1990. Ceux-ci sont également capables de missions à longue portée, avec un rayon de combat de plus de 1600 km (1 000 miles).
Il y avait trois routes possibles que nous avons décrites en 2012 pour qu’Israël se rende en Iran. La route du nord, qui longe la frontière turco-syrienne vers l’Iran ; la route centrale, la plus directe mais comportant de sérieux obstacles diplomatiques ; et la route du sud, qui conduirait des avions israéliens au-dessus de l’Arabie saoudite et en Iran.
À l’époque, l’IAF disposait de certaines des munitions nécessaires pour détruire les installations iraniennes et pénétrer dans le bunker fortifié de Natanz, développées dans le pays ou achetées au fil des ans aux États-Unis, comme les GBU-27 et GBU-28 qui peuvent transporter de 0450 kg à 1300 kg (1 000 à 3 000 livres) d’explosifs. Alors que Natanz est l’une des cibles les plus difficiles, même si les missiles seuls ne réussissent pas à le pénétrer, les pilotes israéliens pourraient les faire glisser à l’intérieur.
L’ancien commandant de l’armée de l’air israélienne, le major-général Eitan Ben-Eliyahu, qui a participé à la frappe sur Osirak en 1981, a expliqué comment cela se produirait. Même si une bombe ne suffisait pas à pénétrer une cible, expliquait-il en 2005, Israël pourrait guider d’autres bombes dans la zone où il a attaqué pour finalement détruire la cible.
Israël, selon des rapports étrangers, pourrait également – nous l’avions noté à l’époque – potentiellement utiliser son missile à propergol solide à deux étages mobile Jericho, qui a une portée variant de 1900 km à 4800 km (1 200 à plus de 3 000 milles), et est capable de transporter un ogive conventionnelle ou non conventionnelle d’une tonne. La dernière version du missile appelée Jericho III et testée début 2008 a une précision améliorée et place chaque capitale arabe, y compris Téhéran, à une distance de frappe d’Israël.
Inutile de dire que beaucoup de choses ont changé depuis que cela a été écrit il y a 10 ans.
- Israël a amélioré ses armes et ses plates-formes, comme le F-35 qui est capable de voler secrètement dans l’espace aérien iranien et de neutralisr des stations radar, ce qui permettrait ensuite aux avions non furtifs d’entrer sans risque avec un fuselage chargé de bombes .
- L’IAF a acquis de nouvelles munitions et, comme l’illustrent les récentes opérations secrètes, les renseignements du pays sur l’Iran sont approfondis et étendus.
- Les possibilités d’itinéraire elles-mêmes ont complètement changé. Survoler la Syrie aujourd’hui n’est pas aussi problématique qu’en 2012, lorsque Bashar Assad avait encore une armée de pointe et qu’Israël entrait rarement dans son espace aérien ; L’Amérique n’est plus déployée en Irak comme elle l’était alors ; et les accords d’Abraham ont changé la dynamique entre Israël et l’Arabie saoudite. Les avions d’El Al survolent aujourd’hui ouvertement l’Arabie saoudite. Cela signifie-t-il que Riyad laisserait les avions de combat de l’IAF faire de même ? Peut-être.
- Mais ce qui a également changé, c’est l’Iran et les progrès qu’il a réalisés dans son programme nucléaire. Ce que les gens oublient souvent lorsqu’ils se demandent si Jérusalem peut faire cavalier seul contre Téhéran, c’est que le savoir-faire technique est iranien. Il n’est pas d’origine étrangère, comme ce fut le cas du réacteur syrien détruit par Israël en 2007 (Corée du Nord), ou du réacteur irakien détruit par Israël en 1981 (français).
- Cela signifie que même si Israël attaque et réussit à causer des dégâts considérables, l’Iran n’aura pas besoin d’aide pour le reconstruire – Téhéran pourra tout recommencer tout seul. On pourrait maintenant affirmer qu’en raison de la pression nationale et internationale, l’Iran pourrait être lent à reconstruire son infrastructure nucléaire après une frappe, mais il y a aussi un autre argument à faire valoir : que les ayatollahs seront encouragés par la frappe israélienne alors que le monde se retournerait contre Israël pour avoir agi unilatéralement.
L’autre différence principale est qu’en 2012, l’option d’Israël était viable et réelle. L’Air Force était forte et les pilotes étaient entraînés et connaissaient leurs cibles. Mais ils n’ont jamais reçu le feu vert, et cette capacité est plutôt restée sur le côté ; et Israël a raté sa fenêtre d’opportunité pour agir.
Est-ce trop tard maintenant ? Je ne sais pas. Dans l’armée israélienne, les généraux sont convaincus – comme l’illustre l’arrogance que le nouveau commandant de l’IAF a montrée dans les médias cette semaine – qu’ils peuvent faire le travail. Et ils ont, si Dieu le veut, probablement raison.
L’armée israélienne est puissante et pourrait certainement porter un coup à l’Iran qui ferait reculer et retarderait sa progression nucléaire. Mais il y a des questions qui doivent être posées : une frappe aérienne ouverte va-t-elle vraiment apporter beaucoup plus, en termes de retard provoqué que des opérations secrètes continues ? La guerre qui s’ensuivra vaut-elle seulement quelques années de retard ? Et les retombées diplomatiques sont-elles quelque chose qu’Israël peut soutenir en vue d’une réalisation indéfinie ?
Dix ans se sont écoulés depuis que Hendel et moi avons écrit ce plan. Certaines parties sont toujours d’actualité. D’autres ne le sont plus. Ce qui est certain, c’est que dans le temps qui s’est écoulé depuis lors, l’Iran n’a pas été arrêté. Il est devenu plus fort, plus audacieux, plus avancé – et Israël n’a pas réussi à empêcher que cela se produise.
Pour encore combien de temps?
Plusieurs points sont a noter
– l iran ne dispose plus d aviation de combat digne de ce nom
– la couverture anti aerienne iranienne est semble t il obsolete ( voir leur reçente attaque d un vol commercial qui decollait de chez eux )
– l iran n a pas encore d armes nucleaires donc Israel a eu raison d attendre , il vaut mieux les frapper au dernier moment , il y aura plus de degats
– Israel a des alliés dans la region et certaines attaques peuvent ne pas provenir d Israel
– Israel dispose del la meilleure couverture anti missile , et surtout des engins qui devraient parcourir 1200 km , c est pourquoi l iran cherche a s implanter en syrie pour frapper a bout portant
– on a aucune idée de l etat réel de la recherche nucleaire iranienne et de la desorganisation qu a pu generer les actions du mossad
– il est evident qu une frappe decisive aurait des consequences internes en iran car les opposants attendent leur heure et frapperaient le regime affaibli
Depuis 2010 de nouvelles technologies peuvent frapper durement l iran sans bombes : cyber attaques ou destruction des reseaux electriques graçe a des armes non letales ultra efficaces , car ce regime est vermoulu , il tient grace a la terreur et, comme tout regime fasciste , il masque ses trous beants avec la propagande mais les experts savent sa tres grande fragilité .
Autant de raisons de garder confiance , ce regime tombera , et ce sera certainement graçe a Israel
Sans l’implication des Etats-Unis, a tous les echelons, pour soutenir l’operation, il semble hasardeux pour Israel de la lancer isolement, malgre le courage des soldats de Tsahal, et le soin apporte a la preparation. Il semblerait que nos amis US ne soient pas tellement empresses a nous encourager dans ce projet, surtout avec Joe Biden qui semble plutot vouloir temporiser! “Wait and see” semble etre son maitre-mot…Mais l’Iran pendant ce temps se renforce et “roule dans la farine” les inspecteurs censes controler son programme nucleaire…!Bref, un choix “Cornelien” pour les decideurs sur la bonne strategie a adopter…